ADN (acide désoxyribonucléique) ou DNA (deoxyribonucleic acid)

Les structures de l’ADN

Avant 1944, il était donc difficile d’imaginer que l’acide désoxyribonucléique, l’ADN, pouvait être le support matériel de l’hérédité. Sa composition chimique assez pauvre (seulement quatre bases organiques, du phosphate et un sucre, le désoxyribose) paraissait incapable de coder la diversité des protéines d’un organisme. La préférence allait aux protéines, si diverses. Deux expériences célèbres démontrèrent le contraire. En 1944, Oswald Avery, Colin MacLeod et Maclyn McCarthy montrent que l’ADN et lui seul détermine l’hérédité d’un caractère physique d’une cellule. En 1952, Alfred Hershey et Martha Chase confirment cette démonstration de manière indépendante, et peut-être plus convaincante. Ainsi, le patrimoine génétique d’un organisme est inscrit, codé, dans son ADN. Cependant, ces résultats, même brillants, n’indiquaient rien quant au code utilisé par l’ADN pour définir des protéines, ni quant à la manière dont ce matériel pouvait être recopié pour être transmis à l’identique aux cellules filles lors de la division cellulaire. Il a alors été a progressivement compris que ces phénomènes sont étroitement liés à la structure de la molécule d’ADN et à son organisation dans l’espace : la double hélice en est la plus ancienne et la plus connue, mais d’autres structures de l’ADN existent, dont l’ADN à quatre brins, dit ADN quadruplexe, structure plus récemment identifiée et qui joue un rôle essentiel en biologie.

La double hélice de l’ADN

La manière d’envisager les problèmes essentiels liés à l’hérédité change brutalement en 1953, avec la découverte de la structure dans l’espace en double hélice (dite duplexe) de l’ADN, par James Watson, Francis Crick, Maurice Wilkins et Rosalind Franklin, certainement l’une des découvertes scientifiques les plus marquantes de la biologie du xxe siècle. Son impact fut immense et légitime puisque ces travaux ont donné une structure physique au support de l’information génétique et ont permis de comprendre les mécanismes cellulaires cruciaux dans lesquels l’ADN est impliqué. Cette double hélice se caractérise par une organisation tridimensionnelle tout à fait particulière.

– Elle est constituée de deux brins d’acides nucléiques, longs polymères constitués par l’enchaînement d’unités monomériques nucléotidiques (ou nucléobases) reliées entre elles par du phosphate, et qui s’enroulent l’un autour de l’autre pour former une double hélice dextrogyre (ou d’hélicité droite).

– Cet enroulement est dit « antiparallèle », car l’orientation des deux brins, qui répond au formalisme « 5’ vers 3’ » dicté par la numérotation de deux des groupements hydroxyles des désoxyriboses, est coaxiale, mais de sens inverse.

– Cet enroulement n’est pas parfaitement symétrique : l’assemblage du duplexe entraîne la formation de deux sillons inégaux, dits petits et grands sillons, qui présentent une accessibilité aux nucléobases différente (ce qui joue un rôle important dans la fixation et l’activité des protéines se liant à l’ADN).

Bases de l’ADN et leurs associations possibles

Bases de l’ADN et leurs associations possibles

Bases de l’ADN et leurs associations possibles

Bases de l'ADN (a) et les différentes associations qu'elles peuvent réaliser, en paires, triplets et…

– Enfin, la cohésion de la structure duplexe est assurée par un réseau de liaisons faibles en énergie, non covalentes, dites liaisons hydrogène (ou liaisons H) entre des nucléobases de chaque brin selon un mode d’association spécifique dit « appariement de Watson-Crick », au sein duquel une guanine (G) s’associe avec une cytosine (C) par la création de trois liaisons H (GC), alors qu’une thymine (T) s’associe avec une adénine (A) pardeux liaisons H seulement (TA).

La connaissance précise de la structure duplexe de l’ADN permet de comprendre des mécanismes cellulaires essentiels, au premier rang desquels la réplication (c’est-à-dire la synthèse de deux duplexes d’ADN identiques au duplexe parent, ce qui est à la base de[...]

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Écrit par

  • Michel DUGUET : professeur à l'université de Paris-Sud
  • David MONCHAUD : docteur ès sciences, chargé de recherche au CNRS
  • Michel MORANGE : biologiste, professeur à l'université de Paris-VI et à l'École normale supérieure
  • Universalis

Classification

Pour citer cet article

Michel DUGUET, Universalis, David MONCHAUD, Michel MORANGE, « ADN (acide désoxyribonucléique) ou DNA (deoxyribonucleic acid) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

Média

Premier modèle de la double hélice d’ADN

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En 1953, le modèle de la double hélice d'ADN est publié dans la revue Nature. Utilisant des clichés…

Structure en double hélice de l'ADN

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Structure tridimensionnelle en double hélice de l'ADN, proposée par J. Watson et F. Crick. Cette…

Réplication de l'ADN

Réplication de l'ADN

Réplication de l'ADN

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Voir aussi