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SAQQARAH ou SAQQARA

Complexe funéraire de Djéser, Saqqarah - crédits : Bridgeman Images

Complexe funéraire de Djéser, Saqqarah

À une trentaine de kilomètres au sud du Caire, sur le bord de la falaise libyque, au nord de l'ancienne capitale de Memphis, s'étend l'une des plus vastes nécropoles d'Égypte, à laquelle on donne le nom du village actuel de Saqqara. De l'époque thinite datent d'importants mastabas en brique crue, dont certains furent peut-être des tombeaux royaux. Sous la IIIe dynastie (env. ~ 2700), Imhotep, architecte du pharaonDjéser, y érigea le premier complexe funéraire royal totalement construit en pierre de taille, en assises réglées ; dans cet ensemble se trouvent résumés tous les éléments que la préhistoire et l'époque thinite avaient réalisés en matériaux plus légers. Plusieurs tâtonnements furent nécessaires avant la création de la pyramide à degrés, étape intermédiaire entre le mastaba et la pyramide parfaite, jalon décisif vers l'extraordinaire réussite que seront plus tard les pyramides de Dachour et de Giza. Le complexe funéraire de Djéser était entouré par un haut mur d'enceinte à redans en pierre calcaire blanche qui a été partiellement reconstitué. Il était dominé par la masse de la pyramide à six degrés, sorte d'escalier monumental qui permettait aux dieux de descendre sur la terre et à l'âme du défunt de monter vers le ciel. Au-dessous, le dédale des appartements souterrains aboutissait au caveau construit en granite ; dans deux galeries servant de magasins ont été retrouvés, entassés par milliers, des vases et des récipients d'albâtre et de schiste datant des deux premières dynasties. Djéser s'était fait construire un deuxième tombeau, pratiqué dans l'épaisseur du mur d'enceinte sud ; son emplacement était marqué par une sorte de mastaba qui faisait saillie sur le sommet du mur. Les deux appartements funéraires rappelaient sans doute que Djéser était roi à la fois de Haute-Égypte et de Basse-Égypte, dualité que l'on retrouve tout au long de l'histoire pharaonique. Un certain nombre d'édifices factices évoquaient les rites spécifiques du pouvoir monarchique ; c'est le cas, par exemple, des belles façades des chapelles de la cour de la fête-sed, remontées par les soins de J.-P. Lauer, qui ne masquent que des remblais. Cet hallucinant ensemble était un pur simulacre destiné au seul usage de l'âme du roi.

Sekhemkhet, le successeur de Djéser, entreprit de bâtir dans ce secteur un ensemble du même type, découvert en 1951. L'enceinte, restée inachevée, montre comment on travaillait sous les plus anciens pharaons ; sur les murs non ravalés on voit encore, à l'encre rouge, les repères de construction. Le caveau a livré un beau sarcophage d'albâtre, intact mais vide.

Avec Ounas, le dernier souverain de la Ve dynastie, puis sous les rois de la VIe dynastie, les pyramides deviennent plus petites. Le pays s'est appauvri. Mais la foi reste vive, ainsi que l'espérance en l'autre monde. Les murs de la chambre sépulcrale et de l'antichambre, jusqu'alors laissés nus, se couvrent d'inscriptions qui, à quelques variantes près, se répètent d'un souverain à l'autre. Ce sont les Textes des pyramides, ensemble de formules magiques et religieuses destinées à faciliter la vie du roi défunt dans l'au-delà. Les appartements funéraires d'Ounas à Saqqara sont très simples : une descenderie nord-sud aboutit à un vestibule, puis un couloir assez bas, obturé jadis par trois herses, mène à l'antichambre ; celle-ci donne à l'est sur une sorte de magasin (le serdab) et à l'ouest sur le caveau. Le même plan se retrouve chez les divers rois de la VIe dynastie : Téti, Pépi Ier, Mérenrê et Pépi II. Dans les chambres de ces pyramides, exploitées en carrières au Moyen Âge, une mission française recueille actuellement, avec patience, les fragments[...]

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Écrit par

  • : secrétaire perpétuel de l'Académie des inscriptions et belles-lettres

Classification

Pour citer cet article

Jean LECLANT. SAQQARAH ou SAQQARA [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Complexe funéraire de Djéser, Saqqarah - crédits : Bridgeman Images

Complexe funéraire de Djéser, Saqqarah

Le chef du Trésor, Maya, et son épouse Mérit - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Le chef du Trésor, Maya, et son épouse Mérit

Autres références

  • DJÉSER ou DJOSER, pharaon de la IIIe dynastie (IIIe mill. av. J.-C.)

    • Écrit par Universalis
    • 336 mots

    Roi d'Égypte, au IIIe millénaire av. J.-C.

    Djéser, dont le nom d'Horus est Néterikhet, succède à son frère Khasekhem, fondant la IIIe dynastie. Il est apparenté par sa mère au dernier dirigeant de la IIe dynastie. Avec l'aide de son ministre Imhotep, architecte plus tard...

  • ÉGYPTE ANTIQUE (Histoire) - L'Égypte pharaonique

    • Écrit par François DAUMAS
    • 12 278 mots
    • 17 médias
    Mais, de 1935 à 1956, Emery découvrit au nord de la nécropole de Saqqarah de grands mastabas de la même époque ; il les attribua tout d'abord aux personnages importants de la capitale. Puis, on en vint à penser que ces monuments, beaucoup plus grands que ceux d'Abydos, étaient des tombeaux...
  • ÉGYPTE ANTIQUE (Histoire) - L'archéologie

    • Écrit par Jean LECLANT
    • 9 512 mots
    • 9 médias
    Au nord de la vallée, à proximité immédiate du Caire, le vaste secteur des pyramides continue d'être étudié avec ferveur. À Saqqara, J.-P. Lauer poursuit depuis 1926 l'étude et l'anastylose du complexe funéraire qui entoure la pyramide à degrés de Djoser, le fondateur de la IIIe...
  • ÉGYPTE ANTIQUE (Civilisation) - L'art

    • Écrit par Annie FORGEAU
    • 11 453 mots
    • 30 médias
    Sous la IIIe dynastie, Imhotep, architecte de Djeser, imagine à Saqqarah, pour couvrir les appartements funéraires du roi, la première pyramide en pierre. À gradins et haute de 60 mètres, celle-ci est à la fois la transposition du tertre initial sur lequel se posa le démiurge au matin de la création...
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Voir aussi