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ITALIE Histoire

L'âge des communes

Les origines des communes

Aux xie et xiie siècles, le mouvement communal transforme la carte politique de l'Italie en faisant des villes des organismes politiques autonomes. Il est lié à un phénomène économique et à l'évolution du monde féodal. D'une part, le renouveau du grand commerce qui met l'Italie dès avant l'an mille en relation avec les mondes musulman et byzantin favorise la croissance rapide des villes, suscite l'esprit d'initiative, le désir d'autonomie des populations urbaines voulant allier richesse et participation au pouvoir. D'autre part, l'évêque qui, grâce à des immunités ou à des droits comtaux, est à la tête de chaque cité, voit se dresser contre lui les propriétaires fonciers, devenus ses vassaux, et les officiers qu'il a nommés pour exercer en son nom ses prérogatives. Ces notables prennent prétexte de la réforme grégorienne pour refuser l'obéissance à l'évêque, qui est davantage un agent, parfois simoniaque, des souverains germaniques qu'un pasteur soucieux du bien de son troupeau. Ainsi la renaissance économique du xie siècle et l'évolution de la société ecclésiastique dans le monde féodal sont à l'origine de la commune, association jurée de citoyens unis pour défendre les libertés de leur ville. La création d'un corps permanent – les consuls –, chargé du pouvoir exécutif, est le signe de la naissance d'une commune.

L'évolution ne fut pas uniforme dans toute la péninsule. Dans le Sud, l'implantation de la monarchie normande mit fin aux velléités d'indépendance des villes ; celles-ci ne purent se donner des chefs, et furent administrées par des bailes ou gastalds nommés par le roi. Au contraire, dans le Nord, où Venise a acquis dès le ixe siècle une autonomie de fait, l'absence prolongée des souverains germaniques favorisa le mouvement communal. Dès 1085 – c'est le premier exemple connu –, Pise a ses propres consuls et, dans les années suivantes, les autres villes importantes du royaume d'Italie l'imitent. Vers 1150, le consulat est la forme normale de gouvernement des villes dans l'Italie du Nord et du Centre.

Communes, empereurs et Église

L'essor des communes inquiète rapidement les empereurs, provoque des difficultés avec l'Église, des conflits entre villes voisines. Désireux d'abaisser la puissance de la grande féodalité, les souverains germaniques accordent des privilèges aux notables de quelques communautés urbaines dès le début du xie siècle. Henri V élargit les concessions de ses prédécesseurs en reconnaissant l'existence de magistratures citadines. Au contraire, avec le règne de Frédéric Ier (1152-1190), les rapports entre l'empereur et les communes se tendent. Pour obtenir des rentrées fiscales et faire respecter par les villes ses droits régaliens, le souverain réunit une diète à Roncaglia (1158), et y expose son programme. Peu de villes prennent son parti. Les autres se révoltent et s'unissent en une Ligue lombarde (1167) soutenue par le pape Alexandre III, alors que Frédéric Ier favorise un antipape. Battu à Legnano par les troupes communales (1176), l'empereur doit, au traité de Constance (1183), reconnaître l'autonomie des villes, tout en gardant sur elles une souveraineté théorique. Mais, à partir de 1220, Frédéric II prétend restaurer l'autorité impériale au détriment des communes qui, menacées, trouvent l'appui de la papauté.

Les relations des communes avec les clercs sont parfois difficiles. En effet, des mouvements populaires hostiles à l'Église établie, et renforcés par la prédication de mystiques et d'hérétiques, ajoutent leurs effets au mouvement communal. C'est le cas à Rome où Arnaud de Brescia soulève le peuple contre le pape et la noblesse et veut[...]

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Écrit par

  • : maître assistant à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris
  • : professeur honoraire à l'université de Genève
  • : maître assistant à l'université de Paris-I
  • : professeur émérite d'histoire à l'université de Provence
  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Grenoble

Classification

Pour citer cet article

Michel BALARD, Paul GUICHONNET, Jean-Marie MARTIN, Jean-Louis MIÈGE et Paul PETIT. ITALIE - Histoire [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Le patriote italien Giuseppe Mazzini, vers 1870 - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Le patriote italien Giuseppe Mazzini, vers 1870

-600 à -200. Philosophes et conquérants - crédits : Encyclopædia Universalis France

-600 à -200. Philosophes et conquérants

500 à 600. Reconquêtes - crédits : Encyclopædia Universalis France

500 à 600. Reconquêtes

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