Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

Dans la mythologie de l’Égypte ancienne, Rê est le dieu-Soleil. Anthropomorphe ou avec une tête de faucon, il est coiffé du disque solaire autour duquel s’enroule un serpent (uræus). Dans sa forme naissante, il peut être représenté par un veau, un enfant, ou un scarabée. Ses aspects nocturnes lui valent d’être doté d’une tête de bélier. En tant qu’ennemi d’Apopis, il peut se manifester sous la forme d’un chat.

Grand dieu égyptien d'Héliopolis, le soleil bénéficia d'une faveur grandissante au cours de l'Ancien Empire, ainsi qu'en témoignent les noms et les titulatures des rois de cette période : de plus en plus, les souverains prennent l'habitude de se donner des noms composés avec celui de Rê et le titre de « fils de Rê » est inclus dans les titulatures royales dès la IVe dynastie, fondée par Snéfrou en 2600 av. J.-C. environ. Le roi, sous l'Ancien Empire, est le seul à ressusciter sous la forme d'une divinité. Il a également le pouvoir de se joindre au dieu Rê dans sa barque. Les pyramides sont construites selon cette conception : elles sont à la fois la colline primordiale sur laquelle Rê accomplit la création et la symbolisation des rayons du soleil, ainsi que l'escalier qui monte au ciel. Le souverain au sein de la pyramide accomplit, en quelque sorte, un retour dans la butte qui fut le point de départ de la création et c'est là qu'il trouve les forces nouvelles pour la résurrection. Le caveau, l'antichambre et, en partie, le couloir d'accès de la pyramide furent recouverts de textes à partir de la Ve dynastie, fondée par Ouserkaf en 2460 environ av. J.-C. Ces textes sont centrés sur la résurrection royale et sur l'union du souverain avec le disque solaire. À Héliopolis, on adorait aussi le symbole de la pierre sur laquelle le démiurge apparut lors de la création du monde et qui était appelée pierre benben. De la forme de celle-ci s'inspirent non seulement les pyramides, mais aussi les obélisques.

À partir de la Ve dynastie, le lien s'accentue entre le culte solaire et la nature. Ainsi, les reliefs des temples funéraires royaux sont décorés de scènes représentant les saisons. Cet aspect naturaliste se manifeste encore dans les temples solaires de la Ve dynastie ; le mieux conservé est celui de Niouserré à Abousir, dont l'élément essentiel était constitué par une cour à ciel ouvert devant un gros obélisque symbolisant la pierre benben. L'animal du dieu Rê était le phénix, dont le nom, Benou, appartient à la même racine que celui de la pierre benben. Les Grecs ont élaboré la légende du phénix à partir de diverses croyances remontant à cette origine théologique : il semblait apparaître au matin avec le soleil et il portait bonheur ; de plus, il semblait être immortel.

L'évolution théologique du dieu Rê est relativement complexe. D'abord divinité secondaire, il fut mis en relation avec le dieu Horakhty, l'Horus de l'horizon, et avec le dieu Atoum. C'est précisément de celui-ci que Rê tira son aspect de créateur. Ainsi, de différentes divinités (Rê, Atoum, Khépri, Horus de l'horizon) on ne fit plus qu'une seule divinité sous différents aspects. L'influence de Rê, dieu monarchique, baissa au profit d'Osiris, dieu populaire. La raison en était simple : en effet, avec le culte d'Osiris, tout le monde désormais pouvait devenir un dieu, un Osiris, ce qui n'était pas le cas avec le culte de Rê, qui permettait au seul pharaon d'être assimilé à un dieu. Cependant, on trouva rapidement un compromis en faisant d'Osiris un dieu de la terre et de Rê un dieu du ciel ; Osiris devenait ainsi le corps du dieu, alors que Rê en était l'âme.

Les grands livres funéraires de la Vallée des Rois furent rédigés à l'époque du Nouvel Empire suivant ces conceptions.[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : docteur de troisième cycle, chargé de recherche au C.N.R.S, professeur à l'École pratique des hautes études (IVe section)
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis et Yvan KOENIG. [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ABU SIMBEL

    • Écrit par Christiane M. ZIVIE-COCHE
    • 1 974 mots
    • 6 médias
    Le plus méridional des deux édifices, et aussi le plus grand, a été consacré par Ramsès II au dieu Rê-Horakhty ainsi qu'à la forme divinisée du roi lui-même, et porte le simple nom de « Maison de Ramsès aimé d'Amon ». Il est orienté vers l'est de manière telle que, deux fois par an, aux équinoxes,...
  • APOPIS, religion égyptienne

    • Écrit par Florence GOMBERT
    • 142 mots

    Apopis (Apophis en grec) est représenté sous les traits d'un serpent gigantesque, toujours ligoté ou transpercé par des couteaux ou par une lance.

    La première attestation d’Apopis se trouve dans les textes de la tombe d’Ankhtifi sous la XIe dynastie.

    Dans les Textes des sarcophages, sous...

  • BASTET

    • Écrit par Florence GOMBERT
    • 148 mots

    Déesse égyptienne, Bastet est représentée sous les traits d’une lionne ou d’une chatte, parfois allaitant ses petits. Pendant la Troisième Période intermédiaire (1069-664 av. J.-C.), elle adopte la forme d’une femme à tête de chat. Bastet tient souvent un sistre (instrument de musique) ou un panier....

  • DUALISME

    • Écrit par Simone PÉTREMENT
    • 6 159 mots
    On a souvent tenu pour dualiste la religion de l'Égypte ancienne. En effet, dans la religion solaire de l'Égypte, , le soleil, principe de vie et de vérité, a pour adversaire perpétuel Apophis, le gigantesque serpent de l'ombre. Dans le mythe d'Osiris, Seth, dieu malfaisant,...
  • Afficher les 21 références

Voir aussi