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SÉMITES

L'adjectif « sémitique » a été forgé par l'orientaliste allemand A. L. Schlözel dans le tome VIII (1781) du Repertorium für biblische und morgenländische Literatur de J. G. Eichhorn, pour désigner des langues dont la parenté était perçue dès le Moyen Âge par les docteurs juifs : l'hébreu, l'araméen et l'arabe. L'appellation était choisie par référence au « tableau des peuples » de la Genèse (x) où Sem, fils de Noé, est donné comme le père d'Abram et l'ascendant d'Eber, éponyme des Hébreux, ainsi que de Yoqtan, ancêtre de diverses populations d'Arabie.

Cela est purement conventionnel, puisque le texte biblique range parmi les descendants de Sem les Élamites et les Lydiens, dont les langues n'étaient pas sémitiques, et, en revanche, fait des Cananéens des enfants de Cham, alors même que l'hébreu est défini ailleurs (Isaïe, xix, 18) comme la « langue de Canaan ». Néanmoins, l'usage s'en est universellement répandu et le terme « Sémites » a été appliqué à tous les peuples parlant ou ayant parlé des langues sémitiques, peuples qui ont joué un grand rôle dans le Proche- Orient asiatique dès l'aube de l'histoire et auxquels le monde actuel est redevable de l'écriture alphabétique et des trois grandes religions monothéistes : le judaïsme, le christianisme et l'islam. Le critère linguistique est le seul qui permette de définir avec certitude une famille sémitique et de postuler une unité préhistorique des Sémites.

L'hypothèse d'une origine commune des peuples sémitiques est d'autant plus vraisemblable qu'à la différence des Indo-Européens ou des Ouraliens ils ont occupé une aire continue et bien délimitée comprenant la péninsule arabique, la steppe syro-arabe et ce que l'égyptologue américain J. H. Breasted a appelé le «  Croissant fertile », à savoir la côte orientale de la Méditerranée depuis le Sinaï jusqu'au Taurus, la Syrie du Nord et la Mésopotamie.

Les Sémites dans l'histoire

La Mésopotamie

Les seules traces certaines des plus anciens Sémites sont des documents rédigés en un idiome sémitique ou des noms propres explicables par cette langue. C'est la Mésopotamie, où l' écriture cunéiforme inventée par les Sumériens apparaît dès le milieu du IVe millénaire, qui fournit les premiers témoignages. À partir de 2600, des tablettes cunéiformes présentent des anthroponymes sémitiques, puis de courts textes qui constituent les vestiges de l'« ancien accadien », dialecte archaïque du rameau oriental ou « accadien » des langues sémitiques. À cette époque, les éléments sémitiques paraissent plus nombreux au nord de la future Babylone, dans le pays d'Accad et au-delà, que dans la basse Mésopotamie, qui reste la terre des Sumériens. C'est dans le pays d'Accad que le Sémite Sargon l'Ancien fonde vers 2370 le premier empire mésopotamien, et sa dynastie soumet pour un temps les cités sumériennes. Cependant, on ne peut parler d'un conflit permanent entre Sémites et Sumériens : la présence dans une même famille de gens portant des noms sémitiques et d'autres portant des noms sumériens indique une compénétration des deux ethnies. En outre, les Sémites de Mésopotamie doivent aux Sumériens les traits essentiels de leur culture, à commencer par l'écriture cunéiforme, si mal adaptée fût-elle à la transcription d'un idiome sémitique. Tout au long de son histoire, la littérature d'expression accadienne est restée dépendante des modèles sumériens. Les Sémites de Mésopotamie doivent au substrat culturel sumérien et à la permanence de son prestige d'avoir conservé une physionomie les distinguant nettement de leurs congénères. La supériorité de leur culture, la relative solidité de leurs institutions, procédant de celles des cités-États de [...]

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Pour citer cet article

André CAQUOT. SÉMITES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AKKAD

    • Écrit par Gilbert LAFFORGUE
    • 2 890 mots
    • 3 médias

    Akkad (du sémitique Akkadû, forme à laquelle le scribe préférait Agadé) désigne à la fois une « ville de royauté » du IIIe millénaire avant J.-C. et la partie nord de la Babylonie. Du nom de la cité dérive le terme akkadien, qui sert à qualifier la dynastie royale d'Akkad, la population...

  • AMORRITES ou AMORRHÉENS

    • Écrit par Gilbert LAFFORGUE
    • 728 mots

    Amorrites, ou Amorrhéen, est un nom de peuple que les orientalistes ont tiré du mot akkadien Amourrou, par lequel les Mésopotamiens désignaient la région située à l'ouest de leur pays et aussi ses habitants.

    Comme les Amorrites n'ont pas écrit leur langue, nous ne les connaissons que par...

  • ARAMÉENS

    • Écrit par R.D. BARNETT
    • 1 910 mots
    • 1 média

    On groupe, sous le nom d'Araméens, une confédération de tribus qui parlaient un langage nord-sémitique et qui, entre le xie et le viiie siècle avant J.-C., occupèrent le pays d'Aram, région englobant des territoires assez étendus au nord de la Syrie. À la même époque, certaines...

  • ASSYRIE

    • Écrit par Guillaume CARDASCIA, Gilbert LAFFORGUE
    • 9 694 mots
    • 6 médias
    ...un temple « pour la vie de son maître », le roi d'Our, Amar-Souen (env. 2045). Puis, après l'effondrement de cet empire sous les coups des Amorrites ( Sémites venus de l'ouest), des inscriptions qui commencent vers 1970 indiquent qu'Assour est gouvernée par des princes indépendants qui portent des noms...
  • Afficher les 16 références

Voir aussi