Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

MICROBIOLOGIE

D'après son étymologie grecque, la microbiologie est la science des êtres vivants de petite taille. Mais que signifie « petit » et qu'est-ce que la « vie » ?

La petitesse de la taille d'un organisme vivant se détermine en fonction de l'acuité visuelle de l'espèce humaine. Le pouvoir de séparation de l'œil étant estimé à 100 μm à une distance de 25 centimètres, c'est approximativement au-dessous de cette taille qu'un être est considéré comme étant microscopique. Par ailleurs, de nombreux êtres vivants passent, au cours de leur existence, par différentes phases de développement et ont donc des tailles extrêmement variables. Bien que ces organismes soient connus le plus souvent sous leur forme macroscopique, les phases où ils sont invisibles à l'œil nu n'en sont pas moins essentielles à leur développement. Dans ces conditions, on peut ne considérer comme petits que les organismes qui restent microscopiques tout au long de leur cycle de vie, éliminant ainsi ceux dont la petitesse n'est que transitoire.

La vie, d'un point de vue scientifique, peut être définie par une conjonction subjective et non systématique d'un ensemble de propriétés dont trois sont nettement dominantes : la reproduction, l'organisation et la mobilité. De manière plus rigoureuse mais aussi plus restrictive – car ceci écarte les virus –, un organisme peut être considéré comme vivant lorsqu'il exécute trois fonctions : la première est la pérennisation de son patrimoine génétique (via la réplication des séquences d'acide désoxyribonucléique ou ADN qui le constituent). La deuxième et la troisième correspondent à l'expression de cette information par transcription de l'ADN en molécules d'acide ribonucléique (ARN), et par traduction de certaines de ces molécules (ARN messagers) en protéines. Cette seconde définition, bien que réductrice, a le mérite d'éviter toute ambiguïté.

Historique

Durant une longue période, l'existence des organismes invisibles à l'œil nu n'était qu'à peine soupçonnée ; ensuite, l'histoire de la microbiologie s'est clairement développée en trois phases.

Antonie Van Leeuwenhoek - crédits : Wellcome Collection ; CC 2.0

Antonie Van Leeuwenhoek

La première correspond aux xviie et xviiie siècles avec les premières observations microscopiques associées à la remise en cause de la notion de génération spontanée. Le célèbre drapier de Delft, Antoni Van Leeuwenhoek (1632-1723), est l'homme clé de cette période. Observateur méticuleux, il est connu – à tort – comme « l'inventeur du microscope » et le découvreur des « animalcules ». Ses prises de position pour l'abolition de l'« hérésie générative » s'associeront à celles de ses contemporains tels que Francesco Redi (1627-1697) ou Jan Swammerdam (1637-1680).

Robert Koch - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Robert Koch

Le xixe siècle, avec ses scientifiques d'exception, correspond à la deuxième période – majeure – de l'histoire de la microbiologie. Ce siècle a permis de poser définitivement le cadre de cette science. En particulier, Pasteur (1822-1895) et Koch (1843-1910) ont mis en évidence non seulement le rôle des micro-organismes – appelés encore microbes – comme agents de certaines maladies, mais aussi leur implication comme agents de la fermentation des aliments.

Alexander Fleming - crédits : Davies/ Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Alexander Fleming

Au xxe siècle, la microbiologie se spécialisa dans trois domaines principaux : la physiologie, la biochimie et la génétique. Les nombreuses découvertes auxquelles ont donné lieu cette nouvelle microbiologie ont été suffisamment spectaculaires pour que le fait qu'elles aient été réalisées à partir de micro-organismes puisse être considéré comme accessoire. Parmi celles-ci, et au cœur des tourmentes du siècle, il y eut l'action antibactérienne de la pénicilline produite par la moisissure Penicillum notatum (Fleming, Chain et Florey), la nature spontanée[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : maître de conférences à l'Institut national des sciences appliquées de Lyon
  • : professeur à l'Institut national des sciences appliquées de Lyon
  • : biologiste, professeur à l'université de Caen Basse-Normandie

Classification

Pour citer cet article

Corinne DOREL, Philippe LEJEUNE et Jean-Michel PANOFF. MICROBIOLOGIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Antonie Van Leeuwenhoek - crédits : Wellcome Collection ; CC 2.0

Antonie Van Leeuwenhoek

Robert Koch - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Robert Koch

Alexander Fleming - crédits : Davies/ Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Alexander Fleming

Autres références

  • ALIMENTATION (Aliments) - Risques alimentaires

    • Écrit par Jean-Pierre RUASSE
    • 4 757 mots
    • 1 média
    ...cas de germes parasitaires : ascaris, ténias, douves, trichines dont la présence dans certains aliments nécessite un dépistage préventif systématique. Quant aux éléments microbiens et viraux, ils peuvent rendre l'aliment dangereux par trois mécanismes essentiels : la prolifération, la toxinogenèse et...
  • AMMONIFICATION ou AMMONISATION

    • Écrit par Didier LAVERGNE
    • 1 920 mots
    • 1 média
    ...fait est démontré par la sensibilité du phénomène vis-à-vis des facteurs qui limitent la vie (ex. température, aération, humidité) et par l'isolement des germes responsables. La propriété de détacher la fonction amine des aminoacides, issus de l'hydrolyse des protéines, est d'ailleurs une faculté métabolique...
  • ANTIBIORÉSISTANCE

    • Écrit par Aurélie CHABAUD, Sylvain MEYER, Marie-Cécile PLOY
    • 5 907 mots
    • 4 médias

    Les antibiotiques sont des molécules naturellement produites par des bactéries ou des champignons, et qui contribuent à l’équilibre entre populations de micro-organismes au sein d’une niche écologique. L’utilisation d’antibiotiques pour prévenir ou traiter une infection, pour accélérer la croissance...

  • ANTIBIOTIQUES

    • Écrit par Aurélie CHABAUD, Sylvain MEYER, Marie-Cécile PLOY
    • 6 760 mots
    • 6 médias

    Au début des années 1940, le microbiologiste américain Selman A. Waksman, découvreur de nombreux antibiotiques dont la streptomycine – ce qui lui valut le prix Nobel de médecine en 1952 –, définit un antibiotique comme une substance chimique, produite par un micro-organisme, qui inhibe la croissance...

  • Afficher les 73 références

Voir aussi