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BARR ALFRED (1902-1981)

Né à Detroit (Mich.), en 1902, Alfred H. Barr étudia et enseigna à Princeton et Harvard. En 1926, il créa à Wellesley le premier cours universitaire exclusivement consacré aux États-Unis à l'art moderne, y manifestant déjà un intérêt non seulement pour la peinture, la sculpture et les arts graphiques, mais aussi pour la photographie, l'architecture, le design industriel, le théâtre et le cinéma. Lorsque en 1929, à vingt-sept ans, il fut nommé directeur du M.O.M.A. (Museum of Modern Art) qui venait d'être inauguré, il y réalisa ses projets et en fit immédiatement un musée où seraient représentés tous les arts visuels contemporains.

Alfred Barr demeura directeur du M.O.M.A. jusqu'en 1943, et c'est durant cette période que le musée présenta certaines de ses plus prestigieuses expositions, des expositions qui eurent une influence considérable sur l'histoire de l'art, modelant la vision des jeunes peintres new-yorkais, marquant profondément les futurs expressionnistes abstraits. Pour Barr, le musée était un laboratoire où le public était invité à participer activement, et dans ce laboratoire Barr dirigea plus de cent expositions. On mentionnera Modern Architecture en 1932, Machine Art en 1934, African Negro Art en 1935, Photography 1839-1937 en 1937, et surtout Cubism and Abstract Art en 1936 et Fantastic Art, Dada and Surrealism en 1936 également, expositions dont les catalogues furent rédigés par Alfred Barr. L'éventail de ses intérêts était large et ses présentations souvent brillantes, par exemple la sélection de peintures et de sculptures de la Renaissance italienne qu'il exposa en 1940. Cet ensemble venait de l'Exposition internationale du Golden Gate à San Francisco et aucun autre musée new-yorkais n'avait accepté de l'accueillir : utilisant des murs mobiles, Barr divisa la grande galerie du premier étage en autant de petites pièces qu'il y avait d'œuvres créant un parcours inattendu où chaque œuvre était vue isolément.

Lorsqu'il n'organisait pas lui-même une exposition, Barr laissait toute latitude à la personnalité qu'il invitait. C'est ainsi que, pour l'exposition consacrée au Bauhaus en 1938, il confia à Herbert Bayer, un ancien professeur de la célèbre école, le montage de l'exposition et la rédaction du catalogue, de sorte que le résultat fut une authentique production du Bauhaus. En 1943, Alfred Barr quitta son poste de directeur du musée et il devint en 1947 directeur des collections permanentes, continuant ainsi d'accroître une collection qu'il modelait depuis près de vingt ans et qui devenait l'une des plus importantes du monde par son ouverture sur les arts contemporains. Barr insista toujours sur la place qu'occupaient les artistes et le musée dans sa fonction : dans un rapport de 1941 où il dressait la liste des périodes encore mal représentées au musée, il soulignait qu'aucune autre institution au monde, en ces années-là, ne pouvait autant que le M.O.M.A. combiner « les loisirs, l'éducation, la confrontation et l'aventure esthétiques. La responsabilité du M.O.M.A. est donc immense », concluait-il – et ce sens d'une mission caractérise assez bien l'art américain de cette époque.

Vers 1954, la politique du musée se modifia. Jusqu'alors la collection permanente était « fluide ». On donnait ou on vendait à d'autres musées ou institutions des œuvres que le temps avaient rendues classiques. En 1947, on avait vendu un Cézanne au Metropolitan Museum de New York, puis un Maillol, un Picasso et des pièces d'art populaire américain, et l'on avait utilisé les produits de cette vente pour acheter des œuvres contemporaines, en particulier, entre 1947 et 1952, des toiles de Gorky, Kline, De Kooning, Motherwell, Pollock, Rothko, Stamos. Désormais on voulut avoir dans[...]

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Classification

Pour citer cet article

Madeleine DESCHAMPS. BARR ALFRED (1902-1981) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CONCRET ART

    • Écrit par Arnauld PIERRE
    • 2 723 mots
    • 1 média

    « Peinture concrète et non abstraite parce que rien n'est plus concret, plus réel qu'une ligne, qu'une couleur, qu'une surface. » C'est dans ces termes que les membres du groupe Art concret, formé en 1930 à Paris par Theo Van Doesburg (1883-1931), revendiquent une forme d'art non figuratif ayant...

  • ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) - Les arts plastiques

    • Écrit par François BRUNET, Éric de CHASSEY, Universalis, Erik VERHAGEN
    • 13 464 mots
    • 22 médias
    ...Merion par Albert Barnes, la collection d'art non objectif de Solomon Guggenheim et surtout le Musée d'art moderne de New York (MoMA) créé en 1929 par Alfred Barr. Pour ce dernier, l'histoire de l'art du siècle, dominée par le couple Matisse-Picasso en fonction duquel tous les artistes modernistes américains...
  • MATISSE HENRI (1869-1954)

    • Écrit par Hervé VANEL
    • 3 016 mots
    La vie et l'œuvre du peintre racontent aussi l'histoire des regards qui s'y posent ou s'en détournent. À sa mort, un seul ouvrage d'importance avait été publié sur l'artiste, en 1951, par le directeur du Museum of Modern Art de New York, Alfred H. Barr, qui citait ironiquement cette remarque d'un critique...
  • MOMA (Museum of Modern Art), New York

    • Écrit par Universalis
    • 330 mots
    • 2 médias

    Vaste collection d'art moderne essentiellement américain et européen couvrant une période qui va de la fin du xixe siècle à nos jours, le Museum of Modern Art (MoMA) fut fondé à New York en 1929 à l'initiative de plusieurs mécènes (Lillie P. Bliss, Mary Quinn Sullivan et Abby Aldrich Rockefeller)...

Voir aussi