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NUTRITION

Du fait même qu'il fonctionne, tout organisme dépense. S'il paraît évident que la croissance exige la fourniture de nouveaux matériaux, il n'en est pas moins vrai que le simple entretien des cellules vivantes demande un apport constant de matière et d'énergie sous forme de nutriments que fourniront les aliments (presque toujours après transformation).. Ces nutriments sont les molécules assimilables. Elles constituent les matières premières de synthèses, d'une part, et d'autre part les sources d'énergie nécessaires à la croissance et à la maintenance ou entretien des organismes.

La preuve qu'il existe un renouvellement matériel constant a été donnée dès 1939 et 1940, lors d'expériences faites avec des composés marqués par des isotopes traceurs. Des rats ingérant un acide aminé, la leucine, marqué par l'azote de masse atomique 15, ainsi que des plants de tabac recevant du chlorure d'ammonium marqué de la même façon incorporent dans leurs protéines davantage d'azote que n'en requiert leur seule croissance. Cela montre qu'une fraction de leurs protides se trouve remplacée par des protides nouveaux, indépendamment de tout accroissement protoplasmique.

La nutrition, flux continuel d'échanges ordonnés entre l'être vivant et son milieu, a donc pour fonction de permettre les remaniements de l'organisme de telle sorte qu'on peut la définir comme le « double mouvement continu de combinaison et de décombinaison que présentent, sans se détruire, les végétaux et les animaux » (Littré). C'est pourquoi, à quelques rares exceptions près (vie suspendue des Rotifères, Nématodes, Tardigrades ; vie ralentie des hibernants ; vie latente des graines, des Mousses et des Lichens en période de sécheresse), la privation de nourriture, et plus généralement l'interruption des échanges nutritionnels, aboutit à la mort.

La vie se résume dès lors en une continuelle transformation d'énergie et de matière (cf. bioénergétique et métabolisme), qui implique la satisfaction des besoins nutritionnels correspondants. C'est à l'étude de ces besoins (et à leur régulation chez l'homme) que sera consacré le présent article. Pour évaluer les besoins matériels, il convient de connaître la nature et la quantité des matériaux mis en œuvre, c'est-à-dire la composition chimique des organismes (tabl. 1). Chez l'animal adulte à l'entretien, par exemple, on pourra ensuite estimer l'intensité de l'usure (catabolisme) en mesurant les pertes pour chaque groupe de substances. Bien entendu, la grandeur des besoins varie selon l'état physiologique. Dans les états où prédominent la production et la mise en réserve de matière, on devra tenir compte de l'existence de différents types de synthèse organique (anabolisme), comme il apparaît dans le tableau 2.

Composition élémentaire d'un organisme végétal - crédits : Encyclopædia Universalis France

Composition élémentaire d'un organisme végétal

Plante et animal : constituants chimiques des tissus - crédits : Encyclopædia Universalis France

Plante et animal : constituants chimiques des tissus

Quelles que soient les exigences particulières des organismes, le courant d'échanges entre leur milieu intérieur et le milieu extérieur auquel ils sont soumis est nécessairement accompagné d'une dégradation dominante de l'énergie. Les besoins nutritionnels peuvent donc être évalués sous l'angle énergétique et, dans ce cas, on les calculera en déterminant l'équivalent de calories ou de joules dépensé par l'organisme.

Chez les végétaux dits autotrophes, l'énergie nécessaire est fournie par la lumière ou par des réactions chimiques mettant en jeu des composés exclusivement minéraux : l'absorption de l'eau, des éléments minéraux et de dioxyde de carbone apportera les nutriments indispensables à l'élaboration endoénergétique des composés organiques des plantes, qui sont aussi source de matières nutritives pour d'autres êtres vivants.

Les animaux, en effet, tout comme les végétaux parasites ou saprophytes sont[...]

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Écrit par

  • : professeur honoraire de physiologie végétale à l'université de Paris-VII, membre de l'Académie d'agriculture
  • : directeur d'institut au C.N.R.S.
  • : professeur honoraire à l'université de Paris-Sud, correspondant de l'Académie des sciences
  • : docteur ès sciences, professeur honoraire à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie

Classification

Pour citer cet article

René HELLER, Raymond JACQUOT, Alexis MOYSE et Marc PASCAUD. NUTRITION [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Composition élémentaire d'un organisme végétal - crédits : Encyclopædia Universalis France

Composition élémentaire d'un organisme végétal

Plante et animal : constituants chimiques des tissus - crédits : Encyclopædia Universalis France

Plante et animal : constituants chimiques des tissus

Justus von Liebig - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Justus von Liebig

Autres références

  • NUTRITION AZOTÉE DES VÉGÉTAUX

    • Écrit par Claude LANCE
    • 256 mots

    En recherchant si les plantes pouvaient absorber l'azote de l'air, Jean-Baptiste Boussingault (1802-1887), le « père de l'agronomie », posait la dernière question concernant l'alimentation exclusivement minérale des végétaux supérieurs. Les caractéristiques de la ...

  • ABSORPTION VÉGÉTALE

    • Écrit par René HELLER, Jean-Pierre RONA
    • 4 440 mots
    • 6 médias

    Les plantes, pour la plupart, tirent du sol l'eau et les sels minéraux qui leur sont nécessaires. Les racines – qui forment l'appareil radiculaire – et les poils absorbants localisés sur les plus jeunes d'entre elles, jouent pour cela un rôle essentiel. En effet, elles absorbent les éléments...

  • AGRONOMIE

    • Écrit par Stéphane HÉNIN, Michel SEBILLOTTE
    • 9 202 mots
    • 1 média
    C'est à Justus von Liebig que l'on doit d'avoir, en 1840, donné son essor à l'idée deThéodore de Saussure qui montre, dans ses Recherches chimiques sur la végétation(1804), que les plantes peuvent se nourrir de matières minérales. L'alimentation carbonée s'effectue à partir du gaz carbonique...
  • ANIMAUX MODES D'ALIMENTATION DES

    • Écrit par René LAFONT, Martine MAÏBECHE
    • 4 312 mots

    La diversité des modalités alimentaires que l'on rencontre chez les animaux est bien illustrée par la coexistence de deux terminologies parallèles, l'une latine (-vore de vorare) et l'autre grecque (-phage, de phagein), qui définissent leurs comportements alimentaires. Un troisième...

  • AUTOTROPHIE & HÉTÉROTROPHIE

    • Écrit par Alexis MOYSE
    • 2 503 mots
    • 2 médias

    Les besoins d'aliments et d'énergie sont satisfaits de manière différente selon les êtres vivants. Un végétal chlorophyllien fabrique son protoplasme en utilisant des sels minéraux, du gaz carbonique, de l'eau et de la lumière. L'homme et les animaux n'ont pas cette capacité, leur autonomie nutritive...

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Voir aussi