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BABYLONE

Babylone, qui doit à son prestige un passé légendaire et une étymologie « populaire » (Babylone, Porte du dieu), avait une réalité politique. Elle apparaît brusquement comme une grande ville, et, de 1894 à 301 environ avant J.-C., des Amorrites aux Macédoniens, des conquérants étrangers la choisissent comme capitale, y fondent des dynasties et construisent là forteresses, murailles, palais et temples, avec des dimensions toujours plus imposantes. Centre intellectuel de l' Orient, elle est, par excellence, la ville des scribes employant l'écriture cunéiforme pour des buts nobles : écrivant en sumérien ou en akkadien, ils composent ou copient des œuvres liturgiques, « scientifiques » et littéraires. Une forte valeur symbolique est liée à cette grande capitale qui, avec ses monuments, a impressionné le peuple de la Bible. Déjà, un récit de la Genèse y avait situé la tour de Babel, symbole de l'orgueil humain. Plus tard, les Prophètes annoncent que les rois de Juda, infidèles à Dieu, seront châtiés par le souverain de Babylone ; mais, lorsque ce dernier a profané le Temple de Jérusalem, les porte-parole de Dieu déclarent que Babylone sera châtiée, et font d'elle la Grande Prostituée, symbole du mal (ainsi l'Apocalypse appellera Rome « Babylone la Grande »). Cessant d'être une capitale (301 env. av. J.-C.), Babylone est abandonnée par sa population au début de notre ère. Recherchée par les voyageurs du Moyen Âge et des Temps modernes, elle est fouillée à partir de 1899. Les tablettes et les monuments de la dynastie chaldéenne (626-539) – comme le palais d'Été ou la porte d'Ishtar – sont dégagés. Mais la remontée de la nappe phréatique interdit l'accès aux couches plus profondes. La Babylone de Hammourabi se dérobe encore.

Porte d'Ishtar, Babylone - crédits :  Bridgeman Images

Porte d'Ishtar, Babylone

Dragon décorant la porte d'Ishtar à Babylone - crédits : P. Hofmeester/ Shutterstock

Dragon décorant la porte d'Ishtar à Babylone

Histoire

Les origines

Les Anciens expliquaient le nom antique de Babylone (Babilou) comme signifiant Porte du dieu (bab-ili, en akkadien). Les Modernes ne voient là qu'une étymologie populaire et rejettent toute parenté de babilou avec l'akkadien ou le sumérien ; le mot appartiendrait à une langue fort ancienne, encore inconnue.

Et bien plus, une bonne partie de l'histoire de la cité nous échappe. Babylone est restée longtemps une petite ville ; par ailleurs, la remontée de la nappe phréatique jusqu'aux couches du IIe millénaire nous prive d'une masse de documents locaux. Les premières mentions sûres faites de Babylone datent de la IIIe dynastie d'Our.

La Ire dynastie de Babylone (1894-1595)

La Ire dynastie de Babylone est aussi appelée la dynastie amorrite, car elle est fondée par un de ces Sémites qui parcourent la steppe pastorale de l'Amourrou (l'Ouest en langue sémitique). La basse Mésopotamie a subi, vers la fin du xxe siècle, une nouvelle invasion de ces groupes nomades, et un de leurs chefs, Sou-aboum (1894-1881), s'installe à Babylone où il prend le titre royal. Sa famille, qui régnera là pendant trois siècles, et sa tribu se laissent très vite assimiler par les citadins dont ils adoptent la vie sédentaire, le parler sémitique (le babylonien, variante locale de l'akkadien) et les cultes.

Orant de Larsa - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Orant de Larsa

La nouvelle « ville de royauté » rivalise bientôt avec celles d'Isin et de Larsa (en Sumer), qui prétendaient prolonger l'empire des rois d'Our, disparu depuis 2002. Mais la basse Mésopotamie, partagée entre trois royaumes et une douzaine de principautés, connaît longtemps des luttes mesquines, au cours desquelles la suzeraineté passe rapidement d'un État à l'autre. Les premiers rois de Babylone se distinguent par de nombreux travaux, fortifications, canaux, temples (connus seulement par les inscriptions) ; c'est le signe de l'enrichissement de leur cité, qui exploite un riche terroir et dont les notables pratiquent le prêt et le grand commerce. Puis des royaumes étrangers à la région,[...]

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Pour citer cet article

Guillaume CARDASCIA et Gilbert LAFFORGUE. BABYLONE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Porte d'Ishtar, Babylone - crédits :  Bridgeman Images

Porte d'Ishtar, Babylone

Dragon décorant la porte d'Ishtar à Babylone - crédits : P. Hofmeester/ Shutterstock

Dragon décorant la porte d'Ishtar à Babylone

Orant de Larsa - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Orant de Larsa

Autres références

  • CHUTE DE BABYLONE

    • Écrit par Jean-Claude MARGUERON
    • 178 mots
    • 1 média

    Nabonide, qui monta sur le trône de Babylone en — 556, conduisit une politique nouvelle en soutenant le culte du dieu lunaire Sîn contre Marduk, divinité tutélaire de Babylone : la réaction du clergé fut très vive et le nouveau souverain dut s'éloigner de Babylone. Il partit à Teima (actuelle...

  • CONSTRUCTION DU PREMIER EMPIRE BABYLONIEN - (repères chronologiques)

    • Écrit par Jean-Claude MARGUERON
    • 298 mots

    — 1822 Début du règne de Rim-Sîn, le dernier roi de Larsa qui tenta vainement de reconstruire, au profit de la Mésopotamie méridionale, l'ancien royaume de la IIIe dynastie d'Ur.

    — 1813-— 1776 Samsi-Addu construit le royaume de Haute-Mésopotamie centré sur la plaine du...

  • EMPIRE NÉO-BABYLONIEN - (repères chronologiques)

    • Écrit par Jean-Claude MARGUERON
    • 260 mots

    — 612 La chute de Ninive, sous les coups de la coalition des Mèdes et des Babyloniens de Nabopolassar, marque la fondation de l'empire néo-babylonien, qui se résume à un changement de capitale, Babylone remplaçant Ninive à la tête de l'empire.

    — 608-— 607 Nabuchodonosor...

  • AKITU

    • Écrit par Daniel ARNAUD
    • 866 mots
    • 2 médias

    Mot qui désigne, dans la civilisation assyro-babylonienne, à la fois une des plus importantes fêtes du calendrier liturgique et civil et, en même temps, le temple où une part essentielle du rituel se déroulait. Peu de textes nous en transmettent le récit ; encore sont-ils lacuneux et souvent, volontairement...

  • ALEXANDRE LE GRAND (356-323 av. J.-C.)

    • Écrit par Paul GOUKOWSKY
    • 6 470 mots
    • 5 médias
    Ses capitales tombèrent l'une après l'autre. D'abord Babylone, qui accueillit Alexandre en libérateur car de vieilles haines, surtout d'ordre religieux, remontèrent alors contre les Perses. Ce fut pourtant l'un d'eux, Mazaios, qui fut nommé satrape, premier signe d'un rapprochement avec l'aristocratie...
  • AMORRITES ou AMORRHÉENS

    • Écrit par Gilbert LAFFORGUE
    • 728 mots

    Amorrites, ou Amorrhéen, est un nom de peuple que les orientalistes ont tiré du mot akkadien Amourrou, par lequel les Mésopotamiens désignaient la région située à l'ouest de leur pays et aussi ses habitants.

    Comme les Amorrites n'ont pas écrit leur langue, nous ne les connaissons que par...

  • ANCIEN EMPIRE HITTITE, en bref

    • Écrit par Jean-Claude MARGUERON
    • 170 mots
    • 1 média

    À la suite de la fondation, au xixe siècle avant J.-C., d'un premier royaume considéré par la tradition mythique comme l'ancêtre du royaume hittite, une séquence dynastique mène au roi Labarna, généralement considéré comme le fondateur de l'ancien empire (— 1680-— 1500) établi au cœur même du plateau...

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Voir aussi