Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

JUDAÏSME L'art juif

Le Moyen Âge : les manuscrits à peinture

Le livre manuscrit avait un rôle fondamental dans la survie et l'épanouissement de la tradition juive. Assurant la sauvegarde de la langue sacrée, véhicule unique de tout l'héritage religieux, scientifique et littéraire, le livre fabriqué à la main, libre des contraintes sociales qui souvent entravèrent le développement des arts majeurs, devint aussi le support privilégié des aspirations esthétiques.

<it>Le Maître et son disciple</it> - crédits :  Bridgeman Images

Le Maître et son disciple

<it>Moïse propose la loi aux Israélites</it> - crédits :  Bridgeman Images

Moïse propose la loi aux Israélites

La décoration des manuscrits commença encore en Orient. Les rares exemplaires conservés de bibles décorées se signalent par la forte influence de l'art arabe sur les motifs ornementaux et leur style. Toutefois, les symboles spécifiques de l'art juif sont toujours présents. Dans un Pentateuque fait en Égypte ou en Palestine en 929 (ms. II, 17, Bibl. nationale, Saint-Pétersbourg), le texte est précédé par deux plans du Tabernacle du désert. Ces deux peintures attestent la survie d'une tradition iconographique juive séculaire, connue par diverses réalisations – peinture murale, mosaïque, fonds de verre dorés – et qui apparaît ici transposée dans le langage pictural sobre et dépouillé de l'Orient.

Menora, enluminure - crédits : AKG-images

Menora, enluminure

À partir du xiie siècle, la vie intellectuelle des communautés juives prit un nouvel essor en Occident. Des communautés vivant en Castille, en Catalogne, en France, dans les villes germaniques et italiennes produisirent des manuscrits en tout genre, en particulier des manuscrits enluminés. La diversification régionale fut importante, et ne concernait pas seulement le style, mais aussi le genre des manuscrits et les thèmes iconographiques. Les premiers manuscrits à peintures proviennent de Castille. À Tolède – où les Juifs prirent une part active dans les grandes entreprises de traduction encouragées par le roi Alphonse le Sage (1252-1285) –, parmi les modèles importés se trouvaient aussi des codex hébreux d'Orient. Les peintures des bibles copiées à Tolède se signalent par leur style oriental, et par la reprise de la tradition consistant à faire précéder le texte biblique de deux peintures représentant le mobilier du Temple. La composition subit de profondes modifications ; aux indications spatiales se substitua une mise en page abstraite, mais la signification symbolique demeura identique : évoquer le centre spirituel du judaïsme en exergue à l'Écriture. Cette tradition fut poursuivie en Catalogne jusqu'au xve siècle, avec des modifications stylistiques pour en adapter le langage à l'art local. En Catalogne également, le rituel de la Pâque ( Haggada), objet d'un livre autonome, fut volontiers décoré de peintures. Le texte du rituel était souvent précédé d'une série d'illustrations bibliques, comme dans les psautiers latins. Mais l'influence des psautiers ne concernait que l'organisation du livre, l'iconographie des scènes provenait d'une autre source. De nombreuses affinités avec les peintures de Doura-Europos et les illustrations de l'Antiquité tardive suggèrent qu'il s'agissait d'une résurgence de traditions anciennes. On décorait aussi des livres scientifiques, et la collaboration des artistes chrétiens peut plus d'une fois être attestée, notamment dans une copie du Mishneh Tora de Maïmonide (Bibl. royale, cod. hebr., XXXVII, Copenhague) dont les peintures s'apparentent aux œuvres de l'atelier dit du Maître de Saint-Marc. Au début du xve siècle, l'hostilité croissante du contexte politique influença aussi l'iconographie : un olivier, se référant à la prophétie messianique de Zacharie (iv, 1-14), fut ajouté à la composition du mobilier du Temple pour entretenir l'espoir en la délivrance. L'atelier de manuscrits de Lisbonne fut le dernier à fonctionner sur la péninsule Ibérique. La trentaine de manuscrits produits à Lisbonne entre 1470-1496 témoignent[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Gabrielle SED-RAJNA. JUDAÏSME - L'art juif [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Stèle de Mésha,&nbsp;<b>IX<sup>e</sup></b>&nbsp;s. av. J.-C. - crédits : Z. Radovan/ www.BibleLandPictures/ AKG images

Stèle de Mésha, IXe s. av. J.-C.

La prétendue pyramide de Zacharie, Jérusalem - crédits : mikhail/ Shutterstock

La prétendue pyramide de Zacharie, Jérusalem

<it>Le Maître et son disciple</it> - crédits :  Bridgeman Images

Le Maître et son disciple

Autres références

  • ADAM

    • Écrit par André-Marie DUBARLE
    • 1 758 mots

    En hébreu, le nom commun adam, toujours employé au singulier, signifie « homme » en tant qu'espèce et non en tant qu'individu de sexe masculin. L'étymologie en est discutée. Le récit de la Genèse(ii, 7) l'a rapproché du mot adamah, « terre », mais c'est peut-être là...

  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Géographie générale

    • Écrit par Roland POURTIER
    • 21 496 mots
    • 29 médias
    ...influences moyen-orientales et méditerranéennes, l'Afrique du Nord et du Nord-Est a précocement adhéré à l'un ou l'autre des monothéismes nés au Moyen-Orient. Le judaïsme a longtemps été présent dans les villes du Maghreb, notamment au Maroc avec ses quartiers juifs, les mellâh. La plupart des juifs d'Afrique...
  • ALEXANDRIE ÉCOLE PHILOSOPHIQUE D'

    • Écrit par Jean PÉPIN
    • 2 186 mots
    Ces diverses tendances philosophiques, dont la cohérence originelle était, on le voit, passablement ébranlée, se trouvaient d'autant plus aptes à intéresser une partie importante de la population d'Alexandrie : la communauté juive. L'implantation juive en Égypte est attestée dès le ...
  • ALLIANCE, histoire biblique

    • Écrit par Jacques PONS
    • 950 mots

    Nom donné, dans la Bible, à des contrats, à des promesses ou accords passés en forme rituelle et solennelle entre Dieu et des individus, entre Dieu et Israël, entre plusieurs individus ; ces alliances sont sanctionnées par un serment. Elles étaient, à l'origine, des instruments politiques...

  • Afficher les 100 références

Voir aussi