Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

LORRAINE

Histoire

Romains et Barbares

C'est à l'âge de la pierre polie que des établissements humains durables apparaissent en Lorraine. Une longue période de paix favorisa la mise en culture des plaines et les débuts de l'économie pastorale. Le sel, richesse essentielle du sous-sol, attira le long de la Seille les hommes du Néolithique, qui mirent au point la technique d'évaporation des eaux salées recueillies dans de grands bassins plats. Un peu plus tard, ces Celtes, tirant parti des vastes forêts des plateaux et du minerai des côtes de Moselle, esquisseront les premiers fondements de l'industrie métallurgique : le camp d'Affrique, installé au sud de Nancy, sur un éperon, à proximité de la minette, demeure le témoignage le plus remarquable de ces créations celtiques. De ce temps date la division en deux peuples, les Médiomatriques et les Leuques, qui ont pour capitales respectives Metz et Toul.

Rome s'imposa sans difficulté : elle apporta au pays une paix de trois siècles et une économie plus rationnellement conçue. Grâce à ses bois et à ses minerais, la région devint pour l'Empire la principale pourvoyeuse d'armes et d'outils. La campagne, d'abord divisée en exploitations moyennes, puis en vastes latifundia, fait l'objet d'une mise en valeur systématique. Des routes importantes (celle de Lyon à Trèves, coupée à Metz par celle de Reims à Strasbourg) règlent la circulation des hommes et l'écoulement des produits. Camille Jullian a naguère mis en lumière cette fonction essentielle : « Un élément, écrit-il, fut capital dans la vie de la Lorraine et surtout dans ses réactions sur le dehors : c'est la route [...]. La Lorraine est attirée vers le dehors et le dehors est attiré vers elle par deux grandes routes, l'une de rivière, l'autre de terre. » De remarquables vestiges monumentaux (aqueduc de Jouy-aux-Arches, sanctuaires du Donon et du mont Héraple) témoignent de la présence et de la grandeur romaines. C'est par les voies impériales que pénètrent les religions nouvelles : soldats et marchands apportent les cultes à mystères, ceux d'Isis et de Mithra ; les premières églises chrétiennes apparaissent après 300, à Trèves et Metz d'abord, puis à Verdun et à Toul.

Mais, bien avant la constitution des diocèses, la Romania était minée par la poussée des Barbares : Alamans, Francs Saliens, Ripuaires s'infiltrèrent d'abord dans les pays de la Moselle et de la Meuse moyennes, puis y déferlèrent après le retrait des légions en 406 ; aujourd'hui encore, la limite des langues marque la frange méridionale du peuplement massif des Francs : partie du Donon en direction de Dieuze, elle contourne Metz à l'est, sépare Audun-le-Tiche d'Audun-le-Roman avant de se diriger vers Arlon.

Parmi les divisions politiques créées par les Barbares, le royaume d'Austrasie, qui s'étend de la rive gauche du Rhin au littoral de la mer du Nord, occupe une place éminente : le roi Sigebert Ier (561-575) et la reine Brunehaut firent de Metz, devenue leur capitale, un foyer de civilisation brillante et surent y maintenir la permanence des lettres latines. Dans une Europe repliée sur elle-même, se défiant de toute aventure maritime, les pays de la Moselle et de la Meuse continuaient à exercer dans l'économie continentale du temps leur traditionnelle fonction de relation.

Naissance de la Lotharingie

La médiocrité des derniers Mérovingiens engendra un état d'anarchie favorisant l'ambition des grandes familles : en 751, elle permit à Pépin le Bref, chef des Arnulfiens, de ceindre la couronne royale. La nouvelle dynastie s'attacha à la Mosellane où se trouvaient la plupart de ses domaines patrimoniaux ; Charlemagne et ses successeurs se plurent à y résider et en firent le centre de leur empire. La région tout entière put ainsi[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : docteur ès lettres, professeur de géographie à l'université de Nancy-II
  • : Professeur à l'université de Nancy

Classification

Médias

Lorraine : carte administrative avant réforme - crédits : Encyclopædia Universalis France

Lorraine : carte administrative avant réforme

Lorraine : espaces lorrains - crédits : Encyclopædia Universalis France

Lorraine : espaces lorrains

Lorraine : la vallée sidérurgique de l'Orne - crédits : Collection A. Humbert-C. Renard-Grandmontagne

Lorraine : la vallée sidérurgique de l'Orne

Autres références

  • GRAND EST, région administrative

    • Écrit par
    • 182 mots
    • 1 média

    La région Grand Est, qui s’est appelée à titre provisoire Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, a été créée par la loi du 16 janvier 2015 – relative à la délimitation des régions, aux élections régionales et départementales et modifiant le calendrier électoral.  Elle est formée des trois anciennes régions...

  • ALLEMAGNE (Histoire) - Allemagne médiévale

    • Écrit par
    • 14 136 mots
    • 7 médias
    ...Main supérieur (Bamberg) et les Conradin du Rhin moyen, qui devaient l'emporter avec Conrad, élu roi en 911. Un cinquième duché, celui de Lotharingie, ou Lorraine, ne correspondait pas à un groupe ethnique mais à une région longtemps contestée entre la Francia occidentalis et la Francia orientalis.
  • ALSACE-LORRAINE QUESTION D'

    • Écrit par et
    • 2 685 mots
    • 1 média

    La question d'Alsace-Lorraine a hypothéqué les rapports entre la France et l' Allemagne de 1879 à 1918. Elle a pesé également sur la vie politique intérieure des deux pays, exaltant chez l'un le nationalisme, chez l'autre le pangermanisme.

    En 1914, deux cent cinquante mille...

  • BAR-LE-DUC

    • Écrit par et
    • 413 mots
    • 1 média

    Modeste chef-lieu de la Meuse, Bar-le-Duc, seconde ville de ce département après Verdun, ne compte guère plus de 16 638 habitants (2012). Elle souffre sans aucun doute de sa situation sur la « diagonale du vide » qui prend la France en écharpe de la frontière belge aux Corbières en passant par les...

  • CHARLES IV (1604-1675) duc de Lorraine (1625-1675)

    • Écrit par
    • 343 mots

    Fils de François, comte de Vaudémont, frère du duc Henri II, Charles IV devint duc lorsque son père abdiqua en 1625. Chevaleresque mais inconsistant, il fut mêlé à toutes les querelles européennes et crut habile, pour protéger son duché en pleine guerre de Trente Ans, de combattre la...

  • Afficher les 27 références