PYRAMIDE

Les dernières pyramides

En plus des deux pyramides de la XIIIe dynastie déjà citées, une seule autre, au massif de brique crue presque rasé (de 100 coudées de côté), située à environ un kilomètre au sud de celle d'Amenemhat III à Dahchour, est attribuable à l'un des nombreux rois de la IIe Période intermédiaire ; portant le nom d'Ameny ‘Aamou (l'Asiatique), ce roi serait peut-être l'un de ces Hyksos (XVe-XVIe dynasties) qui dominèrent le nord du pays, tandis que, à Thèbes, les souverains de la XVIIe dynastie contrôlaient toujours la Haute-Égypte. Ahmosis, le dernier de ceux-ci, qui, après avoir réunifié l'Égypte vers 1580 avant J.-C., devint le fondateur de la XVIIIe dynastie, édifia à Abydos un cénotaphe en forme de pyramide, mais sa tombe même n'a pas été retrouvée. Son fils, Aménophis Ier, édifia la sienne dans la nécropole thébaine à Dra Aboul-Naga ; ce complexe funéraire, très ruiné et probablement assez analogue à ceux des rois Antef, pourrait avoir comporté comme eux une petite pyramide à base étroite et pente accusée. Après ces deux rois, Thoutmosis Ier (1530-1520 av. J.-C.) décida de creuser sa tombe dans la falaise du cirque où prend naissance ce qui allait devenir la célèbre Vallée des rois, lieu dominé par une cime culminante, précisément en forme de pyramide. Tous les rois du Nouvel Empire viendront dès lors creuser leurs hypogées à la base des flancs de cette pyramide naturelle, se contentant d'édifier dans la plaine de Thèbes leurs temples de culte funéraire.

Pyramidion du grand prêtre de Ptah, Ptahmès

Pyramidion du grand prêtre de Ptah, Ptahmès

Pyramidion du grand prêtre de Ptah, Ptahmès

ART ÉGYPTIEN, Nouvel Empire, XVIIIe dynastie, Pyramidion construit au-dessus de la chapelle d'une…

Pourtant, si la pyramide construite disparaît ainsi de l'architecture funéraire royale, elle s'implante au contraire comme symbole de protection solaire dans les tombes privées. Dès le Moyen Empire, à Abydos, des caveaux voûtés en encorbellement avaient été aménagés à l'intérieur de petites pyramides de brique crue. Mais ce sera surtout à partir du Nouvel Empire, et jusqu'à l'époque romaine, que les tombes en forme de maisons souvent à portiques comporteront sur leur terrasse une pyramide en brique crue à forte pente, couronnée par un pyramidion de pierre gravé, représentant parfois le propriétaire adorant le dieu-Soleil. Les meilleurs exemples de ces tombes ont été découverts à Deir el-Medineh, dans la nécropole thébaine.

D'autre part, quelque huit siècles après la construction de la dernière pyramide royale à Thèbes, la conquête de l'Égypte entreprise par les souverains de Napata, au Soudan, fut réalisée par l'un deux, Piankhy, le fondateur de la XXVe dynastie (715 av. J.-C.). Ce dernier revint alors à la forme pyramidale pour sa tombe, qu'il édifia en pierre, à El-Kurrut, nécropole de ses prédécesseurs près de Napata. Cette pyramide, aujourd'hui démantelée, n'aurait mesuré qu'une douzaine de mètres de côté, mais aurait présenté une forte pente, d'environ 680 ; elle surmontait un caveau creusé dans le sol et voûté en encorbellement, auquel conduisait un escalier venant de l'est. Les successeurs de Piankhy construisirent là des pyramides analogues, mais avec caveau souterrain ; puis Taharqa, dernier Koushite ayant régné sur l'Égypte (690-667 av. J.-C.), édifia sa pyramide, la plus grande de Nubie (45 m environ) à Nuri, à 30 kilomètres en amont. Durant deux siècles, les rois de Koush y dressèrent encore les leurs, plus modestes, malgré le transfert de la capitale, après la défaite d'Aspalta en 591, plus au sud, à Méroë où près d'une cinquantaine de pyramides royales furent édifiées jusqu'à l'anéantissement du royaume de Méroë par les Axoumites vers 350 après J.-C. Par ailleurs, dans diverses nécropoles de cette période méroïtique (comme à Sedeinga), des pyramides en briques crues surmonteront souvent des tombes de notables.

Quant aux pyramides d'Amérique centrale[...]

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Écrit par

  • Jean-Philippe LAUER : directeur de recherche honoraire au C.N.R.S., architecte-archéologue expert à Sakkarah (service des Antiquités de l'Égypte)

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Pour citer cet article

Jean-Philippe LAUER, « PYRAMIDE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

Média

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La forme pyramidale obéit à une symbolique solaire. La pyramide à degrés du roi Djéser, qui connaît…

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Autres références

  • DJÉSER PYRAMIDE DE

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    Le complexe funéraire du roi Djéser (IIIe dynastie) érigé à Saqqarah marque, dans l'histoire de l'architecture égyptienne, une double innovation : l'adoption de la forme pyramidale pour le tombeau du souverain et l'utilisation systématique de la pierre de taille en assises réglées.[...]

  • PYRAMIDE DE SNÉFROU, Dahchour (Égypte)

    • Écrit par Annie FORGEAU
    • 1 295 mots
    • 2 médias

    La première pyramide lisse fut érigée sur le site de Dahchour au sud de Saqqarah, pour Snéfrou, premier souverain de la IV e dynastie. Elle fait partie du quatrième complexe funéraire de ce roi, diverses solutions ayant été successivement adoptées pour la superstructure de la tombe : [...]

  • ANGKOR

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    • 12 médias
    [...]compter tous les édifices en matériaux légers qui devaient exister et dont il ne reste plus trace. La partie centrale du sanctuaire est constituée par une pyramide à cinq gradins. Le sanctuaire supérieur, rebâti au milieu du xii e siècle, abritait le lịnga-palladium, divinité protectrice du roi et[...]
  • ARCHITECTURE (Thèmes généraux) - Architecture et philosophie

    • Écrit par Daniel CHARLES
    • 30 021 mots
    [...]étranger décédé, qui a abandonné son interpénétration vivante avec l'effectivité et, étant lui-même mort, entre dans ces cristaux dépourvus de vie ». Plus clairement : les premiers architectes se vouent à l'édification de tombeaux, et ces tombeaux, ce sont les pyramides. Nous sommes en Égypte.[...]
  • BOROBUḌUR ou BARABUDUR

    • Écrit par Jacques DUMARÇAY
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    Le Borobudur est situé à quarante kilomètres au nord de Yogyakarta, dans la partie centrale de l'île de Java. On a souvent noté la dualité du monument, son aspect à la fois pyramidal, avec ses nombreux plans horizontaux, et son aspect hémisphérique qui fait que l'on ne peut se méprendre[...]

  • DJÉSER ou DJOSER, pharaon de la IIIe dynastie (IIIe mill. av. J.-C.)

    • Écrit par E.U.
    • 1 841 mots

    Roi d'Égypte, au IIIe millénaire av. J.-C.

    Djéser, dont le nom d'Horus est Néterikhet, succède à son frère Khasekhem, fondant la IIIe dynastie. Il est apparenté par sa mère au dernier dirigeant de la IIe dynastie. Avec l'aide de son ministre Imhotep, architecte plus tard[...]

  • ÉGYPTE ANTIQUE (Civilisation) - L'art

    • Écrit par Annie FORGEAU
    • 62 986 mots
    • 30 médias
    Sous la IIIe dynastie, Imhotep, architecte de Djeser, imagine à Saqqarah, pour couvrir les appartements funéraires du roi, la première pyramide en pierre. À gradins et haute de 60 mètres, celle-ci est à la fois la transposition du tertre initial sur lequel se posa le démiurge au matin de la création[...]
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