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GOTTLIEB ADOLPH (1903-1974)

Le peintre américain Adolph Gottlieb est né à New York en 1903 ; il interrompt très jeune ses études secondaires pour entrer à l'Art Student League, où il a pour professeur John Sloan et Robert Henri. À dix-sept ans, il s'embarque pour l'Europe, séjourne à Paris, où il peint et étudie à l'académie de la Grande Chaumière. Il découvre Paul Cézanne, Fernand Léger et surtout Henri Matisse qui marquera profondément sa technique et son utilisation de la couleur. En 1922, Gottlieb est de retour aux États-Unis où il reprend ses études. Il fréquente alors également la Pearsons School of Design, et rejoint un groupe d'artistes d'avant-garde, qui s'appelleront plus tard The Ten, comprenant notamment Mark Rothko et Ilya Bolotowsky. En 1930, la première exposition personnelle de Gottlieb a lieu à la Dudensing Gallery à New York. Jusqu'en 1937, Gottlieb, comme nombre de jeunes artistes de sa génération, travaille pour la Works Progress Administration, bénéficiant du Federal Art Project, qui emploie peintres et sculpteurs à la décoration des édifices publics. Il voyage ensuite en Arizona où il reste près d'un an (1937). En 1939, Gottlieb rentre à New York et élabore ses premières œuvres d'un style très personnel, les Pictographs. Dès lors, et jusqu'à sa mort survenue dans sa ville natale qu'il ne quitte que pour quelques voyages à l'étranger, l'activité artistique de Gottlieb est indissociable de celle des grands pionniers de l'école de New York. Il expose régulièrement ses œuvres, de 1947 à 1954 la série des Paysages imaginaires à la Koots Gallery, puis à partir de 1960 les Explosions, troisième et dernière des grandes séries qui jalonnent l'évolution de son œuvre, à la Sydney Janis Gallery. Lauréat de plusieurs prix, dont celui de la Biennale de São Paulo en 1936, Gottlieb a également enseigné au Pratt Institute et à l'université de Californie à Los Angeles, et d'importantes rétrospectives lui ont été consacrées, en particulier au Jewish Museum de New York en 1957, au Walker Art Center de Minneapolis en 1963, au Whitney Museum et au Solomon R. Guggenheim Museum de New York en 1968.

Beaucoup moins connu en France que Jackson Pollock ou Mark Rothko – une seule exposition personnelle lui a été consacrée à Paris à la galerie Rive droite en 1959 –, Adolph Gottlieb est un représentant important de la peinture américaine abstraite de l'après-guerre. Si ses premières œuvres (les Pictographs) développent un vocabulaire de signes ésotériques et figuratifs, où peuvent se lire les influences conjuguées de Klee, de Miró et de la peinture totémique des Indiens d'Amérique du Nord, l'artiste tend très vite, surtout à partir des années 1950 avec la série des Paysages imaginaires, à une simplification radicale de l'espace et des symboles, qui devait l'amener à pratiquer une abstraction chromatique et expressionniste. Avec les Explosions, Gottlieb, servi comme son ami Rothko par une technique très subtile des variations de la couleur et une utilisation raffinée des épaisseurs de matière, joue sur la seule opposition de deux formes, l'une ovoïde et fermée, l'autre ouverte et éclatée, l'une disque, l'autre tache, la couleur de cette dernière contrastant le plus souvent avec celle de la première.

— Maïten BOUISSET

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Pour citer cet article

Maïten BOUISSET. GOTTLIEB ADOLPH (1903-1974) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ABSTRAIT ART

    • Écrit par Denys RIOUT
    • 6 716 mots
    • 2 médias
    Aux États-Unis, l' expressionnisme abstrait apporte également sa contribution au problème du sens de l'œuvre d'art. Mark Rothko et Adolf Gottlieb affirment dans une lettre ouverte adressée en 1943 au New York Times : « Une idée largement répandue chez les peintres consiste à croire que ce que...
  • ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) - Les arts plastiques

    • Écrit par François BRUNET, Éric de CHASSEY, Universalis, Erik VERHAGEN
    • 13 464 mots
    • 22 médias
    ..., Allen Memorial Art Museum, Ohio) et Le Viol de Perséphone (The Rape of Persephone, Allen Memorial Art Museum, Ohio), respectivement de Rothko et de Gottlieb, donne à ces deux artistes l'occasion d'exposer publiquement leur esthétique dans une lettre ouverte en cinq points au New York...
  • NEW YORK ÉCOLE DE

    • Écrit par Maïten BOUISSET
    • 1 578 mots
    • 1 média
    ...peinture industrielle, ainsi qu'une boîte percée de trous pour répartir le pigment sur la toile. Kline emploie des brosses de peintre en bâtiment et Gottlieb une éponge de cuisine pour poser ses tâches de couleur. Arshile Gorky, arrivé d'Europe et protégé d'André Breton, peut, selon Barbara Rose, être...
  • TOMLIN BRADLEY WALKER (1899-1953)

    • Écrit par Universalis
    • 220 mots

    Peintre américain, né le 19 août 1899 à Syracuse (New York), mort le 11 mai 1953 à New York.

    Pendant une grande partie de sa carrière, Bradley Walker Tomlin peint des natures mortes cubistes dans une veine lyrique, tout en enseignant au Sarah Lawrence College de Bronxville (New York) et dans...

Voir aussi