DIGESTION

Le terme « digestion » désigne l’ensemble des transformations, d'ordre mécanique ou chimique, subies par les aliments dans le tube digestif avant de parvenir à l'état sous lequel ils sont assimilables par les cellules (Trésor de la langue française informatisé).

Les aliments absorbés sont presque invariablement complexes, ils doivent être décomposés en molécules plus simples : le principe des processus de la digestion est essentiellement le même chez tous les vertébrés, quelles que soient les particularités dues aux différences dans les régimes alimentaires.

Motricité digestive (péristaltisme)

La motricité de l’appareil digestif joue un rôle fondamental dans l’ensemble des processus de la digestion. En effet, dès le moment où ils pénètrent la cavité buccale, les aliments sont progressivement réduits en fragments, mélangés et malaxés avec les sécrétions des organes digestifs, décomposés par l’action d’enzymes en molécules assimilables, au cours de leur transit le long du tube digestif. Cela est dû à une succession de mouvements ordonnés (le péristaltisme) affectant la suite des différents organes du tractus digestif.

La motricité du tube digestif n'est jamais en repos : elle est active en permanence, mais elle fonctionne différemment, à jeun, quand le tube digestif ne contient que les liquides sécrétés par les glandes et, pendant les phases postprandiales, quand il contient des aliments en cours de digestion.

Motricité à jeun

À jeun, on observe une onde péristaltique qui naît dans l'estomac, se propage progressivement tout le long de l'intestin grêle jusqu'au cæcum et qui concerne aussi les voies biliaires. Cette onde a la particularité d’être unique – il ne peut y avoir deux ondes péristaltiques au même moment en deux endroits séparés du tube digestif. Elle met environ 90 minutes pour parcourir de haut en bas l'estomac et l'intestin ; elle atteint alors le cæcum où elle s’éteint. Une nouvelle onde prend alors naissance dans l'estomac. L'activité motrice gastrique est stimulée par la sécrétion d'une hormone peptidique, la motiline, par des cellules spécialisées du duodénum. Dès que l'on mange, l'apparition de la première bouchée d'aliments dans le tube digestif interrompt l'onde en cours de déplacement. Une nouvelle organisation motrice apparaît : celle de la phase postprandiale.

Motricité postprandiale

L'entrée des aliments dans le tube digestif commence par un acte volontaire, la mastication, puis la déglutition. Dès son entrée dans l'œsophage, la bouchée alimentaire subit un déplacement échappant à notre volonté, et cela jusqu'à la défécation. Deux sphincters (anneaux musculaires systématiquement fermés et dont l'ouverture n'obéit qu'à des ordres spéciaux) ferment le tube digestif à ses deux extrémités : le sphincter cricopharyngien, en haut de l'œsophage, et le sphincter anal, après le rectum.

Entre les deux, la progression des aliments résulte d'un mouvement de propulsion assuré par les muscles lisses de la paroi du tube digestif, qui sont disposés en deux couches : une couche profonde, circulaire formée de fibres annulaires, et une couche superficielle, composée de fibres longitudinales juxtaposées. Le péristaltisme résulte d'une onde de contraction, que précède une zone de distension, lesquelles se propageant le long de cette double couche musculaire entraînent le bol alimentaire. Le plus souvent, les fibres se contractent au contact direct des aliments, mais le déplacement de l'onde contractile dépend de l'organisation du système nerveux intrinsèque du tube digestif (plexus mésentérique).

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Chez l'humain, la traversée de l'œsophage demande quelques secondes, les contractions de l'estomac commencent quelques minutes après et se poursuivent régulièrement jusqu'à ce que l'organe soit vide. Il faut environ une heure pour que l'estomac se vide de la moitié de son contenu, et encore une heure pour qu'il se vide de la moitié du reste.

La vitesse de progression dans l'intestin grêle est de l'ordre de 2 centimètres par minute, si bien qu'il faut 3 à 4 heures pour que les reliquats du bol alimentaire atteignent la frontière entre le petit et le gros intestin. La progression dans le côlon est beaucoup plus lente (environ 20 heures pour parcourir 1 m de longueur), faite de mouvements de brassage sur place, de progressions et de régressions, avant que le résidu n'atteigne la charnière recto-sigmoïdienne, où il provoque la défécation. Celle-ci est un réflexe déclenché par une sensation de plénitude rectale ; elle met en jeu la motricité colique, qui assure la progression, la musculature abdominale qui, en se contractant, augmente la pression à l'intérieur du ventre, et le sphincter anal, qui se relâche. Le temps qui sépare l'ingestion des aliments du début de la défécation des résidus est en moyenne de 15 à 30 heures (dans ce délai, seulement 10 à 20 % des résidus sont rejetés). Par suite des freinages, des mélanges se produisant à divers étages du tube digestif, il faut de 3 à 7 jours pour éliminer 95 % des résidus d’un repas.

La commande de la motricité intestinale est essentiellement sous la dépendance du contact des aliments et de l'innervation intrinsèque. Elle subit cependant diverses influences : le nerf pneumogastrique et son médiateur (l'acétylcholine) activent la motricité. À l’inverse, le système sympathique, dont le médiateur est l'adrénaline, la ralentit. La nicotine augmente les contractions de l'estomac et de l'intestin grêle, mais relâche celles du côlon. Des hormones comme la sérotonine (80 % de cette hormone est localisée dans les cellules chromaffines de la muqueuse gastro-intestinale) accélèrent considérablement la motricité intestinale. Ces influences expliquent, par exemple, les diarrhées dues aux émotions fortes ou encore certains réflexes conditionnés.

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Dans cette description de la motricité au long du tube digestif, on considère le repas comme un tout dans lequel l'ensemble des aliments suit la même progression. En fait, chaque type d'aliment se comporte différemment du voisin, même à l'intérieur d'un repas bien mélangé.

L'estomac est un régulateur de l’apport calorique. Il contrôle la vidange (et donc la suite de la digestion) de chaque groupe de constituants du repas.

Troubles de la motricité digestive

Le vomissement, contrairement à l'opinion courante, n'est pas dû à un trouble de la motricité digestive, la musculature abdominale y joue le rôle moteur principal. La constipation est due à une perte du réflexe de défécation ; comme ce réflexe est acquis par l'éducation, la constipation est généralement liée à de mauvaises habitudes (lutte volontaire contre le réflexe pour des raisons diverses), si bien que peu à peu on en arrive même à perdre la perception consciente du besoin. Mais il est des constipations plus directement déterminées par un trouble de la commande nerveuse de la motricité comme celles du mégacôlon congénital (maladie de Hirschsprung).

Les troubles de la motricité à divers étages du tube digestif sont souvent dus à des obstacles mécaniques : sténose du pylore, occlusion du grêle par strangulation, occlusion du côlon par une tumeur ou par torsion.

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Quant à la diarrhée, elle obéit à des mécanismes complexes, l'accélération de la motricité n'étant qu'un facteur parmi d'autres ; elle joue cependant un rôle primordial dans la diarrhée émotive qui est fréquente.

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Écrit par

  • : docteur en médecine, professeur de clinique gastroentérologique, directeur de l'unité de recherche I.N.S.E.R.M. U54
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Médias

Processus d’acidification du contenu stomacal - crédits : Encyclopædia Universalis France

Processus d’acidification du contenu stomacal

Capture des sucres et du sodium par les entérocytes - crédits : Encyclopædia Universalis France

Capture des sucres et du sodium par les entérocytes

Absorption des lipides - crédits : Encyclopædia Universalis France

Absorption des lipides

Autres références

  • DIGESTIF APPAREIL

    • Écrit par et
    • 4 745 mots
    • 5 médias

    L'appareil digestif, encore appelé système digestif, est un ensemble d’organes constituant un long tube s’étendant, chez les vertébrés, de la bouche à l’anus, auquel sont associées des glandes annexes, foie et pancréas. Il est responsable de la transformation des aliments, de leur...

  • BERNARD CLAUDE (1813-1878)

    • Écrit par
    • 4 120 mots
    • 1 média
    ...les urines et le prussiate de potassium dans les poumons. Claude Bernard en conclut que le milieu sanguin n'était pas propice aux réactions chimiques. En revanche, il put observer que la muqueuse gastrique se colorait très intensément au bleu de Prusse : les recherches de Claude Bernard se focalisèrent...
  • CANNON WALTER BRADFORD (1871-1945)

    • Écrit par
    • 490 mots

    L'un des plus grands physiologistes américains, dont le nom reste surtout attaché à la théorie de l'homéostasie. Né dans le Wisconsin à Prairie-du-Chien, Cannon entre à Harvard en 1896. Docteur en médecine en 1900, il reste dans cette université où se déroulera sa carrière ; professeur...

  • CHOLÉCYSTOKININE-PANCRÉOZYMINE

    • Écrit par
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    Découverte en deux temps, d'abord pour son action sur la contraction de la vésicule biliaire et rattachée à la cholécystokinine par Ivy et Golberg en 1928, puis pour son action sur la sécrétion enzymatique pancréatique, attribuée à la pancréozymine par Harper en 1943, cette hormone n'a vu...

  • CONTRÔLE CENTRAL DE L'APPÉTIT

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    ...nourriture. Une fois le besoin énergétique satisfait, des signaux en retour contribuent à la terminaison du repas (rassasiement, satiation). Pendant la phase digestive et postabsorptive, les signaux nerveux issus de la sphère digestive notamment, ainsi que des signaux d’ordre métabolique (hormones, métabolites,...
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Voir aussi