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MARDUK ou MARDOUK

Le dieu le plus important du panthéon babylonien, à partir du ~ xiie siècle. C'est, dans la théologie classique, le fils d'Enki-Ea, le dieu de la sagesse, dont il a hérité la science, la magie et une grande compassion pour l'humanité.

Prêtre en prière devant les symboles des dieux Marduk et Nabu - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Prêtre en prière devant les symboles des dieux Marduk et Nabu

À l'origine, Marduk n'était qu'un dieu, agraire sans doute, de Babylone, dont le culte ne paraît pas avoir dépassé la notoriété locale. Il y occupait l'Esagil, la « maison à la tête élevée », que flanquait la tour à étages, la tour de Babel : l'Etemenanki, la « maison-fondement du ciel et de la terre ». Il ne devint divinité nationale que sous Nabuchodonosor Ier (~ 1124-~ 1103), après le retentissant succès remporté sur les Élamites, qui rendirent aux Babyloniens la statue du dieu qu'ils avaient précédemment enlevée.

Cet événement donna lieu à une floraison littéraire, dans laquelle on trouve le Poème de la Création, rédigé pour expliquer mythiquement comment les dieux ont abandonné la première place à Marduk. Celui-ci y apparaît comme le créateur du cosmos et l'initiateur de l'existence de l'homme. Puis les scribes du cercle de l'Esagil favorisent une tendance, d'ailleurs générale, à l'énothéisme, en concevant chaque divinité comme un aspect de leur dieu (Sin, le dieu-Lune, était Marduk quand il illuminait les cieux, etc.), mais ils ne purent éliminer les grandes divinités poliades des métropoles babyloniennes.

Tête de dragon, art assyro-babylonien - crédits :  Bridgeman Images

Tête de dragon, art assyro-babylonien

Marduk, pourtant, absorbe presque complètement la personnalité d'Enlil, de Nippur, comme représentant le pouvoir divin suprême et actif ; et le même nombre 50 les désigne l'un et l'autre ; il s'ensuit une cristallisation, autour de Marduk, de nombreuses épithètes glorifiant sa puissance. Son animal est le dragon ; sa planète, Jupiter ; son symbole, la houe, dernière trace de son caractère primitif. Son fils est Nabu, dieu de l'écriture ; à basse époque, ce dernier finit par concurrencer son père, que l'on appelle désormais simplement Bel (le « Seigneur »).

Lorsque les Assyriens eurent contact avec la Babylonie, ils manifestèrent le plus vif intérêt pour Marduk. Une seule tentative, due à Nabonide, roi de Babylone, de ~ 556 à ~ 539, chercha à faire reculer le culte du dieu, au profit de Sin, mais elle tourna court devant l'hostilité des Babyloniens et à cause de la mort du roi, défait par le Perse Cyrus ; et le triomphe de Marduk se prolongea jusqu'à l'extinction de sa ville, où Antiochus Ier construisit encore pour lui, à l'époque hellénistique.

— Daniel ARNAUD

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (section des sciences religieuses) Paris

Classification

Pour citer cet article

Daniel ARNAUD. MARDUK ou MARDOUK [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Prêtre en prière devant les symboles des dieux Marduk et Nabu - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Prêtre en prière devant les symboles des dieux Marduk et Nabu

Tête de dragon, art assyro-babylonien - crédits :  Bridgeman Images

Tête de dragon, art assyro-babylonien

Autres références

  • AKITU

    • Écrit par Daniel ARNAUD
    • 866 mots
    • 2 médias

    Mot qui désigne, dans la civilisation assyro-babylonienne, à la fois une des plus importantes fêtes du calendrier liturgique et civil et, en même temps, le temple où une part essentielle du rituel se déroulait. Peu de textes nous en transmettent le récit ; encore sont-ils lacuneux et souvent, volontairement...

  • ASSYRO-BABYLONIENNE RELIGION

    • Écrit par René LARGEMENT
    • 4 270 mots
    • 5 médias
    Lorsque Assur et Babylone devinrent capitales, leurs dieux propres, Assur pour l'Assyrie et Marduk pour la Babylonie, accédèrent au sommet du panthéon ; par opposition aux dieux du désordre dont sont issus le ciel, l'atmosphère et les eaux, ils sont considérés comme les dieux de l'ordre, dompteurs des...
  • BABYLONE

    • Écrit par Guillaume CARDASCIA, Gilbert LAFFORGUE
    • 7 328 mots
    • 14 médias
    ...Babylone, elle reprend la politique traditionnelle en essayant de vassaliser le royaume assyrien et parvient à se faire restituer (1134) les statues de Mardouk et de Tsarpanitoum enlevées par Toukoulti-Ninourta Ier en 1203. Mais à peine ces idoles ont-elles réintégré leurs sanctuaires qu'elles sont enlevées...
  • CRÉATION POÈME DE LA

    • Écrit par Daniel ARNAUD
    • 427 mots

    Nommé par les Modernes Poème de la création, ce texte babylonien (que les Anciens appelaient par son incipit : Lorsque en haut... ) raconte à la suite de quelles dramatiques circonstances Marduk devint, avec l'assentiment des autres dieux, la divinité suprême de Babylonie. Les sept chants...

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Voir aussi