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FALRET JEAN-PIERRE (1794-1870)

Un des grands aliénistes français du xixe siècle. Né à Marcillac-sur-Lot, élève au collège de Cahors, puis étudiant en médecine, d'abord à Montpellier, et, en 1811, à Paris, Jean-Pierre Falret fréquente en particulier l'hôpital de la Salpêtrière, où il connaît Pinel. Mais c'est Esquirol qui décide de sa carrière (comme de celles de ses contemporains F. Voisin, Calmeil, Bayle...). L'influence de Georget attire Falret vers l'« organicisme » (ou les « idées anatomiques »), qui domine alors l'école française comme l'école allemande (avec W. Griesinger). En 1822 (année de son mariage), Falret publie un livre intitulé De l'hypochondrie et du suicide (non certainement sans songer au paradoxe de la conduite de ce riche malade suicidaire qu'on lui avait confié pendant une croisière, et qui, sous la menace du naufrage, « travailla plus que tout autre aux manœuvres de sauvetage et mania la pompe des heures entières avec acharnement »). Médecin de la « section des idiots » à la Salpêtrière depuis 1821, il est nommé membre adjoint de l'Académie de médecine en 1829. Après avoir visité les asiles d'Angleterre et d'Écosse en 1835, il prend une part active à la préparation de la fameuse loi du 30 juin 1838.

Cette année marque un tournant décisif dans la carrière de Falret : il publie dans le Dictionnaire des études médicales l'article « Délire » (1839) et prend la direction d'un nouveau service à la Salpêtrière (section de Rambuteau), qui devient un véritable centre d'enseignement, au moment même où il apparaît lui-même comme un maître. En 1843, il publie Les Considérations générales sur les maladies mentaleset, en 1854, son mémoire sur la Non-Existence de la monomanie. C'est ainsi que, s'opposant à Esquirol et anticipant sur les théories de Moreau (de Tours), et même sur celles de K. Jaspers, concernant le « processus » des délires systématisés, Falret est l'un des premiers à défendre une conception organo-dynamique du délire, conception qui exige que, pour que se constitue le novum organon, il représente une lésion plus globale de l'entendement. Les Leçons cliniques (1854) de Falret et son Traité des maladies mentales (1864) comptent parmi les chefs-d'œuvre de la psychiatrie classique. L'introduction de ce dernier ouvrage, en particulier, et les pages qui décrivent le travail « du délire qui engendre le délire » permettent de comprendre quelle place éminente occupe Falret dans la psychopathologie du délire. Cette même racine organique (nous dirions biologique) de la psychose, il la découvre encore dans la « folie circulaire » (1853), dont les crises lui paraissent n'être pas seulement « morales » mais engendrées par les « causes organiques préexistantes ».

Falret quitte son service de la Salpêtrière en 1867, et se retire dans sa maison de Vanves avec son fils Jules Falret (un grand aliéniste lui aussi). Puis il retourne mourir dans son pays natal.

— Henri EY

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Écrit par

  • : ancien chef de clinique à la faculté de médecine de Paris, médecin chef à l'hôpital psychiatrique de Bonneval

Classification

Pour citer cet article

Henri EY. FALRET JEAN-PIERRE (1794-1870) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • RÉHABILITATION PSYCHOSOCIALE

    • Écrit par Denis MAQUET
    • 6 484 mots
    ...handicapées psychiques en vue de leur réinsertion sociale. L’Œuvre Falret, association pionnière en la matière, est créée en 1841 sous l’impulsion de Jean-Pierre Falret. Influencé par la philosophie des Lumières et le catholicisme social, cet « aliéniste » – élève de Philippe Pinel et de...
  • TROUBLES BIPOLAIRES

    • Écrit par Djamila BENNABI, Emmanuel HAFFEN
    • 4 154 mots

    L’appellation troubles bipolaires est apparue dans la troisième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-III), publiée en 1980. Elle a succédé, sans en être un synonyme exact, à psychose maniaco-dépressive définie par le psychiatre allemand Emil Kraepelin...

Voir aussi