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CENTRAFRICAINE RÉPUBLIQUE

Nom officiel République centrafricaine
Chef de l'État Faustin Archange Touadéra - depuis le 30 mars 2016
Chef du gouvernement Félix Moloua - depuis le 9 février 2022
Capitale Bangui
Langue officielle Sango , Français
Population 5 152 421 habitants (2023)
    Superficie 622 980 km²

      Souvent dénommée Centrafrique, la République centrafricaine (RCA) a une superficie de 622 980 km2, dont 74 000 km2 de forêts et 20 000 km2 de terres arables. La population centrafricaine est d’environ 5,6 millions d’habitants (2023), avec une densité moyenne autour de 9 hab./km2. Bangui, la capitale, regroupe une grande partie de la population totale. Celle-ci se répartit en deux principaux groupes : les « gens de la savane » dans le Nord (Gbaya, Banda, Mandja...) et les « gens du fleuve », dans le Sud (Ngbaka, Yakoma, Zandé...). Les langues parlées sont le sango et le français (langues officielles) et une soixantaine de langues minoritaires.

      Centrafricaine (République) : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

      Centrafricaine (République) : carte physique

      Centrafricaine (République) : drapeau - crédits : Encyclopædia Universalis France

      Centrafricaine (République) : drapeau

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      À partir du xviieet surtout du xviiie siècle,le pays a été ravagé par diverses épidémies, puis par la traite esclavagiste arabe et ensuite européenne. Les premiers colons et missionnaires ont foulé la terre centrafricaine en 1884. Le territoire a été disputé entre Allemands, Belges, Britanniques et Français et, après de multiples traités, la France finit par obtenir le territoire en 1903. Durant la période coloniale, le pays s'appelait l'Oubangui-Chari. Il a subi le poids d'une histoire mouvementée aux xixe et xxe siècles, marquée par les abus coloniaux et les résistances de certaines populations autochtones, jusqu'à son indépendance le 13 août 1960.

      Depuis lors, l'évolution politique du pays est chaotique : entre régimes militaires, instauration d’une dictature et de l’Empire centrafricain, règne du populisme et de la démagogie, tentatives de démocratie et de multipartisme.

      Géographie

      La République centrafricaine (RCA) s'est substituée, en 1958, à la colonie française de l’Oubangui-Chari avant d'accéder à l'indépendance en 1960. D’une superficie de 623 000 km2, elle se situe au cœur du continent africain, au contact des zones bioclimatiques soudanienne et forestière. Son développement économique et social souffre de l'enclavement, d’un manque de ressources et d’une politique chaotique : l'indicateur de développement humain (IDH) la classe parmi les dix derniers pays du monde.

      Un pays enclavé

      La configuration du territoire centrafricain résulte des partages coloniaux de la fin du xixe siècle. L'hydrographie a guidé le découpage. Au sud, le cours de l'Oubangui, prolongé sous le nom de Mbomou, délimite la RCA et la République démocratique du Congo (RDC) depuis les traités de 1889 et de 1894. À l'est, la ligne de partage des eaux entre les bassins du Congo et du Nil a servi à fixer la frontière avec le Soudan (convention franco-anglaise de 1899) ; c’est depuis 2011 la frontière avec le Soudan du Sud. À l'ouest, une partie importante de la frontière avec le Cameroun (convention franco-allemande de 1908) suit le tracé des affluents de la Sangha et du Logone occidental. Les délimitations avec le Tchad et le Congo-Brazzaville, définies dans le cadre de l'Afrique-Équatoriale française (A-ÉF) créée en 1910, ont été modifiées à plusieurs reprises par simple décision administrative, dont la plus récente remonte à 1942 pour la frontière tchadienne. Celle-ci se confond partiellement avec les affluents du Chari, notamment le Bahr Aouk, l’Aoukalé et le Bahr Nzili.

      La RCA est un pays enclavé. Les voies les plus courtes pour atteindre l'océan passent par le Congo-Brazzaville ou le Cameroun dont les ports, Pointe-Noire et Douala se partagent la quasi-totalité des échanges extérieurs de la RCA. La voie dite « transéquatoriale », combinant transport fluvial (1 160 kilomètres sur l'Oubangui et le Congo) et ferroviaire (chemin de fer Congo-Océan, CFCO, 540 kilomètres), relie Bangui à Pointe-Noire sur 1 700 kilomètres, avec rupture de charge à Brazzaville. Sa part dans les échanges de la RCA accuse une forte diminution liée, d'une part, à la vétusté de la chaîne de transport fluvial entre Bangui et Brazzaville, et à des étiages de plus en plus longs sur l’Oubangui ; d’autre part, aux interruptions périodiques du trafic ferroviaire depuis la fin des années 1990 en raison des conflits armés au Congo. La voie fluviale n’est plus guère empruntée que pour le transport des pondéreux, notamment les hydrocarbures. La voie camerounaise (1 800 kilomètres de Bangui à Douala) est la plus utilisée. Les liaisons routières sans rupture de charge, ou combinant route et voie ferrée (le Transcamerounais) sont beaucoup plus rapides et moins aléatoires que la voie congolaise, mais le coût d'acheminement est élevé, d'autant qu'il doit intégrer de multiples « péages » illégaux, tant en RCA qu’au Cameroun.

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      L'enclavement et la centralité continentale constituent les deux pôles de la géopolitique centrafricaine. Barthélemy Boganda, député de l'Oubangui-Chari à l'Assemblée nationale française, milita, en vain, en 1958, pour la création d'une Afrique centrale fédérale, qui se serait substituée à l'A-ÉF. Sa disparition, en 1959, dans un « accident » d'avion mit un terme à ce projet. Si l'Union des républiques d'Afrique centrale n'a pas vu le jour, la nécessité d'un regroupement des États de cette région s'est cependant imposée. La création, en 1964, de l'Union douanière et économique d'Afrique centrale (UDEAC, devenue en 1994 Communauté économique et monétaire en Afrique centrale (CEMAC), dont le siège est à Bangui, en atteste. La France a longtemps fait de ce territoire un des pivots de son dispositif militaire en Afrique, avant son redéploiement dans les années 1990. La fermeture des bases militaires de Bangui et de Bouar en 1998 a entériné la perte de valeur stratégique de la RCA, tout en la privant d'une importante source de revenus.

      Milieux naturels et population

      République centrafricaine : milieux naturels - crédits : Encyclopædia Universalis France

      République centrafricaine : milieux naturels

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      La République centrafricaine est constituée de plateaux de 600 à 700 mètres d'altitude dont le bombement central, la « dorsale centrafricaine », d'orientation est-nord-est à ouest-sud-ouest forme la ligne de partage des eaux entre les bassins du Congo et du Chari. Aux deux extrémités, des reliefs montagneux dépassent les 1 000 mètres : massifs de Dar Challa au nord-est, près de la frontière soudanaise, et du Yadé, frontalier du Cameroun (1 410 m au mont Ngaoui) au nord-ouest. Située entre 2°13' et 11°01' de latitude nord, la RCA se positionne dans la zone des climats tropicaux humides. La diminution des précipitations du sud vers le nord se traduit par des variations biogéographiques zonales. Au sud, l'abondance des précipitations (1 518 mm/an à Bangui, 1 678 mm/an à Bangassou) et une saison sèche de courte durée définissent un milieu équatorial caractérisé par la forêt dense (15 % du territoire national). Celle-ci se compose principalement de formations semi-décidues, la forêt sempervirente ne couvrant que l'extrémité méridionale du pays dans le prolongement de celle du Congo-Brazzaville. Les savanes de type soudanien, arborées à arbustives, occupent la plus grande partie du territoire ; elles correspondent à des précipitations de 1 000 à 1 200 millimètres par an et à quatre mois de saison sèche. À l'extrême nord, la sécheresse, relative (788 mm/an à Birao, et six mois de saison sèche), annonce les milieux sahéliens. Les conditions climatiques sont partout favorables à l'agriculture et, dans les régions de savane, au pastoralisme.

      La population de la RCA s’élevait à environ 5,6 millions d’habitants en 2022, soit une densité moyenne de moins de 10 hab./km2. Porté par une fécondité de 5,9 enfants par femme (2022), le taux annuel de croissance de 3 % se situe dans la gamme haute africaine. Avec 48 % de moins de quinze ans, la population centrafricaine est une des plus jeunes d’Afrique. S a distribution géographique est très contrastée : plus de 90 % vivent dans les provinces du Centre et de l'Ouest. Celles de l'Est et du Nord-Est, qui couvrent 40 % de la superficie du pays, ont une densité moyenne inférieure à 1 hab./km2. Ce vide ne s'explique pas par des handicaps naturels, mais résulte des ravages causés, à la fin du xixe siècle, par les esclavagistes arabes, du déplacement vers l'ouest de communautés cherchant à s'en protéger, d'épidémies (notamment de la variole) consécutives à la pénétration européenne dans ces contrées restées depuis lors en marge du développement.

      La population centrafricaine se répartit entre une dizaine de groupes ethnolinguistiques dont les deux principaux occupent la plus grande partie du territoire : les Gbaya à l'ouest, 29 % (39 % si l’on y associe les Mandja), et les Banda à l'est (23 %), selon le recensement de 2003. La frontière Oubangui-Mbomou sépare artificiellement les gens du fleuve : Ngbaka, Ngbandi (parmi eux les Sango et les Yakoma), Nzakara, Zandé. Les échanges entre la RCA et la RDC s'articulent sur des réseaux ethniques transfrontaliers toujours très actifs. De même, au nord, les Sara et les Mboum se rattachent à des groupes implantés respectivement au Tchad et au Cameroun. À ces populations s'ajoutent environ 12 000 Pygmées vivant dans la forêt de l'extrême Sud du pays, et des Mbororo (ou Bororo, branche des peuples peuls), pasteurs venus du Cameroun au milieu des années 1920. Plus récemment, les sécheresses sahéliennes ont poussé vers la RCA d'autres pasteurs peuls et arabes à la recherche de pâturages. Ils ont grossi la minorité musulmane composée, par ailleurs, de commerçants ; avec seulement 10 % de la population, l'islam reste loin derrière le christianisme : 51 % seraient protestants et 29 % catholiques (recensement de 2003), ces taux très élevés masquant la survivance de pratiques animistes. Les violences intercommunautaires récurrentes depuis la fin du xxe siècle s’articulent sur les appartenances à l’islam ou aux églises chrétiennes.

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      L'usage de langues communes se superpose aux multiples langues maternelles. L'une d'entre elles, le sango, s'est imposée comme langue véhiculaire parlée ou comprise par la plupart des Centrafricains. Pratiquée initialement par les gens du fleuve pour leurs transactions commerciales, elle a été, par la suite, propagée par les missionnaires qui en ont fait la langue des églises chrétiennes. Déclarée langue nationale en 1964, elle est devenue en 1984 la deuxième langue d'enseignement au côté du français avec lequel elle partage, depuis 1991, le statut de langue officielle. L'urbanisation (40 % de population urbaine) contribue à la diffusion de cette langue commune qui participe, à son tour, à la construction de l'identité centrafricaine.

      Une économie peu développée

      L'agriculture reste, de loin, le premier secteur d'activité, employant environ 70 % de la population active et contribuant pour 40 à 60 % au PIB selon les sources. L'association manioc-banane plantain prédomine en milieu forestier. Dans les savanes, autrefois vouées aux cultures de mil et de sorgho, le manioc occupe une place prépondérante depuis plusieurs décennies. Les techniques culturales demeurent rudimentaires, brûlis en milieu forestier, labour à la houe dans les savanes, sarclage manuel. L'élevage, essentiellement pratiqué par les Peuls, est rarement intégré à la culture. Les caractéristiques du milieu naturel, en particulier une pluviométrie qui met à l'abri du risque de sécheresse, et les disponibilités foncières dans un pays faiblement peuplé créent des conditions favorables à l'autosuffisance alimentaire. Une part de la production paysanne et pastorale (lait, viande) est destinée aux marchés urbains, mais l'économie marchande souffre du mauvais état général du réseau routier – principale entrave à la dynamisation des relations ville-campagne – et surtout de la guerre civile qui, depuis 2013, retarde le développement de l’un des pays les plus pauvres du monde, tout en provoquant des situations d’insécurité alimentaire.

      Les cultures de rente, imposées dans les années 1920 par l'administration coloniale, mais handicapées par les coûts d'exportation, n'ont jamais connu une grande réussite. Depuis l'indépendance en 1960, elles ont, en outre, pâti de politiques agricoles et de conditions de commercialisation peu favorables aux producteurs que n'incitent pas des prix faiblement rémunérateurs. La production de coton, qui avait atteint près de 60 000 tonnes en 1970, avait baissé de moitié dix ans plus tard. Des mesures de relance lui ont permis de retrouver un volume de 40 000 à 50 000 tonnes à la fin des années 1990, avant que la crise politique du début des années 2000 ne la fasse à nouveau chuter (5 000 tonnes en 2004-2005). Le retour de la guerre en 2013 a provoqué un nouvel effondrement du secteur avant une reprise depuis 2019 : l’agro-industrie est totalement tributaire d’une situation politique erratique. La culture du café, en zone forestière, produit une dizaine de milliers de tonnes par an, après avoir connu un pic de 25 000 tonnes en 1989. Le tabac (un millier de tonnes par an) alimente la manufacture de cigarettes de la Socacig (Société centrafricaine de cigarettes).

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      Le bois, les diamants et l’or représentent en moyenne 80 % des recettes d'exportation. L'exploitation forestière se localise dans les forêts denses de la Lobaye et de la Sangha ; la destination des grumes, bois sciés ou déroulés (entre 300 000 et 400 000 m3 par an) se partage entre le marché national et l'exportation vers les pays voisins et l'Europe. Le diamant est extrait des alluvions des rivières, dans deux périmètres localisés l'un à l'est, l'autre à l'ouest du pays : 90 % de la production provient d'exploitations artisanales faisant travailler quelque 50 000 personnes. Les mines d’or se situent à l’ouest, à proximité du Cameroun. L’effondrement de l’État centrafricain a favorisé l’exploitation illégale et la contrebande pour le plus grand profit des entreprises chinoises et, à partir de 2018, de celui du groupe russe Wagner, qui a fait main basse sur la production de diamant et d’or (notamment la mine de Ndassima, la plus importante du pays) en contrepartie de la sécurité militaire. Dans ce contexte, l’adhésion au processus de Kimberley, en 2003, visant à lutter contre les « diamants du sang » n’a pas eu d’effet. La mort du responsable de Wagner Evgueni Prigojine, en août 2023, rebat les cartes, avec la réorganisation du groupe sous le contrôle de Moscou, tandis que des opportunités nouvelles s’offrent à d’autres acteurs, en particulier américains, de l’exploitation minière.

      Entravé par l'enclavement, l'état calamiteux des communications et l’insécurité, le développement de l'économie centrafricaine souffre en outre de la corruption et du délabrement des services publics. À ces contraintes structurelles internes s'ajoute le regain de tensions politiques dans les pays voisins – Tchad et surtout Soudan, affecté par la guerre civile qui entraîne la résurgence du conflit du Darfour – lesquelles augmentent les risques d'une déstabilisation régionale compromettant les perspectives de croissance économique.

      — Roland POURTIER

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      Écrit par

      • : diplômée en sciences politiques, spécialiste de la République centrafricaine
      • : professeur à l'université de Bordeaux-I
      • : docteur en histoire, chef de département d'histoire à l'université de Bangui, République centrafricaine
      • : maître de conférences d'histoire des institutions
      • : doctorat ès lettres et sciences humaines, professeur honoraire, université de Paris-Panthéon-Sorbonne, membre de l'Académie des sciences d'outre-mer
      • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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      Médias

      Centrafricaine (République) : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

      Centrafricaine (République) : carte physique

      Centrafricaine (République) : drapeau - crédits : Encyclopædia Universalis France

      Centrafricaine (République) : drapeau

      République centrafricaine : milieux naturels - crédits : Encyclopædia Universalis France

      République centrafricaine : milieux naturels

      Autres références

      • CENTRAFRICAINE RÉPUBLIQUE, chronologie contemporaine

        • Écrit par Universalis
      • BANGUI

        • Écrit par
        • 739 mots
        • 1 média

        La capitale centrafricaine, Bangui, avec son agglomération incluant Bimbo, est créditée d’une population de 1 500 000 habitants en 2023, soit plus de la moitié de la population urbaine du pays. Berberati, la deuxième ville du pays, ne compte guère plus de 100 000 habitants. Bangui illustre parfaitement...

      • BOKASSA JEAN BEDEL (1921-1996)

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      • CHARI-LOGONE

        • Écrit par
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        Ce sont les deux principaux fleuves qui alimentent le lac Tchad. Le Chari prend sa source en République centrafricaine et arrose le Tchad. Il est formé d'une série de petites rivières : le Bamingui (où se trouve sa véritable source), le Gribingui, l'Ouham, ou Bạhr Sara, qui apporte le plus d'eau...

      • CINQUIÈME RÉPUBLIQUE - Les années Hollande (2012-2017)

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        • 7 032 mots
        • 3 médias
        ...En janvier 2013, les forces françaises interviennent au Mali pour éviter la mainmise d’un mouvement djihadiste sur le pays. Suit une intervention en Centrafrique, où se déchirent factions chrétiennes et musulmanes, et où l’ordre public n’est plus assuré. François Hollande rencontre ainsi plusieurs...
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