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ALLEMAGNE (Histoire) Allemagne médiévale

Plus de six siècles séparent la Germanie héritée des Carolingiens de cette « fédération de princes » qu'est l'Allemagne de la Réforme. L'histoire de cette longue période offre le contraste entre une politique vainement hantée par l'idée d'empire et la lente formation de la société allemande.

Le Saint Empire romain germanique a Rome pour centre, et la mainmise sur la papauté passe avant toutes les autres affaires allemandes. De cette politique et de son échec résulte une double conséquence : l'Empire va se réduire à la seule Allemagne, tandis que les principautés territoriales s'y développent, donnant à la féodalité allemande son visage particulier.

Le Drang nach Osten (« marche vers l'Est ») aurait pu être la grande idée allemande, qui offrait à l'assimilation germanique de vastes territoires évangélisés, colonisés ou conquis. En fait, si l'Allemagne y trouve quelque extension, les traditions nationales ont supplanté, en Pologne, en Hongrie, dans la Bohême tchèque, le lien à l'Empire. Quant à l'Italie, elle échappe définitivement à la souveraineté allemande, témoignant d'ailleurs de l'échec de la papauté à assurer un rôle fédérateur.

Le poids des principautés territoriales transforme l'imperium en une royauté élective. La réforme grégorienne s'est introduite très tôt dans un empire encore carolingien, établissant la distinction du spirituel et du temporel, privant par là l'État de ces administrateurs précieux qu'avaient été les évêques. Pour freiner les forces centrifuges et faire accepter sa politique italienne, l'empereur, de plus en plus, doit accorder à ses vassaux la domination de la terre. Ainsi, les quatre duchés ethniques se transforment en duchés territoriaux ; ainsi se développe une aristocratie soucieuse d'asseoir sa puissance sur une base territoriale. Hostile à l'hérédité du titre impérial, elle met à profit le conflit avec la papauté pour lutter contre tout pouvoir centralisé ; elle confirme et prolonge une structure politique faite de particularismes, à un moment où les pays d'Occident organisent un pouvoir central et dynastique.

La société allemande se forme cependant, et souvent en marge de l'histoire politique.

Du xe au xiie siècle, la Germanie carolingienne participe au lent essor démographique que connaît l'Europe. Cette  population  clairsemée,  qui n'excède sans doute pas trois millions d'habitants, est essentiellement rurale. L'extension de l'assolement triennal, les progrès des techniques agricoles et de la production céréalière, les nouveaux défrichements (Bavière et Autriche) semblent indiquer une relative amélioration des conditions d'existence. Les paysans vivent souvent sous le régime de la seigneurie qui va progressivement s'affirmer. Tandis que se fonde une série de villes-marchés, la « renaissance ottonienne » fait entrer l'Allemagne dans le circuit des relations commerciales avec l'Europe.

Les progrès économiques et sociaux sont importants à partir du xiie siècle. La colonisation de l'Est, facilitée par la montée de la population à douze millions d'habitants, suscite une immigration importante et des mouvements de population vers les terres nouvellement conquises. L'exploitation des gisements miniers (Silésie, Thuringe), le développement de la métallurgie, la conquête du commerce baltique, tout concourt à un essor urbain dont témoignent les villes nouvelles comme Fribourg, Munich, Leipzig. Face à une seigneurie rurale qui se ferme en une caste et travaille à rendre ses droits héréditaires, se développe la bourgeoisie urbaine : la ville des marchands et des artisans obtient son autonomie ; elle a déjà son droit particulier et commence à se créer des institutions.

Les xive et xve siècles s'inscrivent[...]

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Écrit par

  • : maître de conférences à la faculté des lettres et sciences humaines de Lyon, directeur du Collège littéraire universitaire de Saint-Étienne

Classification

Pour citer cet article

Pierre-Roger GAUSSIN. ALLEMAGNE (Histoire) - Allemagne médiévale [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Allemagne : dynasties saxonne et franconienne - crédits : Encyclopædia Universalis France

Allemagne : dynasties saxonne et franconienne

Allemagne, X<sup>e</sup> siècle - crédits : Encyclopædia Universalis France

Allemagne, Xe siècle

Allemagne : dynastie des Welfs et des Hohenstaufen - crédits : Encyclopædia Universalis France

Allemagne : dynastie des Welfs et des Hohenstaufen

Autres références

  • ALLEMAGNE - Les institutions

    • Écrit par Stéphane SCHOTT
    • 4 249 mots

    Les institutions de la république fédérale d’Allemagne sont définies par la Loi fondamentale (L.F.), ou Grundgesetz, du 23 mai 1949. Pensé à l’origine comme une Constitution provisoire pour l’Allemagne de l’Ouest, le Grundgesetz s’applique à toute l’Allemagne depuis le 3 octobre 1990....

Voir aussi