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ENLUMINURE

Le nom d'enluminure est aujourd'hui donné au décor des manuscrits de préférence à celui de miniature, utilisé au xixe siècle. Ce second terme fut d'abord réservé aux lettrines peintes en rouge (minium) puis, par extension, à toute l'ornementation des manuscrits ; mais il prit rapidement d'autres sens et désigne surtout les scènes et portraits peints sur les couvercles des boîtes et tabatières à partir du xviiie siècle. Il vaut mieux, par conséquent, réserver le nom d'enluminure à la seule peinture des manuscrits. On considère généralement que ce décor est peint, mais de nombreux ouvrages, et non des moindres, comme le Psautier d'Utrecht, chef-d'œuvre de l'art carolingien, ne comportent que des dessins à l'encre brune ou de couleur. L'enluminure est donc le décor exécuté à la main, peint ou dessiné, ornant ou illustrant un texte presque toujours manuscrit ; il existe, en effet, quelques livres imprimés décorés à la main. La peinture des manuscrits est, par définition, dépendante de l'art du livre et de son développement, puisque celui-ci lui fournit son support et qu'elle s'ordonne en fonction du texte. Bien que l'évolution de l'enluminure soit étroitement liée à celle de la « grande peinture », elle ne saurait être réduite à une branche de cet art : ce serait négliger une importante catégorie d'enluminures (compositions calligraphiques, lettres ornées...). Et, s'il est vrai que l'ornementation des manuscrits a toujours tenté de rivaliser avec la peinture autonome, l'aboutissement de cette tendance équivaut à la négation du rôle spécifique de cet art, puisque l'équilibre entre le décor et le texte, l'un étant très soigné et l'autre d'un intérêt négligeable, est alors rompu. Enfin, il faut souligner que, davantage que le tableau peint, l'enluminure des textes codifiés a joué un rôle essentiel dans la pratique liturgique chrétienne en Occident.

Types d'enluminures

Il n'est pas rare de trouver dans un même manuscrit plusieurs types de décor. On distingue principalement les scènes figurées, les compositions purement décoratives et les initiales. Les scènes figurées, illustrant un texte, ne sont pas toujours encadrées. Leur place par rapport au texte est variable, qu'elles soient insérées entre deux paragraphes, rejetées en marge, ou qu'elles occupent une pleine page. Les bordures, bandeaux marginaux, cartouches, frontispices, ont un rôle ornemental ; entrent aussi dans cette catégorie les « pages tapis », pleines pages couvertes d'un jeu abstrait d'entrelacs et de rinceaux, que l'on trouve dans les corans comme dans les codices insulaires, ou les antennes et bordures gothiques chargées de plantes et d'animaux, parmi lesquels se cachent les « drôleries ». Les initiales, enfin, constituent la partie la plus originale de l'enluminure : les lettrines, majuscules peintes ou rubriquées, parfois rehaussées d'un motif très simple, relèvent autant de la paléographie que de l'histoire de l'art. Les lettres ornées sont plus complexes : les lignes générales de la majuscule subsistent et servent de cadre ou de support à un décor d'entrelacs, de plantes, d'animaux ou de personnages. On leur oppose les lettrines dites synthétiques où le décor seul dessine la silhouette de la lettre ; l'art mérovingien en a donné les plus parfaits exemples. Les lettres historiées sont des initiales qui servent de cadre à une scène narrative ; celle-ci peut aussi bien se loger dans les jambages et les hastes d'une grande majuscule, rappelant ainsi la composition des lettres ornées, que dans les espaces laissés libres au centre de l'initiale. Ces distinctions sont, en fait, assez arbitraires, et les enlumineurs mélangèrent sans scrupule les genres et les catégories.[...]

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Écrit par

  • : conservateur au département des Objets d'art du musée du Louvre
  • : directeur du Centre d'études supérieures de civilisation médiévale à l'université de Poitiers

Classification

Pour citer cet article

Danielle GABORIT-CHOPIN et Eric PALAZZO. ENLUMINURE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<em>Évangiles d’Echternach</em>, v. 700 - crédits : BnF, cote cliché RC-B-12227

Évangiles d’Echternach, v. 700

Enluminure byzantine - crédits :  Bridgeman Images

Enluminure byzantine

<it>Codex Amiatinus</it> - crédits :  Bridgeman Images

Codex Amiatinus

Autres références

  • ‘ABD-ŪS-SAMAD (XIVe s.)

    • Écrit par Universalis
    • 313 mots

    Peintre persan du xive siècle, fondateur avec Mīr Sayyid ‘Alī de l'école de peinture moghole en Inde.

    Né en Perse au sein d'une famille aisée, ‘Abd-ūs-Samad est déjà un calligraphe et peintre de renom lorsqu'il rencontre l'empereur moghol Humāyūn, en exil en Perse. Ce dernier l'invite...

  • AIX-LA-CHAPELLE, histoire de l'art et archéologie

    • Écrit par Noureddine MEZOUGHI
    • 1 001 mots
    • 2 médias

    Aix connut son apogée quand Charlemagne s'y installa définitivement, en 794. Il entreprit alors la construction d'un vaste palais sur un plan régulier imité de l'Antiquité romaine. L'ensemble a malheureusement disparu, à l'exception de la célèbre chapelle...

  • ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Peinture

    • Écrit par Jacques CARRÉ, Barthélémy JOBERT
    • 8 176 mots
    • 12 médias
    ... siècle a complété cette œuvre destructrice. Pour avoir une idée de l'art pictural britannique à cette époque, on doit donc se reporter à l'enluminure de manuscrits, dont on sait qu'elle était souvent très proche par le style de la peinture religieuse. Ce travail de décoration...
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    L'enluminure des livres religieux est sans doute l'expression la plus spectaculaire et la plus connue de l'art anglo-saxon, son remarquable essor ayant été suscité par le dynamisme de la jeune Église insulaire. Comme sir David Wilson, l'un des meilleurs spécialistes de la question, l'a proposé,...
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Voir aussi