CONGO, fleuve et bassin

Le Congo n'est pas l'un des plus longs fleuves du monde. Ses quelque 4 000 km le placent bien après l'Amazone, le Mississippi-Missouri, les grands fleuves sibériens et, en Afrique même, le Nil. Son débit est plus remarquable : 40 000 m3/s environ, ce qui le classe immédiatement après l'Amazone, créditée d'au moins 200 000 m3/s. La puissance des deux fleuves est le commun reflet du climat équatorial et subéquatorial qui apporte plus de 1 400 mm de précipitations annuelles sur la majeure partie des deux bassins. Le débit moindre du Congo s'explique principalement par un bassin plus réduit, quoique encore immense : 3 450 000 km2 contre 6 900 000 pour son homologue américain. Aucun fleuve enfin, le Nil mis à part, n'a excité au même point la curiosité des explorateurs et des anciens géographes, ni fait une aussi belle carrière dans la légende et la littérature.

Port de Mbandaka, République démocratique du Congo

Port de Mbandaka, République démocratique du Congo

Port de Mbandaka, République démocratique du Congo

Mbandaka, port sur le fleuve Congo. Située à plus de 700 kilomètres au nord-est de Kinshasa, la…

Son nom même n'est pas neutre. Les navigateurs portugais le firent connaître à l'Europe sous une double dénomination : Congo, du nom des populations riveraines du bas fleuve et du royaume établi sur ces contrées ; Zaïre, déformation de nzadi qui signifie « eau » en kikongo. En 1971, jouant de cette ambiguïté, le président Mobutu substitua Zaïre à Congo pour désigner le fleuve, l'État et la monnaie, inaugurant ainsi sa politique d'« authenticité ». En 1997, Laurent Kabila s'empressa de rétablir le nom de Congo pour effacer symboliquement l'ère Mobutu.

Le fleuve Congo

Une énigme géographique tardivement éclaircie

Il ne semble pas qu'aux temps anciens les riverains et utilisateurs du Congo se soient beaucoup interrogés sur les origines et l'unité de ce fleuve, diversement dénommé dans les parties successives de son cours. Mais le problème a surgi dès l'arrivée du premier Européen : « En 1483, note l'historien Randles, le navigateur portugais Diogo Cao, en quête d'un passage reliant l'Atlantique à l'océan Indien, suit au prix de bien des difficultés et des périls la côte occidentale de l'Afrique, pénètre dans l'hémisphère austral et découvre l'embouchure du Congo. En raison de sa largeur, il semble avoir été amené à la confondre avec le détroit qu'il cherchait, et qui devait lui permettre d'accéder au royaume chrétien du Prêtre Jean. » Il faudra longtemps pour dissiper cette illusion d'une origine éthiopienne du Congo, et plus encore celle d'un grand lac intérieur, source commune du Congo et d'autres fleuves, dont le Nil. Les missionnaires capucins qui, dès la seconde moitié du xvii e siècle, atteignirent le Pool Malébo (du nom des palmiers à huile très nombreux sur l'île Mbamou qui en occupe le centre) toujours en vue d'atteindre le royaume du Prêtre Jean, se heurtèrent à la barrière constituée par le royaume Téké. Menée selon un esprit géographique déjà moderne, au cours de la deuxième décennie du xix e siècle, l'expédition de Tuckey et de ses compagnons, décimée par les fièvres, dut rebrousser chemin sans avoir dépassé le bief calme, intermédiaire entre l'embouchure et le Pool Malébo. C'est en partant du cours supérieur et en descendant le « fleuve Livingstone » depuis ses « sources méridionales » que Stanley, le 12 mars 1877, devait finalement lever l'énigme en redécouvrant la nappe d'eau qui lui devra son nom, Stanley Pool, et qui reprit son ancienne appellation après les indépendances.

Une succession de tronçons

Un fleuve à métamorphoses, tel apparaît désormais le Congo. Les trois cours d'eau formateurs sont encore, à des degrés divers, engagés dans l'architecture continentale propre à l'Afrique orientale : gouttières et fossés de direction méridienne, séparés par des « dorsales », et partiellement occupés par des [...]

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Écrit par

  • Roland POURTIER : professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
  • Gilles SAUTTER : maître de conférences à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris, directeur d'études à l'École pratique des hautes études

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Pour citer cet article

Roland POURTIER, Gilles SAUTTER, « CONGO, fleuve et bassin », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

Médias

Port de Mbandaka, République démocratique du Congo

Port de Mbandaka, République démocratique du Congo

Port de Mbandaka, République démocratique du Congo

Mbandaka, port sur le fleuve Congo. Située à plus de 700 kilomètres au nord-est de Kinshasa, la…

Barrage d'Inga

Barrage d'Inga

Barrage d'Inga

Proposé pour la construction d'un barrage dès 1925, le site d'Inga, sur le Congo, près de Matadi…

Autres références

  • FLEUVE CONGO. ARTS D'AFRIQUE CENTRALE (exposition)

    • Écrit par Michèle COQUET
    • 5 855 mots

    Au sommet des marches conduisant à l'exposition Fleuve Congo. Arts d'Afrique centrale au musée du quai Branly à Paris (22 juin - 3 octobre 2010), le visiteur est accueilli par de grandes cartes. L'une, à dominante verte, figure la vaste aire géographique formée par les bassins des fleuves[...]

  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Géographie générale

    • Écrit par Roland POURTIER
    • 118 223 mots
    • 29 médias
    [...]barrière que les fleuves coupés de rapides et de chutes franchissent difficilement. Cela a contribué à fermer l'Afrique aux Européens pendant quatre siècles : l'embouchure du Congo a été découverte en 1482 par le navigateur portugais Diogo Cao, mais son expédition fut contrainte de s'arrêter à Matadi, à hauteur[...]
  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Géologie

    • Écrit par Anne FAURE-MURET
    • 103 241 mots
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    La majeure partie du craton centrafricain est stabilisée.Seules quelques zones demeurent semi-mobiles et donneront des chaînes linéaires intracratoniques, comme celle de la Luiza, qui a été métamorphisée lors de l'orogenèse de Mubindji à 2 423 Ma. Plus tard, c'est la formation de Lukoshi qui est déformée[...]
  • BASSIN SÉDIMENTAIRE

    • Écrit par Roger COQUE
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    Le bassin du Congo, étalé sur plus de 3 millions de kilomètres carrés, est un bon exemple d'un tel dispositif structural. La série gréseuse et marneuse du Karoo (Permo-Carbonifère) y repose en discordance sur le socle précambrien. Des grès et des argilites peu consolidés des séries du Kwango et du plateau[...]
  • BRAZZAVILLE

    • Écrit par Roland POURTIER
    • 3 756 mots
    • 1 média

    Capitale de la république du Congo, Brazzaville est située en bordure du Pool Malebo (ex-Stanley Pool), à l'amont des rapides de Kintambo, premiers d'une série de chutes et de rapides qui interdisent la navigation sur le cours inférieur du Congo. Elle partage avec Kinshasa une position[...]

  • CONGO RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU

    • Écrit par E.U., Jules GÉRARD-LIBOIS, Henri NICOLAÏ, Patrick QUANTIN, Benoît VERHAEGEN, Crawford YOUNG
    • 137 067 mots
    • 14 médias
    La structure physique isole de l'océan le centre du pays. Le bord occidental de la cuvette est suffisamment relevé pour imposer au fleuve Congo la traversée de hauts plateaux accidentés, où sa vallée en gorge s'encombre de violents rapides. De Kinshasa à Matadi, le fleuve cesse d'être navigable.[...]
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Voir aussi