CONCORDAT
Carte mentale
Élargissez votre recherche dans Universalis
Un concordat est un traité de droit international par lequel le Saint-Siège, d'une part, et un État souverain, d'autre part, règlent l'ensemble des questions concernant les institutions et les activités de l'Église catholique sur un territoire donné. Les traités moins solennels qui n'envisagent que quelques aspects de la vie de l'Église, appelés tantôt conventions, accords, modus vivendi ou protocoles, ont même nature et même efficacité juridique que les concordats. Négociée, signée et ratifiée selon la procédure des traités internationaux, toute convention de type concordataire suppose que l'Église et l'État agissent en tant que sujets de droit public international, « indépendants et souverains, chacun dans son ordre » (Concordat avec l'Italie, 1984, art. 1).
Historique
Les concordats sont apparus au xie siècle à la suite de la réforme grégorienne, dont ils manifestent deux acquis : la papauté a reconquis son autonomie par rapport à l'empereur germanique et elle est en mesure d'engager les Églises locales face au pouvoir temporel, plus efficacement que ces dernières ne pourraient ou ne voudraient le faire. On peut considérer le concordat de Worms (1122), qui met fin à la querelle des investitures, comme le premier vrai concordat.
Jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, des concordats seront conclus avec la plupart des souverains catholiques ; ils sont un reflet du rapport des forces entre le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel, généralement à l'avantage du premier. Par exemple, le concordat de Bologne de 1516 entre Léon X et François Ier précise les prérogatives considérables du roi dans le gouvernement de l'Église gallicane. Les concordats de cette période concèdent généralement aux princes des droits purement ecclésiaux, tels que la collation des bénéfices majeurs – évêchés, abbayes – en échange de la reconnai [...]
Rencontre entre le roi François Ier et le pape Léon X à Bologne. Par le concordat, conclu le 18 août 1516, le pape reconnaît l'autorité du roi sur l'Église de France. Giorgio Vasari, salle Léon X (détail), Palazzo Vecchio, Florence.
Crédits : Rabatti - Domingie/ AKG
1
2
3
4
5
…
pour nos abonnés,
l’article se compose de 5 pages
Écrit par :
- Roland MINNERATH : professeur des Universités, faculté de théologie catholique, université des sciences humaines de Strasbourg
Classification
Autres références
« CONCORDAT » est également traité dans :
LATRAN ACCORDS DU (1929)
Signés par le pape Pie XI (1922-1939) et Mussolini, les accords du Latran règlent la « question romaine », qui envenimait les relations entre la papauté (et, par suite, les catholiques) et l'État unitaire italien, depuis que ce dernier avait annexé Rome le 2 octobre 1870, mettant fin à l'existence millénaire des États du pape. La papauté, qui disposait déjà d'une souveraineté internationale reconn […] Lire la suite
CASAROLI AGOSTINO (1914-1998)
Le 8 juin 1998 disparaissait le cardinal Agostino Casaroli, ancien secrétaire d'État, figure emblématique de la diplomatie du Saint-Siège des années 1960 à 1990. Né en 1914 près de Plaisance (Piacenza, Émilie-Romagne), prêtre en 1937, il fut formé à la diplomatie pontificale. Il ne sera jamais en poste dans une nonciature, mais travaillera toujours à la secrétairerie d'État, accomplissant à l'exté […] Lire la suite
CATHOLICISME - Histoire de l'Église catholique des origines au pontificat de Jean-Paul II
Dans le chapitre « Entre les deux guerres » : […] Alors que schismes, ruptures et refus ont contribué depuis des siècles à fixer les caractères particuliers qui la distinguent des autres confessions chrétiennes, l'Église romaine, après la Première Guerre mondiale, apparaît plus attentive aux exigences universalistes impliquées dans son nom même de « catholique ». L'affirmation du caractère supranational de l'Église est spécialement urgente là où […] Lire la suite
CONCORDAT DE 1801
Il faut se replacer dans l'atmosphère du temps pour mesurer ce que comportait de nouveau le concordat conclu par Pie VII avec Bonaparte. Par la reconnaissance du gouvernement consulaire, ce traité rompait l'alliance séculaire de l'Église et de la monarchie légitime : Bonaparte, élu par le peuple, se trouvait légitimé, et, par là, étaient consacrés les principes de 1789 sur l'origine de l'autorité […] Lire la suite
EUROPE - Diversité religieuse
Dans le chapitre « Redéfinition des relations Églises-État » : […] Les mouvements religieux ont eu à affronter, à la fin des années 1980 et au début des années 1990, la douloureuse question de la compromission des hiérarchies religieuses avec le pouvoir communiste pendant la période soviétisée. Peu à peu, le débat s'est néanmoins apaisé. En Russie, il a laissé la place à la vénération des nouveaux martyrs de la foi, persécutés lors des premières années de pouvoir […] Lire la suite
FRANCE : MISE EN PLACE DE L'ÉTAT MODERNE, XVe-XVIe SIÈCLE - (repères chronologiques)
1453 L'armée du roi Charles VII met fin à la présence anglaise en Guyenne à la bataille de Castillon (17 juillet). La guerre de Cent Ans est terminée. 1456 Un an après l'occupation des terres de Jean V, comte d'Armagnac (qui sera banni en 1460), un autre grand féodal, le duc Jean II d'Alençon, est puni (21 mai) pour avoir demandé une intervention anglaise. Le Dauphiné est définitivement annexé a […] Lire la suite
ITALIE - La vie politique depuis 1945
Dans le chapitre « L'activité diplomatique » : […] Menée en plein accord avec le ministre démocrate-chrétien des Affaires étrangères, Giulio Andreotti, la politique craxienne se caractérise en effet par diverses initiatives. L' Europe reste l'axe prioritaire de la diplomatie italienne, qui participe activement au développement du processus unitaire. Relancée par la déclaration de Colombo-Genscher de Stuttgart en 1983, l'impulsion vers l'intégratio […] Lire la suite
PAPAUTÉ
Dans le chapitre « De la fin de l'âge patristique à la Réforme » : […] La papauté ancienne n'a pas exercé partout de la même manière sa sollicitude universelle. Elle a, sur l'Italie, au moins sur les régions suburbicaires, un pouvoir métropolitain. Pour l'Occident, elle est un centre de communion et une cour d'appel. Pour l'Orient, qui veut être sui juris et déterminer lui-même synodalement sa vie, elle est, comme premier siège, un recours en cas de conflit. La cris […] Lire la suite
PIE XI, ACHILLE RATTI (1857-1939) pape (1922-1939)
Lors de son élection par le conclave, le cardinal Ratti est depuis quelques mois archevêque de Milan. C'est un érudit — il a été préfet de la bibliothèque Vaticane et enseigné la théologie et l'hébreu — mais aussi un pasteur qui catéchise les enfants des quartiers pauvres et un diplomate qui, au lendemain de la Première Guerre mondiale, a exercé les difficiles fonctions de visiteur apostolique dan […] Lire la suite
PROMULGATION DU CONCORDAT DE BOLOGNE
Maître du Milanais depuis sa victoire sur les troupes suisses à Marignan (septembre 1515), François I er est en position de force en Italie. Il peut donc négocier avec le pape Léon X, sur une base favorable à son autorité, les relations entre monarchie française et Église catholique. Par le concordat promulgué à Bologne en 1516, le pape reconnaît au roi de France le droit de nommer les titulaires […] Lire la suite
Voir aussi
Les derniers événements
Allemagne. Signature d'un concordat entre l'État et la communauté juive. 27 janvier 2003
Le jour anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz, le chancelier Gerhard Schröder et le président du Conseil central des juifs d'Allemagne, Paul Spiegel, signent un concordat par lequel l'État s'engage à participer financièrement à « la préservation et au développement du patrimoine […] Lire la suite
Vatican – Pologne. Visite du pape Jean-Paul II en Pologne. 31 mai - 10 juin 1997
Le 31, Jean-Paul II entame son septième voyage pontifical dans son pays natal, à un moment où celui-ci est divisé sur des questions qui concernent l'Église : place des valeurs chrétiennes dans la nouvelle Constitution, loi sur l'avortement, ratification du concordat signé entre Varsovie […] Lire la suite
Italie – Vatican. Nouveau concordat et nouveaux rapports entre les États et les Églises. 18-21 février 1984
Le 18, Bettino Craxi, président du Conseil italien, signe avec Mgr Agostino Casaroli, secrétaire d'État du Vatican, un nouveau concordat, qui remplace les accords du Latran signés par Mgr Gasparri et par Mussolini en 1929 : le catholicisme cesse d'être […] Lire la suite
Pour citer l’article
Roland MINNERATH, « CONCORDAT », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 02 février 2021. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/concordat/