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LUTH

À la recherche de l'accord

C'est là le phénomène le plus significatif et le plus important de l'histoire du luth. On ne peut dire exactement si c'est le luth qui conduisit à l'harmonie ou les premières polyphonies qui la suggérèrent aux luthistes ; toujours est-il que le luth est un des tout premiers instruments à s'engager dans la voie qui fut celle de la musique occidentale. Il s'agit là d'un phénomène de rupture comparable à celui que l'on rencontre dans les sciences : une pratique – en l'occurrence celle des luthistes dans la polyphonie vocale et dans les adaptations qu'ils en faisaient pour leur instrument – provoque la naissance d'une théorie qui fonde cette pratique. Les luthistes rompent avec la pensée mélodique horizontale et passent à la pensée harmonique verticale : ils ont découvert l'accord.

On ne saurait minimiser une telle découverte puisqu'en réalité elle est la base de la musique occidentale. Elle s'affirme très tôt. Et l'on sait que les luthistes du xve siècle cultivaient déjà un art fort subtil puisque, en 1487, le théoricien flamand Johannes Tinctoris écrit avec admiration « qu'ils sont seuls à pouvoir jouer non seulement une ou deux voix, mais trois ou quatre en même temps, ce qui est fort difficile ».

Le xve siècle a laissé quelques noms de luthistes de cour, mais, paradoxalement, aucune de leurs compositions : on n'écrit toujours pas la musique pour le luth. Les cours princières témoignent d'un vif intérêt pour cet instrument. Il est présent partout, dans toutes les classes de la société. Il apparaît même dans les scènes religieuses : il est représenté par Vittore Carpaccio dans la Présentation au temple et par Francesco Francia qui le place aux pieds de la Madonna in trono. On attribue au luth des qualités toutes plus brillantes les unes que les autres. « C'est l'instrument des dieux. »

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Écrit par

  • : directeur de la revue Musique ancienne, luthier d'art (copies de luths et clavecins anciens)

Classification

Pour citer cet article

Joël DUGOT. LUTH [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Amour jouant du luth, R. Fiorentino - crédits : Rabatti - Domingie/ AKG-images

Amour jouant du luth, R. Fiorentino

Autres références

  • ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Musique

    • Écrit par Universalis, Jacques MICHON
    • 6 879 mots
    • 8 médias
    On retrouve beaucoup de ces musiciens parmi ceux qui ont illustré cet autre fleuron de la période qu'est l'air au luth. Celui-ci, essentiellement mélodie confiée à une voix soliste diversement accompagnée, le plus souvent au luth – d'où son nom –, a pour prince incontesté John Dowland, luthiste et chanteur...
  • BAKFARK BALINT (1507 env.-1576)

    • Écrit par Universalis
    • 334 mots

    Luthiste et compositeur, Bálint Bakfark est le premier musicien hongrois à accéder à la notoriété à travers toute l'Europe.

    Né en 1506 ou en 1507, à Brassó (Kronstadt, en allemand), en Transylvanie (auj. Braşov, en Roumanie), Bálint Bakfark (ou Valentin Greff Bakfark) se forme à la cour...

  • BALALAÏKA

    • Écrit par Universalis
    • 205 mots

    La balalaïka est un instrument à cordes russe de la famille des luths. Apparue à la fin du xviie siècle, elle est probablement dérivée de la dömbra (ou domra ou dombira), un luth à deux puis à trois cordes, à long manche et à caisse arrondie, joué en Russie et en Asie centrale. La famille...

  • BANJO

    • Écrit par Eugène LLEDO
    • 1 048 mots
    • 2 médias

    Instrument à cordes pincées à quatre, cinq ou six cordes, le banjo possède une caisse de résonance cylindrique en bois, cerclée de métal et munie d'une peau tendue par des clés.

    Comparé à la guitare, la particularité de ce luth américain réside dans l'inversion de sa corde la plus aiguë,...

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Voir aussi