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ENLUMINURE

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L'enluminure en Orient

Inde et Pakistan

Mahabharata, enluminure moghole - crédits : P. Chandra

Mahabharata, enluminure moghole

L'enluminure naît au Bengale, au xie siècle. Dans les œuvres de l'école de Goudjerāt, les styles et la technique sont encore proches de ceux d'Ellorā (personnages de profil, fonds rouges). Au xvie siècle, sous les empereurs mogols, fut créée une école indo-persane dont les élèves, sous l'influence de la peinture occidentale, apprirent l'art du paysage et des fonds d'architectures, tout en restant fidèles aux traditions locales (personnages de profil, représentations de scènes de Cour et de harem). À côté de cette école, dont l'apogée se situe aux xvie et xviie siècles, se développèrent les centres de Radjpoutana, de Kangra et de Basholi, qui se distinguent par l'audace de leurs coloris.

Enluminures arabes et persanes

Les prescriptions de la religion arabe contre les représentations figurées n'entravèrent pas l'essor de l'enluminure. Du ixe au xive siècle, la décoration des corans reste abstraite et s'inspire de la calligraphie ; les ornements furent d'abord limités aux cartouches séparant les versets, puis constituèrent des compositions entre les divers chapitres ; les frontispices sont ornés d'entrelacs et de lignes géométriques groupés dans un cadre rectangulaire auquel s'ajoute, en marge, un motif végétal. Les représentations figurées datent de l'époque abbaside.

C'est au xiiie siècle que l'art du livre s'épanouit à Bagdad : après la simplicité des premières œuvres (Fables de Bipdai, Bibl. nat., arab. 3465) se manifestent des influences byzantines, surtout dans les arrière-plans architecturaux (De materia medica de Dioscoride, Istanbul, Ahmet III, 2127 ; les Séances, Bibl. nat., arab. 6094) ; mais les traditions arabo-musulmanes restent vivaces (Séances de Saint-Pétersbourg ; Séances d'Al Wasītī, Bibl. nat., arab. 5847). Lors de l'écroulement des Abbāsides, au milieu du xiiie siècle, l'influence chinoise devint prédominante (Les Merveilles de la création, Munich, Staatsbibl. C. arab. 464) et l'école de Bagdad finit par sombrer dans le conformisme. C'est en Perse, où avaient fui des enlumineurs de Bagdad, que le décor des livres va retrouver son éclat. À Tabriz, sous les Il-Khans, triomphe le style mogol (Chāh-Nāmeh de Cambridge ; Kalila Wa Dimna, Istanbul, Bibl. univ.). Mais, à la même époque, le centre de Chiraz, beaucoup moins marqué par la peinture chinoise, produit des œuvres au dessin rapide et vif sur fond rouge (Mou'nis Al-Ahrar partagé entre New York, Cleveland, Princeton). Après la seconde invasion mogole, la dynastie des Timourides favorise un art tourné vers les recherches picturales, où le paysage tient une grande place (Épopée de Timour, British Mus., Or. 2780). Dans la seconde moitié du xve siècle, le centre de l'enluminure passe de Chiraz à Hérat où un enlumineur de talent, Behzad, forma de nombreux élèves (Khamseh de Nizamī, British Mus., Or. 6810). D'autres écoles furent fondées au xvie siècle à Boukhara ainsi que dans plusieurs centres provinciaux.

Enluminure turque

Enluminure turque - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Enluminure turque

L'enluminure turque est née sous les influences persane, hindoue et mogole, mais son attachement au réalisme et à l'expression lui a gardé toute son originalité. Au xie siècle, le centre de décoration des manuscrits est à Konya, où l'école des derviches forme des peintres pour les ateliers royaux. Les Seldjoukides résistèrent au choc mogol du xiiie siècle, mais ne purent empêcher l'influence mogole sur l'enluminure. La calligraphie naît au xive siècle, sous la dynastie ottomane, mais, en entrant à Constantinople en 1453, les Turcs découvrirent la peinture occidentale et surtout la peinture italienne. L'art du portrait se développa aux xve et xvie siècles avec les peintres Makkache Osman et Nigarī (Fatih Mehmed tenant[...]

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Écrit par

  • : conservateur au département des Objets d'art du musée du Louvre
  • : directeur du Centre d'études supérieures de civilisation médiévale à l'université de Poitiers

Classification

Pour citer cet article

Danielle GABORIT-CHOPIN et Eric PALAZZO. ENLUMINURE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Médias

Enluminure byzantine - crédits :  Bridgeman Images

Enluminure byzantine

<em>Évangiles d’Echternach</em>, v. 700 - crédits : BnF, cote cliché RC-B-12227

Évangiles d’Echternach, v. 700

<it>Codex Amiatinus</it> - crédits :  Bridgeman Images

Codex Amiatinus

Autres références

  • ‘ABD-ŪS-SAMAD (XIVe s.)

    • Écrit par
    • 313 mots

    Peintre persan du xive siècle, fondateur avec Mīr Sayyid ‘Alī de l'école de peinture moghole en Inde.

    Né en Perse au sein d'une famille aisée, ‘Abd-ūs-Samad est déjà un calligraphe et peintre de renom lorsqu'il rencontre l'empereur moghol Humāyūn, en exil en Perse. Ce dernier l'invite...

  • AIX-LA-CHAPELLE, histoire de l'art et archéologie

    • Écrit par
    • 1 001 mots
    • 2 médias

    Aix connut son apogée quand Charlemagne s'y installa définitivement, en 794. Il entreprit alors la construction d'un vaste palais sur un plan régulier imité de l'Antiquité romaine. L'ensemble a malheureusement disparu, à l'exception de la célèbre chapelle...

  • ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Peinture

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    • 8 176 mots
    • 12 médias
    ... siècle a complété cette œuvre destructrice. Pour avoir une idée de l'art pictural britannique à cette époque, on doit donc se reporter à l'enluminure de manuscrits, dont on sait qu'elle était souvent très proche par le style de la peinture religieuse. Ce travail de décoration...
  • ANGLO-SAXON ART

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    L'enluminure des livres religieux est sans doute l'expression la plus spectaculaire et la plus connue de l'art anglo-saxon, son remarquable essor ayant été suscité par le dynamisme de la jeune Église insulaire. Comme sir David Wilson, l'un des meilleurs spécialistes de la question, l'a proposé,...
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