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CONCORDAT

Les concordats conclus depuis le IIe concile du Vatican (1962-1965)

Le concile (avec la constitutionGaudium et spes et la déclaration Dignitatis humanae) souhaite que le droit à la liberté religieuse soit reconnu à toute personne et à toute communauté de croyants et soit activement garanti par l'État de droit. Dès lors, est-il encore besoin de concordat ? En fait, depuis 1962, une quarantaine de conventions ont été signées, dont douze ont le caractère d'accords globaux.

Ce nouveau développement s'observe dans les rapports soit avec des pays de plus en plus différenciés quant à leur système constitutionnel ou leur confessionnalité (Tunisie, 1964 ; Yougoslavie, 1966 ; Maroc, 1983-1984), soit avec des pays traditionnellement concordataires, dans le dessein de réviser des concordats passés antérieurement et de les mettre en harmonie avec l'évolution de la société et l'enseignement conciliaire.

Les nouvelles conventions avec la Colombie (1973 – c'est le dernier « concordat » solennel en date), l'Espagne (1976 et 1979), l'Italie (1984) entérinent le passage de la notion de catholicisme comme religion d'État à celle de droit commun à la liberté religieuse. Elles ménagent aux institutions catholiques la place qui leur revient dans un système constitutionnel fondé sur l'égalité de droits des citoyens.

Les autres accords importants concernent le Venezuela (1964), la Basse-Saxe (concordat de 1965), l'Argentine (1966), le Pérou (1980), Monaco (1983), Haïti (1984). Un grand nombre d'accords partiels continuent d'ailleurs à être signés avec les Länder allemands ou l'Autriche, notamment à propos de l'enseignement religieux dans les écoles, des facultés de théologie catholique ou de questions patrimoniales.

On souhaite aujourd'hui moins stipuler des accords globaux que préciser les modalités d'application des normes de la liberté religieuse – censées inscrites dans les constitutions des États – à des contextes historiques et juridiques particuliers. Les points le plus fréquemment négociés concernent le statut juridique des institutions ecclésiastiques dans l'ordre juridique des différents États, en particulier celui des diocèses, des paroisses, des congrégations religieuses. À cet égard, les accords espagnol et italien, qui reconnaissent à l'Église catholique la personnalité juridique de droit public, sont exemplaires, tout comme leur système de financement des institutions ecclésiales sous forme de déductibilité de l'impôt sur le revenu des dons faits à l'Église pour son fonctionnement.

Dans ces accords, la liberté de l'Église dans son gouvernement interne (nominations, circonscriptions, éducation, formation du clergé, etc.) est généralement entière. Les États qui exerçaient un privilège de présentation de candidats à l'épiscopat y ont tous renoncé. Seule la France conserve encore cette prérogative pour les diocèses de Strasbourg et de Metz. Même le droit concédé aux États par les concordats depuis 1932 (Bade) de formuler des objections « pour des raisons de politique générale » à un projet de nomination épiscopale a été remplacé récemment par une procédure de simple notification du nom de l'élu (Italie, 1984). La libre communication entre les diocèses et le Saint-Siège est partout garantie, ainsi que l'assistance religieuse aux personnes privées de liberté de mouvement, qu'elles se trouvent dans les hôpitaux, les prisons, les casernes ou les internats.

En ce qui concerne l'enseignement religieux dans les écoles publiques, un renversement de tendance est observable par rapport à la norme de la confessionnalité scolaire des concordats conclus antérieurement avec l'Italie et avec l'Espagne. À la différence des dispositions établies par les concordats allemands, par exemple, qui font de l'enseignement[...]

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Écrit par

  • : professeur des Universités, faculté de théologie catholique, université des sciences humaines de Strasbourg

Classification

Pour citer cet article

Roland MINNERATH. CONCORDAT [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Concordat de Bologne - crédits : Rabatti - Domingie/ AKG-images

Concordat de Bologne

Autres références

  • LATRAN ACCORDS DU (1929)

    • Écrit par Vincent GOURDON
    • 208 mots
    • 1 média

    Signés par le pape Pie XI (1922-1939) et Mussolini, les accords du Latran règlent la « question romaine », qui envenimait les relations entre la papauté (et, par suite, les catholiques) et l'État unitaire italien, depuis que ce dernier avait annexé Rome le 2 octobre 1870, mettant...

  • CASAROLI AGOSTINO (1914-1998)

    • Écrit par Roland MINNERATH
    • 839 mots

    Le 8 juin 1998 disparaissait le cardinal Agostino Casaroli, ancien secrétaire d'État, figure emblématique de la diplomatie du Saint-Siège des années 1960 à 1990. Né en 1914 près de Plaisance (Piacenza, Émilie-Romagne), prêtre en 1937, il fut formé à la diplomatie pontificale. Il ne sera jamais en...

  • CATHOLICISME - Histoire de l'Église catholique des origines au pontificat de Jean-Paul II

    • Écrit par Jean DANIÉLOU, André DUVAL
    • 16 441 mots
    • 10 médias
    ...associations, écoles) toujours notoirement confessionnelles, dont elle s'efforce par ailleurs de garantir le libre exercice dans le cadre d'une large politique de concordats. Les concessions, inhérentes à tout pacte concordataire, risquent d'apparaître parfois comme des compromissions ; le concordat de 1929 avec...
  • CONCORDAT DE 1801

    • Écrit par Jean LEFLON
    • 4 354 mots

    Il faut se replacer dans l'atmosphère du temps pour mesurer ce que comportait de nouveau le concordat conclu par Pie VII avec Bonaparte. Par la reconnaissance du gouvernement consulaire, ce traité rompait l'alliance séculaire de l'Église et de la monarchie légitime : Bonaparte,...

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Voir aussi