TOGO
Nom officiel | République togolaise |
Chef de l'État et du gouvernement | Jean-Lucien Savi de Tové - depuis le 3 mai 2025 |
Chef de l'État et du gouvernement | Faure Gnassingbé - depuis le 4 mai 2005 (Première ministre : Victoire Tomegah Dogbé (depuis le 28 septembre 2020).) |
Capitale | Lomé |
Langue officielle | Français |
Population |
9 304 337 habitants
(2023) |
Superficie |
56 790 km²
|
Limité au nord par le Burkina Faso et au sud par le golfe de Guinée, le Togo forme un étroit corridor de 56 790 km2 entre le Ghana à l’ouest et le Bénin à l’est. Ce petit État de l’Afrique de l’Ouest a accédé à l’indépendance le 27 avril 1960. Il correspond à la partie administrée par la France au lendemain de la Première Guerre mondiale – sous mandat de la Société des Nations puis des Nations unies – de l’ancien protectorat allemand du Togoland (1884-1914).
La diversité de ses paysages naturels et des populations qui le composent font la richesse de ce petit pays, en dépit des très fortes inégalités socio-économiques qui existent entre ses différentes régions. Ainsi, la région maritime qui concentre les plus riches plantations, les ressources en phosphates et où se trouve la capitale Lomé avec son port en eau profonde, est de loin la mieux lotie.
Le 13 janvier 1963, le premier président de la République Sylvanus Olympio est assassiné par un groupe de militaires conduit par le sergent Étienne Gnassingbé Eyadéma. Ce dernier, devenu colonel, renverse le 13 janvier 1967 le gouvernement civil dirigé par Nicolas Grunitzky. Le colonel puis général Eyadéma s’installe au pouvoir et y reste jusqu’à sa mort le 5 février 2005. Son fils Faure Gnassingbé lui succède dans des conditions douteuses – et au prix d’une sanglante répression.
Le Togo fait partie des pays les moins avancés. Toutefois, ses potentialités agricoles et minières combinées à la stabilisation de sa vie politique et à la reprise des investissements étrangers et de l’aide publique au développement, après la levée des sanctions imposées par l’Union européenne de 1993 à 2007, laissent entrevoir de sérieuses possibilités de développement.
Géographie
Le Togo figure parmi les pays les moins avancés (P.M.A.) depuis le début des années 1980. Classé 162e État du monde sur 187 en 2015, selon l’indice de développement humain (I.D.H.) défini par le Programme des Nations unies pour le développement (P.N.U.D.), il affiche également un taux d'analphabétisme d'environ 50 %, et près de 40 % de sa population vit sous le seuil de pauvreté. Ce sont autant de chiffres qui décrivent assez l'état de ce pays côtier du golfe de Guinée. Pourtant, le Togo a bien des atouts, de sa diversité naturelle et humaine à sa situation de carrefour entre des axes de communication majeurs, nord-sud et est-ouest. L'héritage colonial et l'histoire politique troublée post-indépendance (1960) sont pour beaucoup dans la situation actuelle du pays, qui connaît toutefois un taux de croissance annuel de son P.I.B. de plus de 5 % depuis 2009.
Diversité naturelle sur un petit territoire national
Avec 56 790 kilomètres carrés de superficie, le Togo est un « petit » pays de forme allongée, comme ses voisins, mais plus étroit : 100 kilomètres dans sa plus grande largeur (et 55 km seulement de littoral, de la frontière du Ghana à l'ouest à celle du Bénin à l'est) pour 540 kilomètres du nord au sud. Cette forme étirée entre le 6e et le 11e degré de latitude nord est directement héritée de la colonisation européenne. L'Allemagne, en 1884, délimita le protectorat du Togoland à la demande de commerçants allemands installés à Lomé et qui souhaitaient éviter de tomber sous le contrôle des autorités britanniques de la Gold Coast. Après la Première Guerre mondiale, en 1920, le Togoland fut partagé entre Britanniques et Français. Les premiers héritèrent d'un tiers du territoire qu'ils rattachèrent à la Gold Coast (actuel Ghana), les seconds firent du Togo une colonie à part entière, indépendant du Dahomey (actuel Bénin) voisin.
Sur ce petit espace, la diversité naturelle est forte. Entre les savanes soudaniennes du nord du pays, qui évoquent les paysages du Burkina Faso voisin et connaissent le même rythme climatique alterné (une saison sèche et une saison pluvieuse), et la plaine littorale faiblement arrosée (750 mm annuels répartis sur deux saisons des pluies) et bordant un rivage rectiligne au sud, se détachent les monts Kabyè (800 m d'altitude en moyenne), nettement plus arrosés et densément peuplés, le bassin du fleuve Mono et les reliefs du Sud-Ouest où se trouve le point culminant du pays (986 m au mont Agou) dans un environnement équatorial et forestier. L'ensemble des reliefs qui prennent ainsi en écharpe le pays sont le prolongement de la chaîne de l'Atakora.
Les déséquilibres de l'espace togolais
Dans ce cadre se répartissent une quarantaine d'ethnies, mais deux foyers de peuplement denses se distinguent. Le pays Kabyè, dans le nord du pays, fut un territoire refuge pour l'ethnie du même nom qui y a développé une agriculture intensive sur les versants. Les Kabyè (groupe Kabyè-Tem) pèsent pour près de 30 % de la population nationale (selon le recensement de 2010). Au sud, le foyer Éwé-Mina-Ouatchi (groupe Adja-Fon) constitue l'autre région de peuplement dense et représente environ 40 % de la population du pays. C'est entre ces deux groupes que s'est jouée l'histoire du Togo. Favorisées durant la période coloniale par leur plus grande proximité avec les autorités, un meilleur accès au système éducatif et leur assimilation dans le système économique, les populations éwé ont été écartées du pouvoir politique (mais pas économique) après sa prise de contrôle en 1967 par le général Eyadéma appuyé par l'armée. À l'extrême nord du pays, entre les monts Kabyè et la frontière du Burkina Faso, 16 % des Togolais appartiennent au groupe Para-Gourma (dont les principales ethnies sont les Moba et les Gourma). Les autres groupes ethniques du pays sont très minoritaires.
Grossièrement, ce découpage ethno-linguistique du pays est entériné par le découpage administratif du pays en cinq régions (elles-mêmes subdivisées en préfectures) du sud au nord : Maritime, Plateaux, Centrale, Kara, Savanes. Entre ces régions, la répartition de la population est déséquilibrée : près de 50 % des 7 millions de Togolais (estimation de 2014) sont concentrés dans la région maritime, dont plus d’un million à Lomé, la capitale du pays située dans son extrême coin sud-ouest, à la frontière avec le Ghana.
Ces régions connaissent aussi des inégalités socio-économiques fortes, les mieux loties étant la région Maritime et celle de la Kara. La première concentre en effet l'essentiel du potentiel économique national : la capitale, Lomé, cœur économique du pays, les mines de phosphate de Kpémé, longtemps principale source de la richesse nationale et dont l’exploitation est modernisée grâce notamment à des investissements étrangers, les zones de plantations de café et cacao (région de Kpalimé) ainsi que les cocoteraies et palmeraies de la zone littorale. La région de la Kara correspond au pays Kabyè, elle a bénéficié de toutes les attentions du régime du général Eyadéma, lui-même kabyè. La ville de Kara a été richement dotée en infrastructures : une université, un aéroport (à Niamtougou), et a bénéficié des investissements privés de dignitaires du régime. À l'opposé, le centre du pays et plus encore l'extrême nord (région des Savanes), moins densément peuplés, peuvent être considérés comme nettement sous-équipés.
Cette géographie déséquilibrée se traduit aussi par un réseau urbain mal hiérarchisé. Lomé est une capitale macrocéphale, en croissance accélérée depuis les années 1950, démesurément étendue. Concentrant centralités politique et économique, Lomé est aussi la porte d'entrée du Togo grâce à son port auquel s'adjoint une zone industrielle (modeste à l'échelle internationale mais sans compétiteur au Togo). Les autres villes du pays sont des bourgades en comparaison, aucune n'atteignant les 100 000 habitants et, mis à part Kara, ont essentiellement des fonctions administratives et de marchés locaux. Sokodé est la deuxième ville du pays, suivie de Kara, Kpalimé et Atakpamé.
Comment lire l'espace togolais : en latitude ou en longitude ?
Il y a deux lectures possibles de la géographie du Togo. Sur le plan des flux économiques, le pays est un axe nord-sud. La route nationale qui part de Lomé et traverse le pays pour aboutir au Burkina Faso est un axe de transit international débouchant sur le port de Lomé. Celui-ci, un des rares en eau profonde de l'Afrique de l'Ouest, est un port d'éclatement pour le commerce régional et un poumon pour les pays sahéliens enclavés. Il est aussi intégré à une zone industrialo-portuaire qui a le statut de zone franche depuis 1989. Outre ses deux môles (l'un pour le vrac solide construit en 1967, l'autre aménagé en 1984 pour les conteneurs) et son terminal à conteneurs de 100 000 mètres cubes, il accueille de vastes entrepôts qui servent de magasins de transit à l'export ou sont concédés pour le stockage des marchandises en provenance ou à destination des pays enclavés (Burkina Faso, de loin le premier client, Mali et Niger). À la suite de la crise ivoirienne au début des années 2000, les flux de marchandises par mer et par voie terrestre qui se dirigeaient vers Abidjan se sont très nettement réorientés au profit de Lomé. En 2013, un nouveau terminal à conteneurs a été ouvert avec une participation chinoise de 50 % (China Merchants Holding), puis, en 2014, un autre terminal est construit par une filiale du groupe Bolloré Africa Logistics. Ces extensions portuaires renforcent le rôle régional du port de Lomé. La capitale du pays domine donc plus que jamais l’économie nationale, d’autant plus qu’elle a aussi été dotée de nouvelles infrastructures routières et de transport aérien grâce à la construction d’un nouvel aéroport international (ouvert en 2015). Dans le même temps, les investissements chinois augmentent fortement.
Perpendiculaire à cet axe nord-sud, la route côtière fait de la région sud du pays un véritable couloir de communication régional puisqu'elle relie le géant nigérian à la Côte d'Ivoire. Droits de douane et prélèvements sur les trafics illégaux sont une véritable manne pour le pays. Les jeux sur les cours des monnaies nigériane et ghanéenne par rapport au franc CFA rendent les trafics transfrontaliers très fructueux, et ils sont favorisés par le fait que le groupe éwé est lui-même transfrontalier.
Cette situation de carrefour a permis le développement d'une élite économique dans le sud du pays, dont les personnages les plus emblématiques sont les célèbres revendeuses de tissus appelées nana-benz qui, à partir de cette activité, ont diversifié leurs investissements et sont devenues une véritable force d'influence politico-économique. De ces échanges internationaux a aussi profité la forte communauté commerçante syro-libanaise implantée à Lomé.
À l'opposé, une autre lecture géographique du pays est celle de l'opposition entre le « Nord » et le « Sud ». Cette pseudo-division du pays remonte à la période allemande durant laquelle le Nord avait été fermé à la colonisation. Certes, elle correspond à des contrastes culturels (on peut ainsi distinguer les groupes et les régions en fonction de leurs bases alimentaires traditionnelles : mil au nord, igname au centre et maïs au sud), mais elle a ensuite été renforcée et instrumentalisée politiquement par le régime Eyadéma (1967-2005). Elle est la cause depuis longtemps de tensions politiques et, de 1991 au début des années 2000, de violences graves qui ont entraîné jusqu’en 2007 l’arrêt des aides internationales et de la coopération avec l’Union européenne. Le décès du général Eyadéma en 2005 a en effet permis d'envisager une sortie de crise, même si c'est son fils, Faure Gnassingbé, que l'armée a imposé comme successeur à la tête de l'État et que ce dernier a depuis lors toujours été réélu.
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Écrit par
- Jean DU BOIS DE GAUDUSSON : vice-président de l'université de Bordeaux-I, doyen de la faculté de droit
- Philippe GERVAIS-LAMBONY : professeur à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense
- Agnès LAINÉ : docteur en histoire de l'université de Paris-I, chercheuse associée au Centre d'études des mondes africains, unité C.N.R.S. 8171
- Francis SIMONIS : maître de conférences d'histoire de l'Afrique, habilité à diriger des recherches, université d'Aix-Marseille
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Autres références
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TOGO, chronologie contemporaine
- Écrit par Universalis
-
AFRIQUE (Histoire) - Les décolonisations
- Écrit par Marc MICHEL
- 12 429 mots
- 24 médias
L'évolution commença par leTogo et le Cameroun, avec des spécificités dues au statut particulier de ces deux territoires soumis au contrôle de l'O.N.U. En 1956, le plébiscite en faveur de l'intégration de la partie occidentale du Togo à la Gold Coast et la mise en place d'un gouvernement autonome... -
ÉWÉ ou ÉVHÉ
- Écrit par Encyclopædia Universalis et Jacques MAQUET
- 475 mots
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EYADÉMA GNASSINGBÉ (1935-2005)
- Écrit par Comi M. TOULABOR
- 790 mots
Le général Gnassingbé Eyadéma a exercé sur le Togo une dictature implacable pendant trente-huit ans. Les failles sont nombreuses dans son curriculum vitae.
Sa date de naissance officielle, fixée au 26 décembre 1935, relève d'une imagination fertile. Il serait plus exact de dire qu'Étienne Eyadéma...
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GHANA
- Écrit par Monique BERTRAND et Anne HUGON
- 7 217 mots
- 6 médias
La marche à l'indépendance est entravée un temps par deux obstacles. D'une part, la question du devenir duTogo sous mandat britannique, dont la population éwé semble souhaiter une réunification avec la partie française : mais, en 1956, l'O.N.U. se déclare favorable à un plébiscite, dont le résultat...
Voir aussi
- GOLD COAST ou CÔTE-DE-L'OR
- COMMUNICATION VOIES DE
- ALLEMANDS TERRITOIRES COLONIAUX
- PHOSPHATES
- DÉMOCRATISATION
- GNASSINGBÉ FAURE (1966- )
- GRUNITZKY NICOLAS (1913-1969)
- SOUS-DÉVELOPPEMENT
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- AFRIQUE NOIRE, histoire, période coloniale
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