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SWAMMERDAM JAN (1637-1680)

Le naturaliste hollandais Jan Swammerdam, bien que destiné à l'état religieux par son père (apothicaire à Amsterdam et collectionneur de toutes curiosités venues des Indes orientales), entre en 1661 à l'université de Leyde pour y étudier la médecine sous la direction notamment de Van Horne et de Franz de Le Boë. En 1663, il vient à Paris perfectionner ses connaissances en dissection et devient un anatomiste d'une habileté reconnue. Il y fait la connaissance de Melchisédec Thévenot, personnage important du monde scientifique français, à qui il léguera ses collections et manuscrits. Il séjourne à Amsterdam, termine ses études à Leyde, où il est reçu docteur en 1667 avec une thèse sur le mécanisme de la respiration (Tractatus physico-anatomico-medicus de respirationeusuquepulmonum), qui contient la description des valvules des vaisseaux lymphatiques. Cette thèse comporte également le dessin d’un thermoscope, un tube à deux réservoirs partiellement empli d’un fluide dont la dilatation permet d’évaluer la fièvre des malades. Swammerdam fait alors partie d’un groupe d’anatomistes dotés d’une curiosité sans limites, parmi lesquels Sténon, De Graaf, Blasius qui ont fait d’Amsterdam et de Leyde d’importants foyers intellectuels.

Il poursuit ses recherches sur l'anatomie humaine et animale. Dans le premier domaine, il met au point la formule d'une cire colorée qui, injectée dans les cadavres au moyen d’une seringue, permet un meilleur examen des vaisseaux artériels et veineux. En 1672, il adresse à la Royal Society of London un traité sur la reproduction, Miraculumnaturae, seuuterimuliebrisfabrica, notis in Van Horne prodromumillustrata, et revendique par ce biais avec Van Horne la découverte des ovaires, précédemment attribuée à De Graaf.

Héritier des collections d'insectes de son père, il en tire un catalogue et ne cesse de les enrichir. Grâce à ses talents d’anatomiste, il se consacre à leur étude, utilisant des microscopes, appareils que les opticiens hollandais ont fortement contribué à concevoir et diffuser. Il divise les insectes en quatre classes, selon leurs métamorphoses et leurs structures ; pour chaque classe, il donne une description minutieuse des étapes de la métamorphose et précise également les différences entre la nymphe et l'œuf. En 1675, sa description anatomique des éphémères paraît en néerlandais (Ephemerivita, of afbeeldinghvan'sMenschenLeven ; Vertoont in de wonderbaarelijcke en nooytgehoorde historie...), puis en français (Description anatomique des insectes éphémères). Une rencontre bouleverse sa vie et l'écarte de l'entomologie : celle d'Antoinette Bourignon, Lilloise illuminée, au fanatisme exalté, à la dévotion missionnaire, qui se croit envoyée par Dieu pour réformer le christianisme. Finalement persuadé que ses dissections déplaisent à Dieu, Swammerdam cesse ses travaux, brûle certains manuscrits en sa possession et se livre ensuite entièrement à la méditation et à l'ascétisme. Sténon cherche à l’en dissuader en essayant en vain de le convertir au catholicisme.

Ses collections d'insectes sont dispersées aux enchères ; Thévenot (alors ambassadeur du roi de France) hérite de ses manuscrits et notes épargnés. Ceux-ci seront vendus plus tard à Boerhaave qui, en 1737, en fait paraître une édition latine sous le titre de Biblia naturae, sive Historia insectorum in classes certas reducta, necnon exemplis et anatomico variorum animalculorum examine aenisque tabulis illustrât, insertsnumérisésvariorumnatureobservation bus (« Bible de la nature, ou histoire des insectes rapportée à certaines classes, avec des exemples et l'examen anatomique des différents animalcules, auxquels on a joint de rares observations d'histoire naturelle »). Cette « bible » contient d'une part des descriptions d'une extraordinaire précision, d'autre[...]

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Écrit par

  • : archiviste documentaliste à l'Institut Pasteur, Paris
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Jacqueline BROSSOLLET et Universalis. SWAMMERDAM JAN (1637-1680) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Origine de la théorie des emboîtements (préformation) - crédits : Bibliothèques de l'Université de Strasbourg (document BNU en dépôt)

Origine de la théorie des emboîtements (préformation)

Autres références

  • DE GRAAF RÉGNIER (1641-1673)

    • Écrit par Jacqueline BROSSOLLET, Universalis
    • 810 mots
    • 1 média

    Médecin et physiologiste néerlandais, Reinier (ou Régnier) De Graaf est issu d’une famille aristocratique d’Amsterdam. Il naît le 30 juillet 1641 à Schoonhoven, en Hollande méridionale. Il étudie la médecine à Utrecht (1661) où Ijsbrand Van Diemerbroeck enseigne l'anatomie,...

  • PRÉFORMATION ET ÉPIGENÈSE

    • Écrit par Maria Teresa MONTI
    • 6 746 mots
    • 7 médias
    Le naturaliste hollandais Jan Swammerdam (1637-1680) est en général considéré comme l’auteur de l’apport le plus significatif à la théorie de l’emboîtement. Car, en disséquant la chrysalide du ver à soie, il y décèle les organes enveloppés de l’insecte achevé. De cette découverte, il ne tire qu’une conséquence,...

Voir aussi