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KABILA LAURENT-DÉSIRÉ (1941-2001)

On dispose de très peu d'informations sur la vie de Laurent-Désiré Kabila, président de la République démocratique du Congo (ex-Zaïre), de mai 1997 à janvier 2001. Né au début des années 1940 dans le Nord-Katanga, il sort de l'anonymat en septembre 1963 lors de la création d'une formation politique nationaliste (lumumbiste) et révolutionnaire qui veut éliminer par la lutte armée le gouvernement Adoula, le Comité national de libération (C.N.L.) au sein duquel il est nommé secrétaire général des Affaires sociales, Jeunesse et Sports. En juillet 1964, lors de la prise d'Albertville (l'actuelle Kalémié), capitale du Nord-Katanga, par l'Armée populaire de libération, on le retrouve vice-président d'un « gouvernement provisoire » qui ne durera que quelques mois. Au début de 1965, il quitte le Nord-Katanga et se replie au Kivu où il est nommé « chef des opérations militaires » par un pouvoir rebelle qui contrôle à cette époque plus du tiers du territoire congolais. Il est toutefois plus présent dans les capitales étrangères d'Afrique orientale (Nairobi et Dar es-Salaam) que dans les maquis qu'il paraît diriger de loin. Lorsque Che Guevara le rencontre à Dar es-Salaam en février 1965, il est de prime abord séduit par lui. Le jugement du Che sera ensuite très négatif sur le sérieux des chefs rebelles congolais, y compris sur Kabila auquel il reproche d'être toujours absent du front.

Che Guevara semble avoir perçu les objectifs réels de Kabila. Selon lui, Kabila est opposé aux chefs historiques de la rébellion congolaise (Gbenye et Soumialot), ce qui « lui permettait, écrit-il, de faire échapper à [leur] influence sa propre zone, la région sud-orientale (c'est-à-dire la zone de Fizi et de Baraka), qu'il dirigeait en tant que vice-président du C.N.L. ». Laurent-Désiré Kabila préfère être le patron dans ses maquis plutôt que de viser à une carrière politique nationale, de devoir jouer avec une classe politique qu'il considère comme corrompue. C'est cette préoccupation qui va effectivement le déterminer pendant les vingt années suivantes.

De 1967 à 1985, Laurent-Désiré Kabila va mener une sorte de double trajectoire : il est à la fois le chef « révolutionnaire » incontesté d'un maquis peu étendu situé dans les montagnes de l'extrême sud du Kivu, mais aussi un commerçant qui retire de substantiels bénéfices du trafic d'or et d'ivoire dont il détient le monopole dans son maquis. Après l'effondrement de celui-ci en 1985, on perd la trace de Kabila, dont certains commentateurs affirment qu'il aurait été dans l'entourage d'un autre rebelle, John Garang, chef du plus important maquis soudanais.

Résidant principalement à Dar es-Salaam, on l'aperçoit aussi à Kampala où il entretient des liens amicaux avec le président ougandais Yoweri Museveni. Pendant la longue « transition démocratique » zaïroise (1990-1996), ni lui ni le parti qu'il a fondé en 1967 dans les maquis du Kivu, le Parti de la révolution populaire, ne participent à la Conférence nationale souveraine qui doit amener le Zaïre vers la IIIe République et qu'il considérera toujours comme une institution « à la solde de Mobutu ».

Il sort soudainement de l'ombre en septembre 1996 : il signe à Gisenyi (Rwanda) avec trois autres « rebelles » et exilés zaïrois (Deogratias Bugera, Kisase Ngandu et Masusu Nindanga) un protocole d'accord créant l'Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (A.F.D.L.) dans lequel les quatre participants s'engagent à œuvrer pour chasser Mobutu du pouvoir. À l'exception de Kisase Ngandu, aucun des signataires n'a cependant de combattants à destiner à ce projet. Ils devront donc compter au départ uniquement sur l'apport des troupes et de la logistique militaire des armées rwandaise, ougandaise puis angolaise.[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'Université catholique de Louvain, chercheur au Centre d'études et de documentation africaines, Bruxelles (Belgique)

Classification

Pour citer cet article

Jean-Claude WILLAME. KABILA LAURENT-DÉSIRÉ (1941-2001) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CONGO RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU

    • Écrit par Universalis, Jules GÉRARD-LIBOIS, Henri NICOLAÏ, Patrick QUANTIN, Benoît VERHAEGEN, Crawford YOUNG
    • 24 917 mots
    • 13 médias
    Pour masquer ces visées irrédentistes, c'est Laurent-Désiré Kabila, un ancien responsable de maquis « muleliste » des années 1960, reconverti ensuite dans les affaires, qui est porté sur le devant de la scène. Le 31 octobre 1996, il fait sa première apparition à Uvira (dans le Sud-Kivu) à la...
  • KABILA JOSEPH (1971- )

    • Écrit par Universalis
    • 953 mots
    • 1 média

    Joseph Kabila fut le président de la République démocratique du Congo (RDC) de 2001 à 2019.

    Joseph Kabila est né le 4 juin 1971 dans la province du Kivu, au Zaïre (auj. RDC). Fils du leader rebelle Laurent-Désiré Kabila devenu chef de l'État en 1997, il passe la majeure partie de son enfance...

Voir aussi