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CINQUIÈME RÉPUBLIQUE Les années Sarkozy (2007-2012)

Nicolas Sarkozy, 16 mai 2007 - crédits : Patrick Aventurier/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Nicolas Sarkozy, 16 mai 2007

Si la rupture de Nicolas Sarkozy avec les politiques de ses prédécesseurs est moins nette que ce qu'il avait annoncé durant sa campagne, sa présidence est en revanche marquée par une forte volonté de réformes, menées « tambour battant », avec un sens aigu des annonces médiatiques et une grande réactivité aux événements. La victoire à une élection présidentielle se prépare longtemps à l'avance. Nicolas Sarkozy a ainsi construit patiemment son image de présidentiable, en menant une politique de fermeté comme ministre de l'Intérieur à partir de 2002, et en se montrant très actif au sein du gouvernement, défendant parfois des positions assez différentes de celles du président de la République. Il ne craint pas, pendant la campagne électorale de 2007, de critiquer l'immobilisme de Jacques Chirac pour mieux faire ressortir son propre volontarisme politique, se faisant le chantre de la « rupture tranquille ». Il n'hésite pas non plus à affirmer des positions nationalistes pour récupérer une partie de l'électorat du Front national. Après une large victoire (53,1 p. 100) face à la candidate socialiste Ségolène Royal, il forme un gouvernement qui surprend par son caractère presque paritaire, par la présence de plusieurs personnalités venues de la gauche ou représentant la diversité culturelle de la France. Les élections législatives de juin 2007 confirment la victoire de la droite à la présidentielle.

Réformes institutionnelles : Constitution, justice, universités, collectivités locales

Nicolas Sarkozy a annoncé durant sa campagne sa volonté d'accentuer la présidentialisation des institutions. Mais une réforme constitutionnelle ne peut être adoptée, après un vote des deux assemblées, que par un référendum au résultat incertain ou par un vote du Congrès à la majorité des trois cinquièmes, majorité dont il ne dispose pas. Il négocie donc pour faire aboutir une réforme, dite de modernisation des institutions de la Ve République, qui comporte beaucoup d'ajustements à la marge, mais aussi quelques aspects fondamentaux. Il renonce à modifier la définition des fonctions du président et du Premier ministre, ce qui ne l'empêche pas de vouloir décider de l'ensemble des politiques suivies et de cantonner le Premier ministre à un rôle de « collaborateur ». En revanche, l'exercice de la fonction présidentielle sera désormais limité à deux mandats successifs. Le président pourra s'exprimer devant les chambres. L'Assemblée nationale obtient un renforcement de ses pouvoirs face à l'exécutif : maîtrise d'une partie de son ordre du jour, discussion des textes sur la base de la version adoptée en commission et non pas sur le texte gouvernemental, limitation des possibilités de recours à l'article 49.3 permettant d'adopter une loi sans vote sauf si une motion de censure du gouvernement est votée, nombre de commissions permanentes porté de six à huit... Les citoyens se voient aussi garantir des droits nouveaux, notamment avec l'instauration de la question prioritaire de constitutionnalité qui ouvre la possibilité de contester des lois anciennes devant le Conseil constitutionnel pour non-conformité avec les textes fondamentaux. Une possibilité de référendum d'initiative populaire est ouverte. Le fonctionnement du Conseil supérieur de la magistrature (C.S.M.) est modifié, le poids des juges est désormais équilibré par celui de personnalités nommées, mais cet organe central du pouvoir judiciaire reste en partie contrôlé par le pouvoir politique. Le C.S.M. se contente de donner des avis sur la nomination des magistrats du parquet que les gardes des Sceaux n'ont souvent pas suivis. Le parquet reste très dépendant du pouvoir politique, ce qui constitue un enjeu important dans le contexte d'affaires mettant en cause des responsables politiques. L'ensemble[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite de science politique à Sciences Po Grenoble, chercheur au laboratoire Pacte (UMR 5194, CNRS/ université Grenoble Alpes/Sciences Po Grenoble)

Classification

Pour citer cet article

Pierre BRÉCHON. CINQUIÈME RÉPUBLIQUE - Les années Sarkozy (2007-2012) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Nicolas Sarkozy, 16 mai 2007 - crédits : Patrick Aventurier/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Nicolas Sarkozy, 16 mai 2007

Nicolas Sarkozy clôture le Grenelle Environnement - crédits : Eric Feferberg/ AFP

Nicolas Sarkozy clôture le Grenelle Environnement

Autres références

  • ASSEMBLÉE NATIONALE (France - Ve République)

    • Écrit par Arnaud LE PILLOUER
    • 5 795 mots
    • 2 médias

    L’Assemblée nationale est l’une des deux chambres composant le Parlement français, sous la Ve République, l’autre étant le Sénat.

    Cette dénomination provient du tout début de la Révolution française, lorsque les députés du tiers état, rejetant la division de la société en ordres,...

  • CONSTITUTION DE LA Ve RÉPUBLIQUE (France)

    • Écrit par Arnaud LE PILLOUER
    • 3 433 mots
    • 4 médias

    Contrairement à une opinion dominante, le texte constitutionnel de 1958 a en partie seulement été inspiré par les idées du général de Gaulle. Certes, rappelé au pouvoir à la suite des événements du 13 mai 1958 et apparaissant aux yeux de tous comme l'unique recours, il a été en mesure d'imposer...

  • PROMULGATION DE LA CONSTITUTION DE LA Ve RÉPUBLIQUE (France)

    • Écrit par Wanda MASTOR
    • 208 mots
    • 1 média

    Adoptée par référendum le 28 septembre et promulguée le 4 octobre 1958, la Constitution de la Ve République a pu être présentée au départ comme consacrant un régime parlementaire. Les critères permettant habituellement d'identifier un tel régime sont bien réunis : exécutif bicéphale,...

  • ALGÉRIE

    • Écrit par Charles-Robert AGERON, Universalis, Sid-Ahmed SOUIAH, Benjamin STORA, Pierre VERMEREN
    • 41 835 mots
    • 25 médias
    ...est investi par l'Assemblée nationale. De Gaulle se rend à Alger dès le 4 juin et lance le fameux : « Je vous ai compris. » La IVe République se meurt. Le 28 septembre 1958, en Algérie, Européens et musulmans (dont les femmes), réunis en un collège unique, votent massivement en faveur de la Constitution...
  • BÉRÉGOVOY PIERRE (1925-1993)

    • Écrit par Christian SAUVAGE
    • 1 071 mots
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    Homme politique français. Pierre Bérégovoy est né le 23 décembre 1925 à Déville-lès-Rouen (Seine-Maritime). Son père, un « Russe blanc », capitaine du tsar et menchevik, tient un café-épicerie. À cinq ans, l'enfant est confié à sa grand-mère, qui l'éduquera. Bon élève, il obtient le brevet élémentaire...

  • BICAMÉRISME ou BICAMÉRALISME

    • Écrit par Raymond FERRETTI
    • 5 328 mots
    • 2 médias
    Notons que c'est d'ailleurs toujours le cas aujourd'hui, puisque le Sénat de laVe République est élu par un collège électoral constitué au niveau départemental et composé de représentants de l'ensemble des collectivités territoriales : les communes bien sûr, mais aussi les départements et les régions...
  • BORNE ÉLISABETH (1961- )

    • Écrit par Universalis, Blaise MAGNIN
    • 1 314 mots
    • 2 médias

    Haute fonctionnaire et femme politique française, Élisabeth Borne a été Première ministre du président Emmanuel Macron de mai 2022 à janvier 2024. Après Édith Cresson, elle est la deuxième femme à diriger un gouvernement français.

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Voir aussi