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CATALOGNE

L'art catalan

Jusqu'à l'époque romane

À l'école de la Grèce et de Rome

Sur le magnifique golfe de Rosas, où le ciel et la mer évoquent déjà la Grèce, deux cités phocéennes se succèdent. De la plus ancienne, la Palia Polis, resserrée dans l'îlot de Sant Martí d'Empúries, nous ne savons pratiquement rien. Mais on peut contempler les ruines de la Nea Polis, qui s'étalait largement sur la terre ferme. De là proviennent d'importantes sculptures et de beaux objets qui sont pour la plupart présentés dans les musées archéologiques de Gérone et de Barcelone.

Par l'intermédiaire des Grecs, les Ibères acquirent certains éléments de la civilisation antique. Ces apports favorisèrent l'art de la céramique et, à un degré moindre, le travail du bronze, la joaillerie et l'orfèvrerie.

Bien plus importante se révèle l'influence de Rome. Dès le iie siècle avant notre ère, elle incorpora la péninsule Ibérique à son empire et nulle part sa présence ne fut plus manifeste que sur ces rivages méditerranéens où plusieurs cités, modelées à son image, diffusèrent sa langue, sa manière de vivre, sa religion et son art.

Aqueduc des Ferreras - crédits : G. Nimatallah/ De Agostini/ Getty Images

Aqueduc des Ferreras

Tarragone, qui fut capitale de province, conserve encore la topographie heurtée de la ville antique, cependant que plusieurs monuments, plus ou moins bien conservés, parlent de sa splendeur à l'époque de la paix romaine. À l'intérieur d'une enceinte aux assises inférieures cyclopéennes, on trouve, à des niveaux successifs, les ruines d'un cirque, les restes d'un édifice imposant baptisé palais d'Auguste et l'emplacement des temples de Jupiter Ammon et d'Auguste. D'autres monuments annoncent de loin la présence de la cité : un aqueduc majestueux, l'arc de triomphe dénommé Arco de Barà et le tombeau dit « des Scipions ».

Barcelone occupait le second rang. Sur le monsTaberse dressait un temple dédié à Auguste, dont trois colonnes restent en place. Vers la fin du iiie siècle, à la suite de la première invasion barbare, la ville se resserra à l'intérieur d'une enceinte réduite. Cette muraille subsiste, avec plusieurs tours, sur une partie importante de son tracé.

D'autres monuments, des ponts, des tombeaux, des villas, un temple à Vich – l'antique Ausona – sans compter de nombreux objets d'art révèlent sur tout le territoire de la Catalogne l'empreinte tenace de cette civilisation romaine qui fut universaliste. Dans quelques cas très rares, et notamment en ce qui concerne certaines sculptures trouvées à Barcelone, une expression originale perce sous ce vêtement d'emprunt, témoignant du maintien de l'individualité locale.

Cette personnalité s'affirmera au fur et à mesure que s'accélère le déclin de Rome. L'Empire chrétien vit s'élever aux environs de Tarragone, à un kilomètre du village de Constantí, l'important mausolée de Centcelles, qui comprenait essentiellement deux corps, l'un de plan circulaire et l'autre quadrilobé. Celui de l'est a conservé une coupole ornée de mosaïques. À Tarragone même, la grande nécropole des bords du Francolí possédait une basilique funéraire apparentée, par le plan de son chevet, aux basiliques paléochrétiennes de Syrie, d'Afrique et des Baléares.

Le développement du christianisme au ive siècle est également attesté à Barcelone par la construction d'une cathédrale dont une partie importante a été dégagée à proximité du monument gothique actuel. On la visite en même temps que les ruines de la cité du Bas-Empire.

On ne connaît guère la sculpture de l'époque que par les sarcophages. Ceux-ci présentent parfois des types communs à l'ensemble du bassin occidental de la Méditerranée. Cependant on note aussi à Tarragone l'existence d'un atelier original. Il traite la figure humaine, lorsqu'elle apparaît[...]

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Écrit par

  • : professeur honoraire à l'université de Rennes-II-Haute-Bretagne
  • : professeur des Universités, professeur à l'université de Montpellier-III-Paul-Valéry, directeur du Centre Du Guesclin à Béziers
  • : professeur à l'université de Chicago
  • : professeur émérite d'histoire de l'art à l'université de Toulouse-Le-Mirail
  • : agrégé de géographie, docteur ès lettres, professeur des Universités
  • : docteur ès lettres, professeur aux Estudis universitaris catalans
  • : professeur agrégé des Universités, professeur à l'université de Montpellier-III-Paul-Valéry

Classification

Pour citer cet article

Mathilde BENSOUSSAN, Christian CAMPS, John COROMINAS, Marcel DURLIAT, Robert FERRAS, Jean MOLAS et Jean-Paul VOLLE. CATALOGNE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Espagne : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Espagne : carte administrative

Funérailles de Franco, 1975 - crédits : Central Press/ Hulton Archive/ Getty Images

Funérailles de Franco, 1975

Aqueduc des Ferreras - crédits : G. Nimatallah/ De Agostini/ Getty Images

Aqueduc des Ferreras

Autres références

  • BARCELONE

    • Écrit par Robert FERRAS, Jean-Paul VOLLE
    • 3 650 mots
    • 6 médias

    Deuxième ville d’Espagne après Madrid, Barcelone (Barcelona) compte à peine plus de 1,62 million d'habitants en 2009, mais son aire métropolitaine approche 5 millions d'habitants. Sa trajectoire économique depuis le début du xxe siècle souligne son dynamisme et ses capacités d'adaptation...

  • BOHIGAS ORIOL (1925-2021)

    • Écrit par Francis RAMBERT
    • 571 mots

    Né le 20 décembre 1925 à Barcelone, l'architecte Oriol Bohigas s'associe en 1951 avec son compatriote Josep Martorell (le fondateur du groupe R), puis avec l'Anglais David Mackay en 1963 pour former l'agence MBM (Martorell, Bohigas, Mackay) dont la production va, à l'instar du parcours d'un autre...

  • CERDAGNE

    • Écrit par Gabriel LLOBET
    • 229 mots

    Ancien comté situé sur le versant sud des Pyrénées orientales, la Cerdagne occupait le large bassin montagnard du Sègre en amont de la Séo d'Urgel et débordait sur celui de la Têt. Son premier comte apparaît au xe siècle. Mais, dès 1117, le pays est réuni au comté de Barcelone...

  • COSTA BRAVA

    • Écrit par Robert FERRAS
    • 344 mots

    Littoral de la province de Gérone entre la frontière française et le Tordera qui la sépare du Maresme barcelonais. Ce « finisterre » catalan dit Côte de Gérone ou Costa de Levante est entré dans la catégorie des plages très fréquentées sous le nom de côte brava (sauvage), rocheuse...

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Voir aussi