- 1. Géographie
- 2. La période coloniale : le Congo belge
- 3. Problèmes de la décolonisation
- 4. Les années du mobutisme
- 5. Une transition démocratique détournée
- 6. La chute de Mobutu et l'arrivée de Kabila
- 7. Le Congo dans la guerre et la difficile sortie du conflit
- 8. Chronologie contemporaine
- 9. Bibliographie
CONGO RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU
Nom officiel | République démocratique du Congo |
Chef de l'État | Félix Tshisekedi - depuis le 25 janvier 2019 |
Chef du gouvernement | Judith Suminwa Tuluka - depuis le 1er avril 2024 |
Capitale | Kinshasa |
Langue officielle | Français (Le kongo, le lingala, le swahili et le tshiluba sont langues nationales.) |
Population |
105 789 731 habitants
(2023) |
Superficie |
2 344 860 km²
|
Grande comme plus de quatre fois la France et richement dotée en ressources minières, la République démocratique du Congo (R.D.C.) – Congo belge de 1908 à 1960, elle s’appela République du Congo de 1960 à 1964 et Zaïre de 1971 à mai 1997 – compte pourtant parmi les pays les moins avancés de la planète. La désagrégation des structures économiques formelles et la crise du contrôle politique autoritaire postcolonial l'éloignent de plus en plus des voies reconnues du développement, rendant précaires les conditions de vie des populations. Pourtant, dans son apparent chaos, cette société invente des modes de régulation sociale adaptés au contexte de rareté et de misère qui y prévaut et qui, faute de mener à une modernisation de type occidental, permet la survie des habitants.
À cheval sur l'équateur, s'étendant dans le vaste bassin du fleuve dont il a repris le nom et n'accédant à l'océan Atlantique que par une étroite façade maritime de 50 kilomètres, la R.D.C. est située au centre du continent africain et partage ses frontières avec neuf pays : à l'ouest, le Congo ; au nord, la République centrafricaine et le Soudan du Sud ; à l'est, l'Ouganda, le Rwanda, le Burundi et la Tanzanie ; au sud, la Zambie et l'Angola.
Sur cet espace vivaient différentes sociétés, principalement Kongo, Kwangu-Kwilu, Luba, Bwaka et Azandé. Elles étaient organisées en royaumes indépendants. Elles se retrouvèrent englobées dans une entité coloniale après que l'implantation de comptoirs commerciaux installés sur le fleuve à partir de 1876 par l'Association internationale du Congo, propriété personnelle du roi Léopold II de Belgique, eut abouti à la reconnaissance internationale en 1885. En échange de la liberté du commerce dans le bassin conventionnel du fleuve, les puissances européennes acceptaient la constitution de l'État libre du Congo, correspondant à un territoire dont le roi Léopold devint le chef. Lors de la négociation, le Portugal obtint le maintien de ses positions sur les côtes de l'Atlantique, tandis que la France se voyait confirmer sa très récente installation sur la rive droite du Congo.
Le Congo belge fut conçu par ses fondateurs comme une entreprise d'intense exploitation d'un territoire aux ressources prometteuses. Après de longues tergiversations et à cause de difficultés financières, le roi abandonna sa souveraineté personnelle au profit de l'État belge qui assuma la responsabilité formelle de la colonie à partir de 1908. Les populations contribuèrent lourdement à l'effort de guerre. La croissance rapide des années 1920, liée au développement des plantations et de l'extraction minière, fut bloquée par la crise et, durant la Seconde Guerre mondiale, la colonie connut une quasi-autonomie par rapport à la métropole occupée par les Allemands. Les Alliés la firent participer activement à leur effort de guerre.
Une nouvelle expansion économique eut lieu entre 1949 et 1956, mais la population africaine n'y fut pas directement associée, et le colonisateur se garda bien de former une élite locale. Jusqu'à la fin des années 1950, la métropole refusa d'envisager l'émancipation de sa colonie, attitude qui entraîna une décolonisation particulièrement désastreuse. Des manifestations suivies d'émeutes éclatèrent en 1959 à Léopoldville. Des négociations tenues à Bruxelles l'année suivante permirent de fixer la date de l'indépendance au 30 juin 1960, mais les élections donnèrent la majorité aux partis nationalistes les moins enclins au compromis avec l'ancienne métropole. Des troubles graves endeuillèrent le pays aux mois de juillet et de septembre 1960, tandis que se manifestaient, en particulier au Katanga, des tendances sécessionnistes.
Patrice Lumumba est assassiné en janvier 1961. L'intervention des troupes de l'O.N.U. permet l'amélioration de la situation, mais l'unité du pays est difficile à maintenir. Le coup d'État de 1965 porte au pouvoir le chef de l'armée nationale, le général Mobutu, dans lequel les États-Unis voient un garant de l'unité du pays et un rempart contre le communisme. L'année suivante, Mobutu fonde le Mouvement populaire de la révolution ( M.P.R.), parti unique et outil d'une autocratie qui assure pour un temps une certaine stabilité, mais qui, ne reculant ni devant la répression ni devant la corruption, n'empêche pas le pays de sombrer. La contestation politique et la revendication démocratique existent depuis la fin des années 1970. Le contexte mondial de 1990 donne à l'opposition l'occasion de s'exprimer et force la reconnaissance du multipartisme. Pourtant, la transition s'enlise au milieu de troubles graves habilement utilisés par le président-fondateur Mobutu qui parvient, en 1994, à s'imposer à nouveau sur la scène internationale comme un interlocuteur incontournable, avant d'être définitivement évincé en 1997.
Avec une population de plus de 50 millions d'habitants, la R.D.C. constitue un vaste chantier dans lequel l'État est à construire. Si les ressources naturelles sont encore disponibles, la société est profondément transformée par rapport à la situation de 1960. L'urbanisation importante a changé les données. La déstabilisation du régime entre 1990 et 1996, puis les guerres qui se sont succédé presque sans discontinuer depuis lors, ont déplacé la conduite du redressement du pays vers un pilotage international très délicat. Aussi l'essor de ce « géant » potentiel de l'Afrique noire ne peut-il être envisagé que dans le long terme.
Géographie
Les aspects physiques
La structure physique isole de l'océan le centre du pays. Le bord occidental de la cuvette est suffisamment relevé pour imposer au fleuve Congo la traversée de hauts plateaux accidentés, où sa vallée en gorge s'encombre de violents rapides. De Kinshasa à Matadi, le fleuve cesse d'être navigable. Malgré sa façade maritime, la R.D.C. serait économiquement enclavé si, dès 1898, un chemin de fer n'avait été construit pour doubler les rapides.
Les aspects physiques sont à la fois divers et monotones : monotonie d'ensemble ; diversité de détail. Les surfaces calmes prédominent. Cependant, les vraies plaines sont rares. Pas de plaine maritime. Très peu de plaines alluviales. Le Congo coule le plus souvent entre des rives vigoureuses, qui s'écartent seulement autour du Stanley Pool, puis en aval de Boma. Les seules plaines de quelque étendue sont en amont ou en aval de certains grands lacs orientaux, ou bien correspondent à des surfaces marécageuses au cœur de la cuvette (marais de la N'Giri, par exemple, entre le Congo et l'Ubangi). Ailleurs, le paysage dominant est le plateau, dégagé dans les terrains sédimentaires de la cuvette et de ses auréoles ou taillant le socle précambrien, qui, sauf au Kwango, constitue le bourrelet périphérique : plateau calme comme une immense table, par exemple dans la région de Kamina, le sud du Kwango ou la zone de partage des eaux entre le Zambèze et le Congo (Katanga méridional) ; plateau disséqué en collines comme dans le Mayumbe, au nord de Boma. Le socle précambrien du bord oriental a été porté à haute altitude et en même temps haché par l'alignement des fossés où se logent les lacs Albert, Édouard, Kivu et Tanganyika. Les flancs de ces fossés qui ont parfois de 2 000 à 3 000 mètres de commandement ont été déchirés par l'érosion et font figure de véritables montagnes. C'est sur la frontière orientale du pays que se trouvent ainsi les points culminants : le Ruwenzori, bloc précambrien soulevé à 5 120 mètres et qui conserve, sous l'équateur, quelques glaciers ; le Karisimbi (4 500 m), le plus haut des appareils volcaniques des Virunga, sur la frontière du Rwanda, au nord du lac Kivu.
Le socle périphérique renferme les principales richesses minérales : l'or du Nord-Est et de l'Est (en quantités très modestes), l'étain du Maniema et du Katanga septentrional, le cuivre surtout (et les minéraux qui lui sont souvent associés comme le cobalt, le cadmium, l'uranium et le zinc) dans le sud du Katanga, le manganèse enfin, dans le sud-ouest de cette dernière province. Les terrains sédimentaires de la partie centrale sont minéralement très pauvres, sauf dans une partie du Kasaï (et notamment dans la région de Mbuji Mayi) où ils ont été traversés par des cheminées diamantifères. Des terrains d'âge primaire, au Katanga, contiennent un peu de charbon (Luena, Albertville). Le bassin côtier laisse espérer du pétrole (espoirs très modérés). Cependant, la source principale d'énergie reste les rivières, au débit abondant, qui sont entrecoupées de rapides et de chutes. Le seul aménagement du fleuve Congo, à Inga, en amont de Matadi, assurerait une puissance de 32 millions de kilowatts.
Monotonie aussi des conditions climatiques, mais diversité des nuances. Le pays chevauche l'équateur. La partie centrale est donc dotée d'un climat typiquement équatorial, avec des pluies abondantes (plus de 1 500 mm par an) réparties sur toute l'année et des températures oscillant faiblement autour de 26 0C. Au nord et au sud, une saison sèche apparaît et croît en durée et en rigueur avec la latitude. Dans la plus grande partie du pays, elle ne dépasse pas trois mois d'affilée. Dans le Bas-Congo, elle peut atteindre cinq mois (de juin à octobre ; sa longueur anormale, à une telle latitude, est liée indirectement à l'existence, le long de la côte atlantique, d'une remontée d'eaux fraîches, connue sous le nom de courant de Benguela). Dans l'extrême sud du Katanga, elle dure sept mois. Partout, cependant, le total annuel des pluies est élevé et dépasse souvent largement 1 000 mm. Les seules exceptions sont sur le rivage atlantique même et dans le fond de certains fossés orientaux.
La végétation est en accord avec les conditions climatiques et morphologiques. L'immense forêt équatoriale (plus de 1 million de kilomètres carrés) couvre la partie centrale et gravit les reliefs orientaux où l'altitude modifie sa composition floristique. Ailleurs, les plateaux sont couverts d'une mosaïque de forêts et de savanes avec un principe ordonnateur généralement respecté : les plateaux, plus secs et dotés souvent de revêtements sableux pauvres, portent des savanes, la forêt garnit les vallées où elle se réduit parfois à d'étroits rubans, ou même à de simples rideaux. Dans le Katanga méridional et dans le sud du Kwango, les savanes alternent avec une forêt tropicale, plus ou moins dégradée, faite d'arbres légers (acacia, albizzia, brachystegia, etc.), qui perdent généralement leurs feuilles pendant la saison sèche.
La diversité humaine
La diversité humaine est grande, bien qu'on ne trouve pas ici les contrastes marqués qui existent dans certains États d'Afrique occidentale ou orientale. Linguistiquement, par exemple, deux grands ensembles dominent le pays. Le groupe bantou, tout d'abord, qui occupe l'essentiel du territoire. Ensuite, un groupe de langues soudanaises (avec de nombreuses enclaves bantoues), qui se rencontre dans le Nord (Ngbaka, Ngbandi, Mbandja, Zande, Mangbetu, etc.). Dans le Nord-Est, quelques petits groupes nilotiques (Alur, Lugbara, Logo).
Les systèmes sociaux et politiques traditionnels ont entre eux beaucoup d'affinités, mais les nuances sont nombreuses. Par exemple, dans la structure des filiations : certains groupes sont patrilinéaires (Luba du Kasaï, Mongo), d'autres matrilinéaires (Kongo) ; ou dans les structures politiques, ici fondées sur la parenté comme chez les Mongo, ailleurs, c'est-à-dire dans le Sud et le Nord-Est, aboutissant à la constitution de chefferies, dans lesquelles le chef détient un pouvoir réel de justice et d'administration tout en étant doté, par sa puissance, de la richesse.
Certaines chefferies ont su, au cours de l'histoire, se hisser au niveau de véritables États dans les savanes méridionales où la circulation est aisée. Les institutions des Lunda, et sans doute aussi celles des Kongo, ont marqué de leur empreinte un nombre appréciable de peuples de l'ancien Congo méridional. Les Pende ont relayé vers l'est des institutions transmises des États côtiers. Les Kuba, plus à l'est, ont reçu ces apports par leur intermédiaire et ont su leur donner une forme originale. Des États de l'histoire précoloniale, deux subsistent encore : le petit royaume kuba (dans le Kasaï occidental), qui ne compte guère que 70 000 sujets, et l'empire lunda, fondé sur des relations personnelles entre le Mwata Yamfu, souverain suprême installé à Kapanga, et différents chefs locaux (qui sont parfois de dynasties lunda imposées à des groupes non lunda). L'État lunda, qui s'étend nominalement sur une vaste partie du Katanga, du Kasaï, du sud du Kwango, de l'Angola et de la Zambie, écartelé entre trois États modernes, est devenu en grande partie un mythe. D'autres constructions politiques se sont désagrégées bien plus tôt encore : le royaume yeke de Msiri, au xixe siècle (dans le Katanga méridional), les royaumes luba, et surtout le royaume de Kongo (ou de San Salvador), qui s'ouvrit, dès la fin du xve siècle, à l'influence européenne. Son ancien territoire est divisé aujourd'hui par les frontières du Congo, de la R.D.C. et de l'Angola.
Démographie et activités humaines
Avec une population dépassant les 100 millions d'habitants dans les années 2020, la R.D.C. occupe le deuxième rang des États africains. La densité demeure toutefois assez faible et surtout très inégalement répartie. L'afflux de populations vers les zones à forte concentration donne un taux d'urbanisation à croissance rapide : environ 30 %. La capitale Kinshasa dépasse seize millions d'habitants en 2023, les principales agglomérations dépassant le million d’habitants sont Lubumbashi, Mbuji Mayi et Kananga.
Dans une population dont plus de 80 % appartiennent au groupe bantou, on peut distinguer deux cent cinquante groupes ethniques. Cependant émergent quelques identités ethno-régionales fortes telles que les Bakongo du Bas-Congo, les Mongo et les Azandé dans la cuvette congolaise, les Baluba du Kasaï-Oriental et du nord du Katanga (ex-Shaba), ainsi que les Balunda du Katanga. Dans les zones équatoriales forestières vivent des populations pygmées clairsemées.
La situation économique et financière du Zaïre s'est brusquement détériorée vers 1975 alors que, fortement endetté, le pays s'est trouvé confronté à la chute des cours miniers. Dès cette époque, les institutions financières internationales ont commencé à exercer des pressions pour instaurer l'austérité, mais en vain. Il existe pourtant des productions et des flux commerciaux non négligeables, une « seconde économie » qui échappe aux lois, à la fiscalité et au marché international. C'est au travers de cette économie informelle que s'exerce la plus grande partie des activités.
L'administration coloniale belge avait abandonné la politique économique du pays à de grandes sociétés telles que l'Union minière du Haut-Katanga (U.M.H.K.) ou la Société générale de Belgique. La première nationalisation eut lieu en 1967 lorsque l'U.M.H.K. devint la Gécamines. Puis, à partir de 1973, la « zaïrianisation » et, en 1975, la « radicalisation » consistèrent à faire passer la quasi-totalité des entreprises étrangères entre les mains de l'élite au pouvoir qui en fit un usage personnel et les mena au dépérissement. En même temps était développée une politique interventionniste et centralisatrice accompagnée de grands travaux financés par des emprunts gagés sur la rente minière. La plupart des réalisations s'avérèrent inadaptées ou défectueuses, alourdissant les déficits et entraînant de nouveaux emprunts.
Dans les années 1980 fut tentée une politique de libéralisation, et les anciens propriétaires furent invités à reprendre la direction de leurs affaires. Cette tentative, qu'accompagna le F.M.I. et qui bénéficia de rééchelonnements de la dette, échoua avant même qu'éclatent les troubles du début des années 1990. À partir de 1991, le gouvernement a perdu tout contrôle sur l'économie. La monnaie nationale est dévalorisée, et le sabotage économique a été utilisé comme arme politique par les factions en conflit. Le F.M.I. et la Banque mondiale qui avaient suspendu leurs interventions en 1994 sont de retour depuis 2000. La situation de récession qui prévalait jusqu'en 1990 s'est transformée en véritable dépression avec des baisses du P.I.B. allant de 7 % en 1991 à 16 % en 1993. Après la chute de Mobutu, le pillage des ressources minières s'est fait au profit des opérateurs étrangers et des groupes armés locaux. La reprise de la croissance du P.I.B. (6,8 % en 2004) n'efface pas le retard pris durant la décennie passée (— 1,6 % de croissance annuelle moyenne entre 1993 et 2003). Comparé aux données des autres pays d'Afrique centrale, le P.I.B. par habitant demeure extrêmement bas : 633 dollars.
L'agriculture et la forêt
Grâce à son climat et à la nature de ses sols, la R.D.C. dispose d'un potentiel agricole exceptionnel dans le domaine des cultures tropicales telles que le café, la canne à sucre, l'huile de palme, le caoutchouc ou le coton. La plus grande partie des récoltes provient de cultures vivrières. Car, faute d'investissements, peu de produits sont disponibles pour l'exportation. D'ailleurs, ces dernières sont tombées au-dessous de leur niveau d'avant l'indépendance. Les incohérences des politiques successives suivies par le gouvernement ne sont certes pas la seule explication des difficultés actuelles. L'étendue du pays, l'éparpillement des zones agricoles et les difficultés de transport ne facilitent pas la distribution des engrais et la commercialisation des récoltes. Certaines cultures ne sont plus pratiquées que dans les zones proches des frontières où elles permettent d'obtenir des devises étrangères. Après avoir connu l'autosuffisance alimentaire, la R.D.C. est devenue dépendante des importations pour se nourrir.
Les produits les plus cultivés sont le manioc, qui constitue la nourriture de base, ainsi que le maïs, le riz et la banane plantain. Il s'agit de productions vivrières qui échappent à toute statistique. Depuis 1996, les guerres ont déstabilisé ces productions et la pénurie alimentaire et la malnutrition se sont installées. L'agriculture commerciale est dominée par le café, mais la qualité est médiocre – seulement 15 % d'arabica pour 85 % de robusta –, et les recettes ont chuté de près des trois quarts par rapport aux années 1980. Le coton est désormais importé pour les besoins des rares filatures locales survivantes. Le bois constitue le seul secteur productif avec des réserves importantes qui ont été peu exploitées et risquent de rester en l'état compte tenu des problèmes que pose l'évacuation des marchandises. On estime d'ailleurs qu'environ la moitié des réserves se trouve sous le contrôle des groupes armés.
Les productions minières
Les produits miniers fournissent à la R.D.C. les deux tiers de ses revenus d' exportation. Il s'agit principalement du cuivre, du cobalt, du coltan, du diamant et du zinc. L'or, l'argent, le cadmium et d'autres métaux sont aussi extraits, mais en petites quantités. La grande zone minière se trouve dans le sud du pays, au Katanga, autour des villes de Kolwesi, la capitale du cuivre, et de Likasi. Seul, le diamant est extrait ailleurs, surtout au Kasaï-Oriental, mais aussi, depuis 1993, dans la province de l'Équateur. Ces industries, implantées depuis longtemps par de grandes sociétés – l'Union minière du Haut-Katanga exploite le cuivre depuis 1906 et le cobalt depuis 1924 –, ont souffert du manque d'investissement après que leur nationalisation les eut transformées en source de profit pour la présidence et le gouvernement. La fluctuation des cours mondiaux a contribué à leur affaiblissement avant que les troubles du début des années 1990 ne les acculent à l'effondrement. Seul le diamant fait exception (1,5 à 2 millions de carats par mois) ainsi que le coltan car ils sont exploités selon des méthodes artisanales. Les ressources minières ont été pillées systématiquement par les voisins de la R.D.C. qui ont occupé son territoire à partir de 1997 : Rwanda et Ouganda, mais aussi Zimbabwe et Angola se sont ainsi remboursés des dépenses qu'ils avaient engagées dans la guerre. Depuis 2002, le coltan, dont la R.D.C. détient 64 % des réserves mondiales, a donné lieu à une ruée à cause de son utilisation dans la fabrication des téléphones portables. Son prix a été multiplié par cinq en quelques mois.
La République démocratique du Congo était au milieu des années 1980 le sixième exportateur mondial de cuivre. Cette activité assurait entre le tiers et la moitié de ses recettes d'exportation. En septembre 1983, le cours mondial est tombé à son plus bas niveau depuis six ans, tandis que la situation intérieure accumulait les handicaps : grèves, retards de transport, incendie des bureaux de la Gécamines à Kolwesi, destruction d'une fonderie à Likasi en 1991 et départ de la plupart des expatriés. En 2002, sous la pression des bailleurs de fonds, le gouvernement a doté le pays d'un nouveau code minier qui libéralise l'exploitation et permet de gérer la faillite des grands groupes dépendant jusqu'alors de l'État.
Depuis le milieu des années 1990, la République démocratique du Congo a perdu sa position de premier producteur de cobalt mais conservait encore le deuxième rang dans le domaine du diamant industriel. En dehors du gisement de Miba, la production a été privatisée en 1983. Des licences ont été accordées à des cartels, dont le principal, Sediza, appartient à la De Beers. Toutefois, une grande partie est exploitée en dehors de tout contrôle. On estime généralement que la quantité écoulée en contrebande égale celle de la production officielle malgré les mesures prises depuis 1993 pour lutter contre les exportations illégales.
Une économie éclatée
L'industrie manufacturière (textile, agroalimentaire et traitement des minerais) ne représentait, en 1987, que 1,3 % du P.I.B. ; ce qui en restait a été ravagé par la guerre. Les investisseurs étrangers qui n'étaient pas revenus après la « zaïrianisation », et les capitaux locaux sont réintroduits dans les activités commerciales informelles plutôt que dans les placements à long terme exigés par l'industrie. La République démocratique du Congo en est réduit à dépendre de l'importation pour ses biens d'équipement et de consommation. Il en va de même dans le domaine énergétique. Les quelques gisements offshores de pétrole ne suffisent pas à sa consommation intérieure et le potentiel hydroélectrique (barrage d'Inga) est sous-exploité.
En dépit de ses contraintes et de ses échecs, l'économie est loin d'être amorphe. Dès la fin des années 1970, de petits entrepreneurs locaux ont pris en main les activités du secteur informel. Certains, dans le Nord-Kivu par exemple, ont bâti un capitalisme local reposant sur le commerce à longue distance. Ailleurs, comme à Mbuji-Mayi, capitale du diamant, la richesse a éclaté dans les dépenses ostentatoires sans souci de réinvestissement. Dans tous les cas, cette « seconde économie » permet au pays de survivre dans un contexte de misère généralisée et contient peut-être les germes d'un développement original régional qui pourrait émerger du chaos actuel.
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Écrit par
- Jules GÉRARD-LIBOIS : directeur général du Centre de recherche d'information sociopolitique, Bruxelles
- Henri NICOLAÏ : professeur à l'Université libre de Bruxelles
- Patrick QUANTIN : directeur de recherche à la Fondation nationale des sciences politiques, Centre d'étude d'Afrique noire, Bordeaux
- Benoît VERHAEGEN : professeur à l'université de Kinshasa
- Crawford YOUNG : professeur à l'université du Wisconsin, États-Unis
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Joseph Kabila fut le président de la République démocratique du Congo (RDC) de 2001 à 2019.
Joseph Kabila est né le 4 juin 1971 dans la province du Kivu, au Zaïre (auj. RDC). Fils du leader rebelle Laurent-Désiré Kabila devenu chef de l'État en 1997, il passe la majeure partie de son enfance...
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