DÉLIRE
DÉLIRE (histoire du concept)
Si profane que soit l'étymologie en matière de psychopathologie moderne, elle n'en conserve pas moins un sens profond en ce qui concerne le délire : le latin delirium, de delirare, c'est proprement « sortir du sillon ». La terre évoque le réel et ses contraintes, le labour énonce le travail efficace et socialisé. S'en écarter, c'est délirer, être fou. Égarem […] Lire la suite
TRAITÉ DU DÉLIRE, APPLIQUÉ À LA MÉDECINE, À LA MORALE ET À LA LÉGISLATION
Publié à Paris en 1816 chez Crapelet puis en 1817 chez Croullebois, le Traité du délire est, avec le Traité de médecine légale et d'hygiène publique ou de police de santé (1813), l’œuvre la plus importante de François-Emmanuel Fodéré (1764-1835), botaniste, médec […] Lire la suite
CLÉRAMBAULT GAËTAN GATIAN DE (1872-1934)
Psychiatre français né le 2 juillet 1872 à Bourges et mort le 17 novembre 1934 à Malakoff, Gaëtan Gatian Clérambault est surtout connu pour ses travaux cliniques à la fameuse Infirmerie spéciale du dépôt, à Paris, où il succéda à son maître Dupré, en 1920. Après des études sur les psychoses toxiques et les troubles mentaux consécutifs à des intoxications chroniques (en particulier celle de l'alcoo […] Lire la suite
CONFUSION MENTALE
Dans le chapitre « Aspects cliniques » : […] À travers ces multiples variétés étiologiques, ce qui fait la spécificité de la confusion mentale, c'est la dégradation de la conscience vigile qui apparente l'état confusionnel au sommeil et l'onirisme à l'état de rêve. L'allure du sujet confus est à cet égard caractéristique, et le diagnostic s'impose aussitôt : il semble égaré, hébété, perdu. Ses gestes hésitants, inachevés, son discours chuc […] Lire la suite
COTARD SYNDROME DE
Délire de négation, décrit par Cotard en 1880. Le malade, après avoir développé des préoccupations hypocondriaques et des troubles cénesthésiques, sent ses organes se putréfier et se détruire. Puis il en nie l'existence et étend enfin sa négation au monde extérieur et à sa propre existence. N'étant plus vivant, il ne saurait mourir, ce qui est vécu comme une damnation. Ce syndrome, qui mène à la p […] Lire la suite
DIVINATION
Dans le chapitre « La division platonicienne » : […] Cicéron distingue deux genres de procédés divinatoires : d'une part, ceux qui se rapportent à la divination artificielle, « les pronostics tirés des intestins des animaux, des prodiges ou des éclairs, les prédictions des augures, des astrologues, des sorts » ; d'autre part, les procédés « qui nous viennent de la nature », « les vaticinations et les songes », effets de la divination naturelle ( De […] Lire la suite
ESQUIROL JEAN ÉTIENNE DOMINIQUE (1772-1840)
Psychiatre français originaire de Toulouse, où il fit ses études de théologie et de médecine, comme son maître Pinel, dont il devint l'élève, puis l'assistant à la Salpêtrière à Paris, avant de lui succéder à la tête de ce célèbre service en 1810. Esquirol perfectionna l'œuvre de son prédécesseur, tant en matière de nosologie que dans le domaine des traitements et de l'assistance aux aliénés, pour […] Lire la suite
FALRET JEAN-PIERRE (1794-1870)
Un des grands aliénistes français du xix e siècle. Né à Marcillac-sur-Lot, élève au collège de Cahors, puis étudiant en médecine, d'abord à Montpellier, et, en 1811, à Paris, Jean-Pierre Falret fréquente en particulier l'hôpital de la Salpêtrière, où il connaît Pinel. Mais c'est Esquirol qui décide de sa carrière (comme de celles de ses contemporains F. Voisin, Calmeil, Bayle...). L'influence de […] Lire la suite
FOUS LITTÉRAIRES
Dans le chapitre « Situations du locuteur » : […] Si le fou littéraire se laisse aller à quelque excès langagier, on voit qu'il ne fait que suivre l'exemple de la langue. La différence avec le locuteur « normal » est que celui-ci s'arrête plus tôt, résiste mieux aux sollicitations de son langage. Cela montre cependant la fragilité de la maîtrise du locuteur sur sa parole. Cette perte de maîtrise n'est pas le propre du fou littéraire, et l'on peu […] Lire la suite
GÉRONTOLOGIE
Dans le chapitre « Problèmes psychopathologiques » : […] La psychopathologie de la vieillesse traite des troubles mentaux directement en relation avec le phénomène du vieillissement et avec ses conséquences sur le plan physique, psychologique et social. Elle ne peut donc se comprendre que par une approche de la personne « totale » au cours du troisième âge. Il s'agit de troubles qui peuvent être graves, mais, beaucoup plus souvent, légers et curables ; […] Lire la suite
IMAGINATION (notions de base)
Dans le chapitre « L’imagination est-elle trompeuse ? » : […] Tous les penseurs idéalistes ont usé d’exemples similaires pour nous mettre en garde contre les illusions engendrées par nos sens. Erreurs sur la taille des objets liées en particulier à la distance et à la perspective (le Soleil à peine plus grand qu’une pièce de monnaie), erreurs sur le chaud et le froid entraînées par l’état de notre corps, etc. Ils ont eu recours à des arguments voisins pour […] Lire la suite
LASÈGUE ERNEST CHARLES (1816-1883)
Psychiatre et médecin français. Après avoir étudié la philosophie, qu'il enseigna comme professeur suppléant au lycée Louis-le-Grand à Paris, Lasègue commença ses études de médecine avec Claude Bernard et B. Morel, puis de psychiatrie à la Salpêtrière (en particulier avec J.-P. Falret). Devenu médecin des hôpitaux de Paris en 1854 et chargé d'un cours de clinique des maladies mentales en 1862, il […] Lire la suite
MAGNAN JACQUES JOSEPH VALENTIN (1835-1916)
Psychiatre français. Après des études de médecine à Montpellier et à Lyon, Magnan vient à Paris, où il est reçu au concours de l'internat des hôpitaux. Il y apprend la psychiatrie dans les services de Marce, Lucas, J.-P. Falret et Baillarger. Nommé « médecin interne » du tout nouveau service d'admission de l'hôpital Sainte-Anne, en 1867, il en devient le seul médecin en chef en 1879. Présenté en 1 […] Lire la suite
MOREAU DE TOURS JACQUES (1804-1884)
Psychiatre français. Moreau fit ses études de médecine à Tours puis à Paris, où il apprit la psychiatrie dans le service d'Esquirol dont il fut l'interne. Il soutient sa thèse en 1830 sur « L'Influence du physique relativement au désordre des facultés intellectuelles et en particulier dans cette variété de délire désignée par M. Esquirol sous le nom de monomanie ». Après un voyage de trois ans en […] Lire la suite
NARCISSISME
Dans le chapitre « Narcisse et la parole » : […] Le discours inconscient « résiste » dans la mesure où il se maintient et s'investit pour lui-même. Narcisse, c'est d'abord la parole qui non seulement se répète, mais s'articule aussi à seule fin de se commenter, de se mettre en scène, en quelque sorte de jouir d'elle-même. Jouissance qui est au principe du rêve et de la folie. Comment pourrait, en effet, se comprendre le plaisir pris au rêve, sin […] Lire la suite
PARANOÏA (histoire du concept)
Le mot « paranoïa » (du grec παρ́α, contre, et νο̃υς, esprit) est synonyme de « folie » dans le langage populaire allemand depuis le xviii e siècle ; en France, l'équivalent de ce mot est « paranoïe » (Larousse, 1874), terme beaucoup moins employé. « Paranoïa » prend la signification psychiatrique actuelle de « délire systématisé progressif » d'abord en Allemagne avec Heinroth ( De paranoia […] Lire la suite
PARAPHRÉNIE (histoire du concept)
Variété de délire chronique caractérisée par la préservation d'un secteur important de la personnalité (structure paralogique) et par la prédominance du mécanisme imaginatif (thèmes fantastiques). Si le mot « paranoïa » appartient à la nosologie hippocratique, celui de paraphrénie fut créé à son imitation, en 1882, par K. Kahlbaum pour désigner, conformément à l'étymologie, un désordre des fonctio […] Lire la suite
PERSÉCUTION
Dans le chapitre « Le persécuté » : […] « Les mauvais traitements, écrit un psychanalyste, R. Diatkine, réalisés ou imaginés, désirés ou craints, portant sur le sujet lui-même ou sur ceux qui comptent pour lui, sur les individus dans leur totalité ou sur une partie privilégiée de leur corps, sont un thème constant dans le discours de nos patients, qu'il s'agisse de son contenu manifeste ou de son contenu latent. » En effet, l'humanité v […] Lire la suite
PROJECTION, psychanalyse
Dans le chapitre « Le concept dans l'œuvre de Freud » : […] Aux deux mécanismes de défense qu'il avait décrits en 1894, à savoir la conversion (transposition de l'affect désagréable sur le registre somatique, chez l'hystérique) et le déplacement (qui fait qu'une représentation intense, chez l'obsessionnel, est remplacée par une autre plus neutre, en vertu d'un lien associatif), Freud ajoute en 1896 la projection paranoïaque, par laquelle le sujet, au cour […] Lire la suite
PSYCHIATRIE COMPARÉE
Dans le chapitre « Comparaisons nosographiques » : […] Il est facile d'illustrer par de nombreux exemples la distinction que l'on vient de faire entre comportement et structure, entre trait symptomatique et organisation de la personnalité. On trouve dans les sociétés archaïques un grand nombre de conduites obsessionnelles (telles que les ritualisations phobiques destinées à écarter un danger), alors que les structures névrotiques obsessionnelles sont […] Lire la suite
PSYCHOSE (psychanalyse)
Dans le chapitre « Les conceptions psychanalytiques » : […] On rappellera seulement que, dès ses premiers écrits, Sigmund Freud entreprit de caractériser la psychopathologie des psychoses en fonction de ses théories successives de l'appareil psychique. Le concept de schizophrénie développé par Eugen Bleuler (1911) subit partiellement cette influence (avec celle de l'associationnisme). Très schématiquement, les psychiatres se référant à la psychanalyse ret […] Lire la suite
PSYCHOSE MANIACO-DÉPRESSIVE (histoire du concept)
Dans le chapitre « Aperçu historique » : […] Toute maladie est un fait de civilisation et son aspect change avec le contexte historique et les conditions culturelles. Le malade subit son mal, mais en bâtit l'expression clinique avec les « matériaux » qu'il reçoit de son milieu. Le médecin participe du même environnement lorsqu'il dépeint, nomme et traite l'affection en cause, à la lumière des acquis scientifiques de son temps. Avec les siècl […] Lire la suite
QUÉRULENCE
Terme (du latin querela , plainte) utilisé par la psychiatrie germanique et adopté par quelques psychiatres français pour désigner le délire de revendication : quérulence ou quérulance. Le malade quérulent, souvent à l'occasion d'un préjudice réel, devient progressivement processif, puis dangereux ; il harcèle de ses plaintes celui dont il se croit la victime, ainsi que les autorités de police et […] Lire la suite
SCHIZOPHRÉNIE
Dans le chapitre « Une percée vers « plus de réalité » » : […] C'est curieux, comme l'on ramène le schizophrène à des problèmes qui ne sont pas les siens, de toute évidence : père, mère, loi, signifiant ; le schizophrène est ailleurs, et ce n'est certes pas une raison pour conclure qu'il manque de ce qui ne le concerne pas. Sur ce point Beckett et Artaud ont tout dit : résignons-nous à l'idée que certains artistes ou écrivains ont eu sur la schizophrénie plus […] Lire la suite