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HERMÉNEUTIQUE

La fondation philosophique de l'herméneutique (W. Dilthey)

En la personne de Wilhelm Dilthey (1833-1911), les sciences de l'esprit trouvent leur premier épistémologue. De L'Introduction aux sciences de l'esprit (1883), on n'a souvent retenu que la distinction entre deux régimes épistémologiques irréductibles : l'explication qui caractérise les sciences de la nature, la compréhension qui caractérise les sciences de l'esprit. Mais d'emblée, la préoccupation épistémologique de W. Dilthey est ordonnée selon un projet philosophique plus fondamental qui trouvera son expression ultime dans L'Édification du monde historique dans les sciences de l'esprit (1910) : jeter les bases d'une « critique de la raison historique » qui compléterait le travail entrepris par Emmanuel Kant (1724-1804) dans sa Critique de la raison pure, face à la physique newtonienne.

W. Dilthey prépare le terrain à une véritable philosophie herméneutique, ultérieurement relayée par ses disciples G. Misch et O. F. Bollnow. Sa vie durant, il sera préoccupé par le rapprochement entre la psychologie descriptive, science des faits élémentaires de la vie spirituelle, et l'étude historique des grands systèmes culturels comme la science, le droit, la morale, l'art et la religion.

Même s'il est persuadé que la métaphysique comme science a été relayée par les sciences de l'esprit, il maintient néanmoins que « le métaphysique » comme tel ne peut pas mourir. Dans ses derniers travaux, il esquisse une « philosophie de la philosophie » qui prend la forme d'une typologie des visions du monde, mettant en évidence la complémentarité, mais aussi la différence irréductible qui existe entre l'art, la poésie et la religion, en même temps qu'il dégage trois expressions fondamentales de la vision du monde philosophique : le type matérialiste-naturaliste-positiviste, l'idéalisme objectif et l'idéalisme subjectif. Cette typologie est la matrice d'une lecture herméneutique de l'histoire de la philosophie.

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Écrit par

  • : docteur en philosophie, professeur émérite de la faculté de philosophie de l'Institut catholique de Paris, titulaire de la chaire "Romano Guardini" à l'université Humboldt de Berlin (2009-2012)

Classification

Pour citer cet article

Jean GREISCH. HERMÉNEUTIQUE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Paul Ricœur - crédits : AGIP/ Bridgeman Images

Paul Ricœur

Wilhelm Dilthey - crédits : AKG-images

Wilhelm Dilthey

Martin Heidegger - crédits : G. Schütz/ AKG-images

Martin Heidegger

Autres références

  • AU DÉTOUR DU SENS. PERSPECTIVES D'UNE PHILOSOPHIE HERMÉNEUTIQUE (C. Berner) - Fiche de lecture

    • Écrit par Jean GREISCH
    • 971 mots

    Au cours du xxe siècle, la philosophieherméneutique s'est développée selon deux axes distincts : le premier se laisse guider par le concept de compréhension qui, tant chez Heidegger que chez Gadamer, ne désigne plus un mode de connaître, mais une manière d'être ; le second, suivi en France...

  • ALLÉGORIE

    • Écrit par Frédéric ELSIG, Jean-François GROULIER, Jacqueline LICHTENSTEIN, Daniel POIRION, Daniel RUSSO, Gilles SAURON
    • 11 594 mots
    • 5 médias

    On définit généralement l'allégorie en la comparant au symbole, dont elle est le développement logique, systématique et détaillé. Ainsi, dans la poésie lyrique, l'image de la rose apparaît souvent comme le symbole de la beauté, de la pureté ou de l'amour ; Guillaume de Lorris en...

  • ARISTOTE (env. 385-322 av. J.-C.)

    • Écrit par Pierre AUBENQUE
    • 23 786 mots
    • 2 médias
    Dans les interprétations les plus récentes de l'œuvre aristotélicienne, deux courants s'affrontent : le courant herméneutique et le courant analytique. Le premier, dominant chez les interprètes d'Europe continentale, s'intéresse au contexte linguistique et historique, à l'architecture...
  • BĀṬIN & BĀṬINIYYA

    • Écrit par Joseph CUOQ
    • 356 mots

    Le mot arabe bāṭin signifie « caché », « ésotérique », par opposition à ẓāhir qui est traduit par « explicite », « obvie », « littéral ». La distinction entre bāṭin et ẓāhir intervient dans l'interprétation du Coran, lequel, au-dessus du sens explicite...

  • BIBLE - L'inspiration biblique

    • Écrit par André PAUL
    • 4 564 mots
    • 1 média
    L'Égypte ancienne, déjà, attribuait ses « saintes écritures » au dieu écrivain ou scribe Thot, le précurseur d'Hermès. Proche de cette figure égyptienne, il y avait aussi, et surtout, le dieu babylonien Nabû, fils de Marduk : considéré comme le scribe par excellence, on l'appelait le « scribe des dieux...
  • Afficher les 42 références

Voir aussi