HYGIÈNE

L'hygiène est classiquement la science qui enseigne les mesures propres à conserver la santé, voire à l'améliorer. Elle a été présente dans toute les civilisations depuis les plus primitives mais avec une évolution des approches liées aux progrès des connaissances et aux transformations des structures sociales, métamorphose que l'on peut mettre en évidence en retraçant l'histoire de cette discipline depuis ses origines.

Il apparaît alors que le bouleversement des croyances religieuses ou des idées philosophiques, les mutations technologiques et politiques ont eu une grande part dans la naissance de l'hygiène moderne. Ses tendances actuelles reflètent la prise de conscience, par le corps social, de la solidarité de ses membres : souci de coopération, de prévoyance, de planification et de prospective dans le cadre de structures sanitaires solidement étatisées.

En conséquence, l'hygiène moderne est chargée de proposer, en fonction des besoins collectivement ressentis par la population, des mesures de prévoyance, de planification et de prospective permettant de lutter contre les grands fléaux, les épidémies notamment, de réaliser des « barrières » sanitaires à l'encontre des risques encourus dans certains contextes. Entre autres, le risque majeur que la percée technologique fantastique, qui s'est opérée depuis le milieu du xxe siècle, fait peser sur les équilibres biologiques et, par là, sur la santé physique et mentale de l'humanité. Élargies aux dimensions de la planète et même aux dimensions extraplanétaires, les tâches des hygiénistes et leurs responsabilités n'ont jamais été aussi vastes.

Il revient, dans ce monde aux transformations accélérées, de répondre aux inquiétudes exprimées par nos contemporains qui désirent que leur santé soit protégée vis-à-vis des innovations techniques. On perçoit en particulier les limites d'une médecine curative, autrefois sûre d'elle-même. L'hygiéniste est chargé d'évaluer les risques et de proposer des mesures préventives si les connaissances sont acceptables institutionnellement. Lorsque au contraire les connaissances sont insuffisantes, la tentation sera de plus en plus forte d'appliquer, par défaut, le principe de précaution.

Au cœur d'un véritable carrefour, où la médecine, la biologie et les sciences humaines ont leur place, les hygiénistes ont des tâches et des responsabilités de plus en plus grandes, surtout dans le contexte des interactions majeures entre santé et environnement qui marquent notre époque.

Il faut avoir la ténacité, le pouvoir d'adaptation et l'énergie nécessaire pour rendre plus vivante que jamais cette pensée de Léon Bernard : « L'hygiène n'est pas une science contemplative, c'est une science d'action. »

Qu'est-ce que l'hygiène ?

Définir l'hygiène en France est un exercice difficile tant ce mot a été « dévoyé » par l'usage courant ; en tant que qualificatif (associé à papier, serviette, seau, etc.) il ne fait guère honneur à ce que ce substantif désigne réellement.

C'est une discipline médicale qui s'intéresse aux relations entre l'homme et son environnement dans l'objectif de l'obtention du meilleur état de santé possible. Compte tenu de la définition de la santé par l'Organisation mondiale de la santé « état de complet bien-être physique, mental et social » les différents champs de la discipline médicale hygiène sont tracés : mais si le concept d'hygiène physique est clair pour tous (hygiène corporelle, hygiène alimentaire, hygiène de vie, hygiène des collectivités) etc., ceux d'hygiène mentale et d'hygiène sociale sont plus difficiles à percevoir pour les non spécialistes de la médecine préventive.

Or, si loin que l'on remonte dans le temps, on remarque[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • Philippe HARTEMANN : professeur honoraire de santé publique, université de Lorraine, faculté de médecine de Nancy
  • Maurice MAISONNET : professeur honoraire d'hygiène, de médecine préventive et de santé publique à la faculté de médecine de Rouen, chef du service d'hygiène du CHU de Rouen

Classification

. In Encyclopædia Universalis []. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Le terrain du choléra

Le terrain du choléra

Le terrain du choléra

La Cour du roi Choléra. Une caricature britannique de 1852 montre les conditions idéales pour la…

Joseph Lister et Louis Pasteur

Joseph Lister et Louis Pasteur

Joseph Lister et Louis Pasteur

Le chirurgien britannique Joseph Lister (1827-1912), inventeur de méthodes antiseptiques, et le…

Autres références

  • ACNÉ

    • Écrit par Corinne TUTIN
    • 3 313 mots
    • 4 médias
    La première est de conseiller aux acnéiques de se nettoyer la peau avec un gel adapté ou un pain sans savon, de ne pas recourir à des produits de maquillage ou crèmes hydratantes comédogènes, et d’éviter aussi les gommages de peau. Plus marqué par l’actualité de 2020-2021, l’usage de masques pour...
  • ASTHME ET IMMUNITÉ INNÉE

    • Écrit par Gabriel GACHELIN
    • 2 490 mots
    • 1 média
    ...du microbiome. Du côté de l’hygiénisme, cette étude démontre le rôle positif d’un monde microbien que l’on cherche généralement à éliminer au nom de l’hygiène. La tendance opiniâtre de l’hygiénisme, depuis la découverte des microbes, est en effet de diaboliser les micro-organismes et de les tuer pour...
  • CHOLÉRA

    • Écrit par Universalis, Henri-Hubert MOLLARET
    • 2 882 mots
    • 2 médias
    La prophylaxie individuelle repose surtout sur les mesures d'hygiène visant à supprimer tout risque d'ingestion de vibrions : stérilisation de l'eau, du lait, traitement antiseptique des crudités, cuisson prolongée des aliments, etc. La prophylaxie générale en zone d'endémie repose sur...
  • DÉCHETS

    • Écrit par Jean GOUHIER
    • 9 298 mots
    • 5 médias
    Dans la campagne du temps jadis, on expulse et disperse ses rejets sans graves dommages pour le voisinage. À la ville, le rejet familial rejoint la rue : épluchures, humeurs et odeurs variées des vases de nuit, déjections animales, litières diverses, boues fétides du sol piétiné par les hommes et les...
  • Afficher les 29 références

Voir aussi