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NEW YORK ÉCOLE DE

La Seconde Guerre mondiale qui marque un temps d'arrêt dans la vie artistique européenne voit apparaître aux États-Unis, en particulier à New York, une génération de jeunes artistes qui affirment pour la première fois leur originalité et apportent une contribution importante à l'évolution internationale de l'art moderne. Animé par des personnalités aussi différentes que Jackson Pollock (1912-1956), Arshile Gorky (1904-1948), Willem De Kooning (1904-1997), Franz Kline (1910-1962), Robert Motherwell (1915-1991), Barnett Newman (1905-1970), William Bariotes (1912-1963), Ad Reinhardt (1913-1967), Mark Rothko (1903-1970), Adolph Gottlieb (1903-1974), Clyfford Still (1904-1980) ou Bradley Walker Tomlin (1899-1953), ce groupe d'artistes n'est pas à proprement parler un mouvement constitué. L'appellation The New York School, par opposition à une école de Paris en pleine tourmente, n'est en rien définitive dans la mesure où elle n'est pas forcément utilisée par tous les historiens qui ont analysé la situation artistique américaine de l'époque. Certains auteurs baptisent aussi le mouvement Abstract Expressionnism (expressionnisme abstrait) ou encore Action painting (c'est le cas en particulier d'Harold Rosenberg). Cependant, comme l'écrit Robert Goldwater, « l'existence de l'école de New York est indiscutable, celle-ci ayant vécu une histoire, fait germer une mythologie et suscité une hagiologie. » Et il ajoute : « Il est évident qu'[elle] montrera ces particularités idéologiques et stylistiques parentes qui constituent le sceau d'une école picturale. »

Genèse et sources du mouvement

Prenant conscience de la nécessité absolue de dégager leur art du provincialisme dans lequel ils se trouvaient depuis des siècles, les artistes de l'école de New York tentent de créer, à partir de la réalité et du tempérament propres à leurs pays, une tradition picturale nouvelle, à laquelle va s'ajouter et pour longtemps, « ce sentiment totalement nouveau, écrit Clement Greenberg, d'être au centre de l'art de leur temps ».

Parmi les jalons importants qui ont permis cette évolution, un certain nombre d'événements ont eu une influence considérable sur toute une génération, notamment le scandale de l'Armory Show en l913, l'arrivée de Marcel Duchamp à New York dans les années 1920, l'activité du photographe et galeriste Alfred Stieglitz, la constitution des grandes collections d'art européen et, enfin, l'exposition, organisée par Alfred Barr, Cubism and Abstract Art au Museum of Modern art de New York en 1936. Par ailleurs, le Federal Art Project mis en œuvre à partir de 1935 par la Works Progress Administration sous l'impulsion du New Deal, qui a donné du travail à Gorky, de Kooning ou Pollock, fut une donnée capitale qui favorisa la constitution d'un milieu et d'une dynamique communautaire.

Une autre source importante fut l'enseignement très suivi du peintre allemand Hans Hofmann, qui dégage l'expressionnisme de toute réalité pour le réduire à un ensemble de tensions essentielles immédiates, spontanées et irrationnelles. Enfin, comme l'écrit Harold Rosenberg, « la chute de Paris ferma le laboratoire du xxe siècle. Pour le peintre américain, non seulement le laboratoire dont il avait si avidement étudié les productions était fermé, mais beaucoup de ses principaux éléments débarquaient à New York ». Parmi eux, notamment, certains surréalistes groupés autour d'André Breton. Peggy Guggenheim, lorsqu'elle ouvre en l942 sa galerie Art of This Century, expose côte à côte certains des grands noms de la peinture européenne, en particulier nombre de surréalistes et une jeune génération d'artistes new-yorkais parmi lesquels Pollock, Motherwell, Still ou Rothko. Autre élément décisif, le rôle primordial[...]

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Pour citer cet article

Maïten BOUISSET. NEW YORK ÉCOLE DE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Jasper Johns et Leo Castelli - crédits : Sam Falk/ New York Times Co./ Archive Photos/ Getty Images

Jasper Johns et Leo Castelli

Autres références

  • ART (Aspects culturels) - Le marché de l'art

    • Écrit par Raymonde MOULIN, Alain QUEMIN
    • 6 249 mots
    • 2 médias
    ...l'histoire de l'art s'est écrite, pour l'essentiel, en France et les marchands innovateurs ont travaillé à Paris. Après la Seconde Guerre mondiale, l'école de New York est dominante et Leo Castelli apparaît comme la figure symbolique du marché de l'art international. Ses peintres comptent parmi les chefs de...
  • BAZIOTES WILLIAM (1912-1963)

    • Écrit par Élisabeth LEBOVICI
    • 395 mots

    Né à Pittsburgh, ce peintre américain d'origine grecque est généralement associé à l'action painting — au sens que lui donne le critique Harold Rosenberg : une peinture qui se fait dans l'acte, sans idée préalable de son résultat. Mais à la différence de la gestualité impulsive...

  • DE KOONING WILLEM (1904-1997)

    • Écrit par Éric de CHASSEY, Universalis
    • 1 214 mots
    • 1 média

    Willem De Kooning occupe une place essentielle et contradictoire dans l'histoire de l'art récent. Dans un siècle qui privilégie les positions esthétiques claires, il refuse toujours de choisir entre abstraction et figuration, pratiquant alternativement l'une et l'autre approche, souvent en contradiction...

  • ÉCRITS (B. Newman) - Fiche de lecture

    • Écrit par Maïten BOUISSET
    • 1 094 mots

    Plus de vingt ans après leur parution aux États-Unis en 1990, les Écrits du peintre Barnett Newman sont enfin publiés en France en 2011. Les éditions Macula et son directeur, Jean Clay, ont souhaité, bien au-delà des seuls écrits, rendre un hommage exhaustif à l' une des personnalités les plus fascinantes...

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Voir aussi