ENLUMINURE
Carte mentale
Élargissez votre recherche dans Universalis
Les techniques
Le support de l'enluminure est le même que celui du texte : parchemin, papyrus ou papier. Au xie siècle, au Bengale, les enluminures sont peintes sur des rouleaux de palme puis sur papier de riz. En Occident, à la fin de l'Antiquité, les volumina sont abandonnés pour les codices, et le parchemin devient le support par excellence des manuscrits ; les enluminures sur papier sont exceptionnelles et n'apparaissent qu'à la fin du Moyen Âge. Les techniques sont semblables pour Byzance et l'Occident. Dans sa Schedula diversarum artium, le moine Théophile envisage les problèmes qui se posent à l'enlumineur : préparation des couleurs, des encres, pose des rehauts d'or et d'argent. Pour cette opération, la plus délicate, le parchemin était d'abord couvert d'un mélange de vermillon, de cinabre et de blanc d'œuf sur lequel était posé l'or en poudre, mêlé à une colle ; il fallait ensuite polir avec une dent ou une pierre. L'emploi des rehauts d'or (ou d'étain coloré au safran) et d'argent, auxquels s'ajoute parfois l'éclat du parchemin teint de pourpre, était réservé aux ouvrages de luxe. Mais dans les scriptoria romans, trop pauvres ou ruinés par les invasions, ces rehauts ne firent pas leur apparition avant la fin du xie siècle. Les fonds d'or, unis ou retravaillés à la plume, se généralisèrent au début de l'époque gothique. Dans certains ateliers, monastiques ou laïques, l'or était posé par des doreurs distincts des peintres et des scribes. Les couleurs pouvaient aussi être appliquées sur une « assiette » composée d'eau et de gomme, de blanc d'œuf ou de vermillon et de céruse. Cette technique, que pratiquèrent les Byzantins, gagna l'Occident et fut employée à Cluny avant 1100 ; mais cette préparation a presque toujours mal vieilli. Cependant, la plupart des enluminures étaient peintes directement sur le parchemin, soit avec une gouache épaisse, soit avec des couleurs très légères, proches du lavis ou de l'aquarelle. Auparavant, le peintre mettait en place son enluminure dans l'espace qui lui était réservé, à l'aide de fig [...]
1
2
3
4
5
…
pour nos abonnés,
l’article se compose de 18 pages
Écrit par :
- Danielle GABORIT-CHOPIN : conservateur au département des Objets d'art du musée du Louvre
- Eric PALAZZO : directeur du Centre d'études supérieures de civilisation médiévale à l'université de Poitiers
Classification
Autres références
« ENLUMINURE » est également traité dans :
‘ABD-ŪS-SAMAD (XIVe s.)
Peintre persan du xiv e siècle, fondateur avec Mīr Sayyid ‘Alī de l'école de peinture moghole en Inde. Né en Perse au sein d'une famille aisée, ‘Abd-ūs-Samad est déjà un calligraphe et peintre de renom lorsqu'il rencontre l'empereur moghol Humāyūn, en exil en Perse. Ce dernier l'invite en 1548 à l'accompagner en Inde, d'abord à Kaboul puis à Delhi. ‘Abd-ūs-Samad enseigne le dessin à Humāyūn et […] Lire la suite
AIX-LA-CHAPELLE, histoire de l'art et archéologie
Aix connut son apogée quand Charlemagne s'y installa définitivement, en 794. Il entreprit alors la construction d'un vaste palais sur un plan régulier imité de l'Antiquité romaine. L'ensemble a malheureusement disparu, à l'exception de la célèbre chapelle. Les fouilles archéologiques sont impuissantes à en restituer le luxe, conçu à l'image de la cour byzantine, que Charlemagne voulait égaler. Il […] Lire la suite
ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Peinture
Dans le chapitre « La floraison de l'enluminure médiévale » : […] La connaissance de la peinture médiévale anglaise reste très fragmentaire parce que la plupart des témoignages peints de l'art religieux ont été détruits par les ravages de l'humidité d'une part et par le vandalisme protestant d'autre part. La confiscation des biens de l'Église à la Réforme a entraîné la disparition de nombreux retables, panneaux et fresques. La frénésie iconoclaste des puritains […] Lire la suite
ANGLO-SAXON ART
Dans le chapitre « L'enluminure » : […] L'enluminure des livres religieux est sans doute l'expression la plus spectaculaire et la plus connue de l'art anglo-saxon, son remarquable essor ayant été suscité par le dynamisme de la jeune Église insulaire. Comme sir David Wilson, l'un des meilleurs spécialistes de la question, l'a proposé, les enlumineurs anglo-saxons ont puisé à trois sources principales : d'une part le monde méditerranéen, […] Lire la suite
APOCALYPSE DE JEAN
Dans le chapitre « L'enluminure monastique » : […] Pour exécuter ces mosaïques, les artistes n'ont donc retenu que certains thèmes de l'Apocalypse. Avec l'art de l'enluminure, qui va régner durant tout le Moyen Âge, c'est l'ensemble de l'ouvrage qui s'offre à l'inspiration des miniaturistes dans les abbayes d'Occident. Au point de départ, on trouve l'Espagne, qui donne très tôt une place importante à l'Apocalypse. L'ouvrage était utilisé par la l […] Lire la suite
ARMÉNIE
Dans le chapitre « Peinture » : […] Il nous reste peu d'exemples de la peinture monumentale. L'église d'Aght'amar était aussi somptueusement décorée à l'intérieur qu'à l'extérieur ; le cycle christologique et les portraits des saints qui recouvraient les parois sont conservés en majeure partie, malheureusement les couleurs sont délavées et se détériorent de plus en plus. À Tat'ev, les fragments d'une grande composition du Jugement d […] Lire la suite
ART DE COUR
Dans le chapitre « La peinture et l'apparition de l'italianisme dans les enluminures des frères de Limbourg » : […] En 1396, Jean Malouel, originaire de Gueldre, fut nommé peintre en titre de Philippe le Hardi à Paris et à Dijon. Le tondo aux armes de Bourgogne du Louvre, attribué à Malouel, est une pietà trinitaire, reflétant une Trinité disparue, sculptée par Jean de Marville pour la chartreuse de Champmol, avec Dieu le Père tenant debout le Christ en croix. Deux des frères de Limbourg, ses neveux, Herman et […] Lire la suite
BARTHÉLEMY D'EYCK Maître du roi René (vers 1415/1419-apr. 1472)
Dans le chapitre « Barthélemy et le roi René d'Anjou » : […] On a longtemps cru que quelques enluminures ajoutées à un livre d'heures de René d'Anjou (British Library, Londres, ms. Egerton, 1070 ) ont été peintes par Barthélemy lors de la captivité du roi à Dijon en 1435-1436, mais les armoiries ornant ce livre font penser, si l'on suit les conclusions de M. de Mérindol, à une date plus tardive vers l'année 1445 au plus tôt. L'enluminure macabre représentan […] Lire la suite
BEATUS DE SAN MILLÁN DE LA COGOLLA, province de la Rioja (Espagne)
Le Beatus de San Millán de la Cogolla est le plus complet des trois copies réalisées dans ce monastère de la Rioja. L'ouvrage, conservé à la Real Academia de la Historia de Madrid, est composé de 282 feuilles de parchemin et mesure 355 × 240 mm. On pense qu'il a été commencé vers 1010, mais l'ouvrage, entrepris à l'époque troublée de la Reconquista ne fut achevé que vers la fin du xi e siècle, […] Lire la suite
BEAUNEVEU ANDRÉ (connu entre 1360 et 1400)
Peintre, enlumineur, sculpteur et architecte, Beauneveu, originaire de Valenciennes, commence sa carrière dans le nord de la France où il retournera à plusieurs reprises. C'est comme sculpteur de renom qu'il est employé en 1364 par Charles V à l'exécution des grandes statues de son tombeau et de ceux de Jean le Bon et de Philippe VI le Hardi (Saint-Denis), et en 1374 par Louis de Male, comte de F […] Lire la suite
Pour citer l’article
Danielle GABORIT-CHOPIN, Eric PALAZZO, « ENLUMINURE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 09 avril 2021. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/enluminure/