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NABONIDE, roi de Babylone (555-539 av. J.-C.)

Dernier souverain de l'empire néo-babylonien. L'accession de Nabonide au trône de Babylone marque le terme des sanglants épisodes auxquels donne lieu la succession dynastique de Nabuchodonosor. Deux ans après la mort du Grand Roi en ~ 561, son fils Awêl-Marduk est assassiné par son beau-frère Neriglissar. L'usurpateur meurt au bout de quatre ans de pouvoir (~ 559-~ 556), laissant un fils, Labashimarduk, trop jeune pour régner efficacement. On l'assassine deux mois après son intronisation, et la conjuration installe sur le trône un personnage étrange qui n'appartient pas à la famille royale et qui approche déjà de la vieillesse : Nabounaïd (Nabonide).

Fils d'un gouverneur d'origine probablement araméenne et d'une grande prêtresse du dieu-Lune Sin de Harran, où Nabonide est né lui-même, le nouveau roi semble avoir été profondément marqué par la religion de sa mère. Cette dévotion, confinant au fanatisme ou à la folie mystique, que Nabonide ne cessa de manifester au dieu Sin paraît l'avoir fait entrer en conflit avec la religion de Marduk, le dieu de l'empire chaldéen. C'est pourtant sous l'autorité de Marduk que Nabonide place le projet qu'il conçoit, dès ~ 556, de rebâtir le temple de Sin à Harran, resté en ruine depuis la fin de l'empire assyrien. Le dieu Marduk lui donne l'ordre, au cours d'une vision, de procéder à une restauration dont la possibilité n'apparaîtra qu'en ~ 553, lorsque la révolte de Cyrus contre Astyage obligera les troupes mèdes à évacuer la région de Harran. Nabonide doit affronter le mécontentement du clergé de Marduk et une situation économique difficile qui affecte les principales cités de l'empire. Ces circonstances ne le détournent pas de son projet. En ~ 552, Nabonide confie le gouvernement de la Babylonie à son fils Balthasar et se dirige vers l'Arabie, où il conquiert un certain nombre de villes dont l'oasis de Teima dans laquelle il résidera durant dix ans. Mais son absence rend impossible à Babylone la célébration des fêtes du Nouvel An en l'honneur de Marduk, dont dépend la prospérité de l'empire et auxquelles la participation du roi est indispensable. Les raisons du séjour de Nabonide à Teima sont difficilement explicables. La part des motivations d'ordre religieux semble l'avoir emporté sur celle des causes proprement politiques. Teima était un grand centre du culte lunaire que Nabonide cherche à imposer à Babylone même, à la grande fureur du clergé de Marduk, fureur encore exacerbée par les tracasseries administratives auxquelles il est en butte. Allié du pharaon Amosis et du roi de Lydie, Crésus, contre la politique d'expansion à l'ouest de Cyrus, Nabonide ne tente pourtant rien pour secourir Crésus lorsque ce dernier est vaincu et capturé vers ~ 547, dans sa capitale de Sardes. Il ne quitte Teima que vers ~ 542, peut-être à cause d'une campagne que Cyrus, avec Gobryas, gouverneur babylonien du Gutium rallié à lui, aurait conduite en Arabie préalablement à l'assaut final qu'il méditait contre Babylone.

Dès le retour de Nabonide, le temple de Sin à Harran est solennellement inauguré, tandis que le Nouvel An peut à nouveau être célébré à Babylone. Mais l'attaque de Cyrus semble imminente. Elle se produit en ~ 539 et aboutit en quelques semaines à la conquête de la Babylonie. Un détachement de Gobryas pénètre par surprise dans Babylone et s'en empare sans coup férir. Balthasar est tué dans son palais et Nabonide fait prisonnier. Les historiens anciens se contredisent sur le sort qui fut réservé au dernier roi de Babylone. Xénophon affirme qu'il fut exécuté par son vainqueur. Selon Bérose, cité par Josèphe, il fut relégué en Carmanie.

Prêtre en prière devant les symboles des dieux Marduk et Nabu - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Prêtre en prière devant les symboles des dieux Marduk et Nabu

Les étrangetés du comportement de Nabonide sont soulignées dans un texte écrit vers la fin de[...]

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Valentin NIKIPROWETZKY. NABONIDE, roi de Babylone (555-539 av. J.-C.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Prêtre en prière devant les symboles des dieux Marduk et Nabu

Autres références

  • ARCHÉOLOGIE (Archéologie et société) - Histoire de l'archéologie

    • Écrit par Jean-Paul DEMOULE
    • 5 390 mots
    • 7 médias
    ...de rois babyloniens qui ont découvert les restes de temples anciens et les ont restaurés. C'est le cas de Nabuchodonosor et surtout de son successeur, Nabonide, dernier roi de Babylone, de 555 à 539 avant notre ère. Ce souverain fit inscrire dans l'argile le récit de la redécouverte, à Larsa...
  • BABYLONE

    • Écrit par Guillaume CARDASCIA, Gilbert LAFFORGUE
    • 7 328 mots
    • 14 médias
    ...néo-babylonien tient tête aux États voisins et défend les merveilles de ses cités restaurées. Mais Nabuchodonosor n'a que des successeurs médiocres ; le seul qui se maintienne quelque temps sur le trône, Nabonide (556-539), suscite par ses bizarreries une solide impopularité et doit passer huit ans loin...
  • BALTHASAR

    • Écrit par Valentin NIKIPROWETZKY
    • 361 mots

    Balthasar (hébreu : bēlšaṣṣar ; akkadien : bēl-šarra-uṣṣur, c'est-à-dire « Que Bel protège le roi ! ») est mentionné dans le livre de Daniel ainsi que dans Baruch comme le fils de Nabuchodonosor et, selon Daniel, comme le dernier roi de Babylone avant l'entrée en scène...

  • CHUTE DE BABYLONE

    • Écrit par Jean-Claude MARGUERON
    • 178 mots
    • 1 média

    Nabonide, qui monta sur le trône de Babylone en — 556, conduisit une politique nouvelle en soutenant le culte du dieu lunaire Sîn contre Marduk, divinité tutélaire de Babylone : la réaction du clergé fut très vive et le nouveau souverain dut s'éloigner de Babylone. Il partit à Teima (actuelle...

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