ROYAL SÉGOLÈNE (1953- )
Femme politique française.
Marie-Ségolène Royal est née le 22 septembre 1953 à Dakar, quatrième d'une famille de huit enfants. Elle est la fille d'un lieutenant-colonel, issu d'une longue lignée de hauts gradés, un homme qu'elle décrit comme très conservateur, voire « Algérie française », votant Tixier-Vignancour en 1965, catholique traditionaliste. Sa famille s'étant installée dix ans plus tard à Chamagne (Vosges), c'est dans cette région qu'elle effectue sa scolarité – elle est pensionnaire dans un établissement religieux d'Épinal –, avant de s'inscrire à l'université de Nancy en sciences économiques et d'y préparer le concours d'entrée à l'Institut d'études politiques de Paris. Diplômée de Sciences Po en 1975, elle est reçue à l'École nationale d'administration (ENA) en 1978 dans la promotion Voltaire. À sa sortie, elle devient conseillère du tribunal administratif à Paris.
Ces années de formation sont centrales dans sa trajectoire comme pour son important travail de présentation de soi. Dans son ouvrage La Vérité d'une femme (1996), comme dans ses interviews, elle insiste sur la manière dont son éducation rigide, où le père ne considérait guère ses filles et où la mère s'est retrouvée sans ressources lorsque son époux l'a quittée, l'a amenée à être attentive au sort des femmes et à la pauvreté. Son passage par l'ENA est également déterminant, d'abord pour la certification que cet établissement apporte sur le marché du travail politique, ensuite parce qu'elle y rencontre François Hollande, qui deviendra premier secrétaire du PS en 1997 et avec lequel elle a eu quatre enfants.
C'est par l'intermédiaire de Jacques Attali qui, à la fin de l'année 1980, a contacté François Hollande, que le couple entre dans l'équipe d'experts de François Mitterrand. Après le 10 mai 1981, tous deux font partie de celle d'Attali et, à partir de 1983, Ségolène Royal devient conseillère technique à l'Élysée, où elle est en charge des affaires sociales et de l'immigration. Durant cette période paraît son premier livre, Le Printemps des grands-parents (1987), représentatif de ses positions familialistes. Elle expérimente aussi l'exercice du pouvoir comme conseillère municipale d'opposition à Trouville (Calvados) de 1983 à 1986, puis comme députée des Deux-Sèvres, où elle a été parachutée en 1988 après avoir échoué à obtenir l'investiture de la fédération du Calvados pour les législatives de 1986.
En 1992, elle obtient son premier ministère, celui de l'Environnement, dans le gouvernement Bérégovoy, et entreprend parallèlement une rapide ascension au sein de l'appareil socialiste, de première secrétaire de la fédération des Deux-Sèvres en 1993 jusqu'au conseil national auquel elle accède en 1995. Elle entre ainsi dans le petit groupe de jeunes femmes socialistes, énarques, qui, grâce à François Mitterrand, ont alors conquis mandats et surtout ministères. Mais sa carrière est aussi représentative du poids des lieux de pouvoir centraux dans le cursus honorum de la Ve République. Elle obtient en effet trois portefeuilles dans les gouvernements Jospin successifs (ministre déléguée chargée de l'Enseignement scolaire, ministre déléguée à la Famille et à l'Enfance, puis à la Famille, à l'Enfance et aux Personnes handicapées).
Son implantation en Poitou-Charentes, dont l'aboutissement est sa victoire à la présidence du conseil régional en 2004 face à Élisabeth Morin, qui a elle-même remplacé Jean-Pierre Raffarin quand il est devenu Premier ministre, passe par la constitution d'un véritable fief. Elle a ainsi conquis les mandats de conseillère municipale à Melle (1989-1995), puis – à défaut d'avoir enlevé la mairie – à[...]
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Écrit par
- Frédérique MATONTI : professeur de science politique à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
- Universalis
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Pour citer cet article
Universalis, Frédérique MATONTI, « ROYAL SÉGOLÈNE (1953- ) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :
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