ADN (acide désoxyribonucléique) ou DNA (deoxyribonucleic acid)

Les états topologiques de l’ADN

L’ADN, support de l'information génétique peut adopter différentes structures dans l’espace, dont la double hélice est la plus connue, mais pas nécessairement la plus représentée dans les chromosomes. Quoi qu’il en soit, la molécule d’ADN est une sorte de « cristal apériodique » dont la structure même permet de stocker l'information nécessaire au fonctionnement d'un organisme.

Réplication de l'ADN

Réplication de l'ADN

Réplication de l'ADN

Pour pouvoir se diviser, une cellule doit d'abord dupliquer son matériel génétique, l'ADN pendant la…

Elle doit, au cours de son « existence », assurer les fonctions suivantes dans la cellule : sauvegarde, réplication, transcription, réparation, recombinaison et transposition de l'information génétique. Seule la première de ces fonctions est passive et nécessite que l'ADN soit sous une forme aussi stable et peu réactive que possible, la double hélice. Les autres fonctions nécessitent que l'ADN soit au contraire sous une forme aussi « réactive » que possible. Pour ce faire, la molécule d’ADN doit adopter des repliements dans l’espace, en d’autres termes des topologies, différentes et adaptées chacune à la réalisation d’un type de fonction.

Enroulement de l’ADN sur lui-même

Une importante notion découle de la structure en double hélice de l'ADN : les deux brins ne s'étendent pas parallèlement l'un à l'autre, mais sont enchevêtrés. La séparation des brins que nécessite la copie de l'information génétique (réplication ou transcription) ne peut se faire qu'à la condition que l'un des brins tourne autour de l'autre, et cela implique que l'ADN possède des extrémités libres.

Au moment où Watson et Crick proposèrent leur modèle, il était admis que l'ADN possédait une structure linéaire. Cette opinion a été progressivement modifiée lorsqu'on a découvert que de nombreux génomes viraux étaient circulaires et ne présentaient donc aucune extrémité libre. Aujourd'hui, on peut considérer que la circularité est la règle générale, puisque l'ADN bactérien est circulaire et que même l'ADN des chromosomes est organisé en domaines circulaires (boucles). Bien plus, et de manière paradoxale, l'ADN de certains virus, qui se présente normalement sous forme linéaire, doit être circularisé avant d'être répliqué. Il y a donc un avantage pour le virus ou la cellule à posséder un ADN circulaire. Pourtant, pour des raisons que l'on comprendra aisément, même si toutes les liaisons hydrogène entre les deux brins d'un ADN circulaire sont rompues, ces deux brins restent enchevêtrés et ne peuvent se séparer. On dit qu'ils sont liés par des liens topologiques, définis par la valeur L. Considérons un ADN double brin dans la structure B : il possède approximativement dix paires de bases (pb) par tour d'hélice, soit, pour un ADN de 5 000 pb, 500 tours d'hélice droite. Cette valeur, appelée tortillement (T), qui dépend directement de l'angle de pivotement, est hautement variable en fonction de l'environnement physico-chimique dans lequel se trouve l'ADN. Par exemple, une élévation de température diminue la valeur de T, donc « détord » l'ADN ; la fixation de nombreux produits chimiques et, ce qui est plus intéressant, de certaines protéines va dans le même sens. Au contraire, une élévation de la force ionique, de même que la fixation de certaines molécules, augmente T et « tord » l'ADN.

On doit à Jerome Vinograd la découverte de l'ADN surenroulé, par ses travaux sur le virus de polyome. Dans la quasi-totalité des cas, l'ADN circulaire naturel est non pas relâché (L = T), mais négativement surenroulé (L < T). Quels sont donc les raisons et les avantages d'une telle situation ? Un ADN surenroulé possède, du fait de sa tension, une énergie potentielle supérieure à celle d'un ADN relâché. La différence d'énergie, dite[...]

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Écrit par

  • Michel DUGUET : professeur à l'université de Paris-Sud
  • E.U. : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
  • David MONCHAUD : docteur ès sciences, chargé de recherche au CNRS
  • Michel MORANGE : biologiste, professeur à l'université de Paris-VI et à l'École normale supérieure

Classification

Pour citer cet article

Michel DUGUET, E.U., David MONCHAUD, Michel MORANGE, « ADN (acide désoxyribonucléique) ou DNA (deoxyribonucleic acid) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

Média

Premier modèle de la double hélice d’ADN

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En 1953, le modèle de la double hélice d'ADN est publié dans la revue Nature. Utilisant des clichés…

Structure en double hélice de l'ADN

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Structure tridimensionnelle en double hélice de l'ADN, proposée par J. Watson et F. Crick. Cette…

Réplication de l'ADN

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Ce schéma montre par quel mécanisme théorique peuvent être obtenues, à partir de la double hélice de…

Autres références

  • ADN ET INFORMATION GÉNÉTIQUE

    • Écrit par Nicolas CHEVASSUS-au-LOUIS
    • 1 311 mots

    Jusqu'en 1944, on ignorait quelle pouvait être la nature chimique de la molécule présente dans les chromosomes et porteuse de l'information génétique. Alors que la plupart des chercheurs pensaient qu'il s'agissait de protéines, deux publications viennent montrer, en 1944,[...]

  • SÉQUENÇAGE D'ADN, en bref

    • Écrit par Nicolas CHEVASSUS-au-LOUIS
    • 952 mots

    Dès son entrée à l'université de Cambridge en 1940, le Britannique Frederick Sanger se passionne pour la structure des macromolécules. En 1955, il publie la première séquence protéique, celle de l'insuline, qui lui vaut le prix Nobel de chimie en 1958. Il se tourne ensuite[...]

  • SÉQUENÇAGE HAUT DÉBIT DE L'ADN

    • Écrit par Véronique BLANQUET, Nathalie DUPRAT, Lionel FORESTIER
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    • 8 médias

    La génomique, qui regroupe tout un ensemble d’analyses parmi lesquelles le séquençage de l’ADN, est une discipline de la biologie moderne dédiée à l’étude des génomes. Elle permet, à l’échelle d’un organisme, d’étudier la structure de ses gènes, leurs variations, leur fonctionnement,[...]

  • STRUCTURE EN DOUBLE HÉLICE DE L'ADN

    • Écrit par Pascal DURIS
    • 1 378 mots
    • 1 média

    L'acide désoxyribonucléique (ADN), qui constitue les chromosomes, est le détenteur de l'information héréditaire. Sa structure tridimensionnelle est élucidée en 1953, via l'étude des diagrammes de diffraction de cette molécule aux rayons X, grâce à la collaboration d'un jeune biologiste[...]

  • ANTIBIORÉSISTANCE

    • Écrit par Aurélie CHABAUD, Sylvain MEYER, Marie-Cécile PLOY
    • 32 482 mots
    • 4 médias
    Le deuxième niveau est le développement du séquençage de l’ADN d’isolats et de prélèvements. L’essor de nouveaux outils technologiques permet aussi d’accéder rapidement à de plus grandes quantités d’informations, en recherche, pour mieux comprendre la dissémination des gènes de résistance. Par exemple,[...]
  • ANTIBIOTIQUES

    • Écrit par Aurélie CHABAUD, Sylvain MEYER, Marie-Cécile PLOY
    • 37 173 mots
    • 6 médias
    Les quinolones (acide nalidixique), et les fluoroquinolones (ofloxacine, ciprofloxacine…) interviennent lors de la réplication de l’ADN et, par conséquent, interfèrent avec la multiplication des bactéries. Ces molécules entraînent une inhibition de la synthèse de l’ADN par fixation sur les[...]
  • ARCHÉES ASGARD

    • Écrit par Patrick FORTERRE
    • 20 813 mots
    • 3 médias
    [...]connaissance de la diversité microbienne a été bouleversée par les approches dites de « métagénomique ». La possibilité de séquencer massivement tout l’ADN présent dans un environnement donné à moindre coût grâce à la technique du séquençage à haut débit a permis de reconstituer, par des méthodes informatiques,[...]
  • ARCHÉOBACTÉRIES ou ARCHÉES

    • Écrit par Patrick FORTERRE
    • 11 752 mots
    [...]classiques deviennent perméables à haute température, ce qui empêche la formation des gradients de protons ou d'autres ions nécessaires à la synthèse d'ATP. Un autre facteur qui a sans doute permis à certaines archées d'évoluer vers le caractère hyperthermophile est l'acquisition d'une enzyme particulière,[...]
  • ARN (acide ribonucléique) ou RNA (ribonucleic acid)

    • Écrit par Marie-Christine MAUREL
    • 15 243 mots
    • 2 médias
    L'hypothèse repose sur l'interprétation de certains actes métaboliques actuels et sur de nombreux résultats expérimentaux.Ainsi, les désoxyribonucléotides nécessaires à la synthèse de l'ADN sont fabriqués dans toute cellule vivante à partir des ribonucléotides de l'ARN. La[...]
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Voir aussi