- 1. Une pensée de la compréhension
- 2. L'équité herméneutique et les exigences de l'interprétation (F. G. Meier).
- 3. Le perspectivisme des interprétations et l'objectivité de la connaissance (J. M. Chladenius)
- 4. L'herméneutique comme art philosophique universel (F. Schlegel)
- 5. L'herméneutique et la vie de l'esprit universel (F. Ast)
- 6. La circularité herméneutique (F. Schleiermacher)
- 7. La fondation philosophique de l'herméneutique (W. Dilthey)
- 8. La compréhension comme modalité de l'être-au-monde (M. Heidegger)
- 9. La fécondité herméneutique de la distance temporelle (H.-G. Gadamer)
- 10. « Expliquer plus, c'est comprendre mieux » (P. Ricœur)
- 11. Bibliographie
HERMÉNEUTIQUE
La fondation philosophique de l'herméneutique (W. Dilthey)
En la personne de Wilhelm Dilthey (1833-1911), les sciences de l'esprit trouvent leur premier épistémologue. De L'Introduction aux sciences de l'esprit (1883), on n'a souvent retenu que la distinction entre deux régimes épistémologiques irréductibles : l'explication qui caractérise les sciences de la nature, la compréhension qui caractérise les sciences de l'esprit. Mais d'emblée, la préoccupation épistémologique de W. Dilthey est ordonnée selon un projet philosophique plus fondamental qui trouvera son expression ultime dans L'Édification du monde historique dans les sciences de l'esprit (1910) : jeter les bases d'une « critique de la raison historique » qui compléterait le travail entrepris par Emmanuel Kant (1724-1804) dans sa Critique de la raison pure, face à la physique newtonienne.
W. Dilthey prépare le terrain à une véritable philosophie herméneutique, ultérieurement relayée par ses disciples G. Misch et O. F. Bollnow. Sa vie durant, il sera préoccupé par le rapprochement entre la psychologie descriptive, science des faits élémentaires de la vie spirituelle, et l'étude historique des grands systèmes culturels comme la science, le droit, la morale, l'art et la religion.
Même s'il est persuadé que la métaphysique comme science a été relayée par les sciences de l'esprit, il maintient néanmoins que « le métaphysique » comme tel ne peut pas mourir. Dans ses derniers travaux, il esquisse une « philosophie de la philosophie » qui prend la forme d'une typologie des visions du monde, mettant en évidence la complémentarité, mais aussi la différence irréductible qui existe entre l'art, la poésie et la religion, en même temps qu'il dégage trois expressions fondamentales de la vision du monde philosophique : le type matérialiste-naturaliste-positiviste, l'idéalisme objectif et l'idéalisme subjectif. Cette typologie est la matrice d'une lecture herméneutique de l'histoire de la philosophie.
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Écrit par
- Jean GREISCH : docteur en philosophie, professeur émérite de la faculté de philosophie de l'Institut catholique de Paris, titulaire de la chaire "Romano Guardini" à l'université Humboldt de Berlin (2009-2012)
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