Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

PYRAMIDE

La pyramide, type de monument d'origine purement égyptienne, fut, au moins sous l'Ancien Empire (env. 2700 à 2200 av. J.-C.), essentiellement la tombe d'un roi et parfois d'une reine, les dimensions étant en ce dernier cas beaucoup plus modestes. Près d'une quarantaine de pyramides de rois de la IIIe à la XIIIe dynastie, période couvrant un millénaire, ont été identifiées ou repérées. La forme pyramidale même est issue de celle des grands monuments en gradins appelés par analogie « pyramides à degrés », que l'on édifia sous la IIIe dynastie ; celles-ci figuraient sans doute l'escalier que, dans les Textes des pyramides, il est demandé que l'on dresse afin de faciliter l'ascension de l'âme du roi décédé vers son père , le Soleil. Le passage de la pyramide primitive à degrés à la pyramide véritable s'effectua à l'avènement de Snéfrou, fondateur de la IVe dynastie, lorsque l'architecte eut l'idée de matérialiser dans la pierre le tracé triangulaire où s'inscrivait auparavant le profil à degrés du monument. Cette forme nouvelle plus pure, rappelant celle du benben, la pierre sacrée d'Héliopolis, pouvait aussi bien permettre l'ascension de l'âme royale le long de ses pentes pointant directement vers le ciel que les gigantesques degrés construits jusqu'alors. Simultanément, un second symbolisme se superposa au premier : les théologiens, comparant la forme triangulaire de la pyramide au large faisceau de rayons que le soleil darde sous les nuées, virent en elle une pétrification de ces rayons bénéfiques assurant désormais la protection de la tombe du roi.

Évolution architecturale des pyramides - crédits : Encyclopædia Universalis France

Évolution architecturale des pyramides

-4000 à -2000. Naissance de l'écriture - crédits : Encyclopædia Universalis France

-4000 à -2000. Naissance de l'écriture

La pyramide ne constituait pas en elle-même un tout ; elle était la partie dominante d'un important complexe monumental comprenant en outre, au moins dès la fin de la IIIe dynastie, deux temples reliés entre eux par une chaussée privée, généralement couverte et ornée de bas-reliefs comme les salles principales de ces temples : le temple haut, où se rendait le culte funéraire, était disposé, en principe, sur la face orientale de la pyramide ; le temple bas, où se faisait la réception des cortèges, se situait en lisière de la vallée et comportait un bassin d'accostage pour les bateaux. Une enceinte entourait la pyramide et, à partir de la Ve dynastie, en partie son temple haut. Enfin, de très grandes barques de bois déposées dans des caveaux, ou parfois des simulacres de barques en pierre analogues, pouvaient être réparties à côté de l'enceinte ou de la chaussée.

L'origine du mot de pyramide est encore discutée entre les partisans d'une racine égyptienne hellénisée et ceux d'une origine purement grecque. Alors que dans les textes égyptiens la pyramide est toujours désignée par le vocable mer, Hérodote emploiera le mot πυραμ́ις, qui désignait aussi un gâteau de miel et de farine. Néanmoins, comme on trouve ce mot appliqué peu après à la figure géométrique matérialisée par ces tombeaux, il semble plausible que les mathématiciens grecs, qui, tel Pythagore, s'étaient rendus en Égypte dès avant Hérodote, aient retenu pour nommer aussi bien ces édifices que leur figure géométrique un terme revenant fréquemment lorsqu'il en était question ; Maspero avait ainsi songé à celui de pr-m-ous, utilisé par les géomètres égyptiens pour désigner l'une des lignes déterminantes de la pyramide.

Les pyramides à degrés de la IIIe dynastie (env. 2700-2620 av. J.-C.)

La première pyramide et la plus connue est celle du roi Zoser ou Djéser, édifiée à Saqqarah par Imhotep, le célèbre ministre-architecte qui fut divinisé quelque deux mille ans plus tard, puis identifié par les Grecs à Asklépios en raison de ses talents médicaux, tandis que, au iiie siècle avant notre ère, l'historien Manéthon en faisait l'inventeur de[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : directeur de recherche honoraire au C.N.R.S., architecte-archéologue expert à Sakkarah (service des Antiquités de l'Égypte)

Classification

Pour citer cet article

Jean-Philippe LAUER. PYRAMIDE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Évolution architecturale des pyramides - crédits : Encyclopædia Universalis France

Évolution architecturale des pyramides

-4000 à -2000. Naissance de l'écriture - crédits : Encyclopædia Universalis France

-4000 à -2000. Naissance de l'écriture

Complexe funéraire de Djéser, Saqqarah - crédits : Bridgeman Images

Complexe funéraire de Djéser, Saqqarah

Autres références

  • DJÉSER PYRAMIDE DE

    • Écrit par Annie FORGEAU
    • 219 mots
    • 2 médias

    Le complexe funéraire du roi Djéser (IIIe dynastie) érigé à Saqqarah marque, dans l'histoire de l'architecture égyptienne, une double innovation : l'adoption de la forme pyramidale pour le tombeau du souverain et l'utilisation systématique de la pierre de taille en assises réglées. Couvrant...

  • PYRAMIDE DE SNÉFROU, Dahchour (Égypte)

    • Écrit par Annie FORGEAU
    • 236 mots
    • 2 médias

    La première pyramide lisse fut érigée sur le site de Dahchour au sud de Saqqarah, pour Snéfrou, premier souverain de la IVe dynastie. Elle fait partie du quatrième complexe funéraire de ce roi, diverses solutions ayant été successivement adoptées pour la superstructure de la tombe : la pyramide...

  • AGUADA FÉNIX, site archéologique

    • Écrit par Éric TALADOIRE
    • 2 830 mots
    • 3 médias
    ...nomment « groupe E ». Cette désignation correspond au nom du premier ensemble identifié à Uaxactun (Guatemala) par Frans Blom en 1926. Il se compose d’une pyramide qui fait face, de l’autre côté d’une place, à un édifice bas allongé, surmonté de trois petits temples. Depuis la pyramide, on peut enregistrer,...
  • ANGKOR

    • Écrit par Bruno DAGENS, Claude JACQUES, Albert LE BONHEUR
    • 4 571 mots
    • 12 médias
    ...compter tous les édifices en matériaux légers qui devaient exister et dont il ne reste plus trace. La partie centrale du sanctuaire est constituée par une pyramide à cinq gradins. Le sanctuaire supérieur, rebâti au milieu du xiie siècle, abritait le lịnga-palladium, divinité protectrice du roi et du...
  • ARCHITECTURE (Thèmes généraux) - Architecture et philosophie

    • Écrit par Daniel CHARLES
    • 5 459 mots
    ...étranger décédé, qui a abandonné son interpénétration vivante avec l'effectivité et, étant lui-même mort, entre dans ces cristaux dépourvus de vie ». Plus clairement : les premiers architectes se vouent à l'édification de tombeaux, et ces tombeaux, ce sont les pyramides. Nous sommes en Égypte....
  • BOROBUḌUR ou BARABUDUR

    • Écrit par Jacques DUMARÇAY
    • 1 583 mots
    • 1 média

    Le Borobudur est situé à quarante kilomètres au nord de Yogyakarta, dans la partie centrale de l'île de Java. On a souvent noté la dualité du monument, son aspect à la fois pyramidal, avec ses nombreux plans horizontaux, et son aspect hémisphérique qui fait que l'on ne peut se méprendre...

  • Afficher les 25 références

Voir aussi