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GUATEMALA

Nom officiel République du Guatemala
Chef de l'État et du gouvernement Bernardo Arévalo - depuis le 15 janvier 2024
Capitale Guatemala
Langue officielle Espagnol
Population 18 124 838 habitants (2023)
    Superficie 108 890 km²
      Guatemala : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

      Guatemala : carte administrative

      Le Guatemala est un pays d'Amérique centrale bordé par le Mexique, le Belize, le Honduras, le Salvador, la mer des Caraïbes et l'océan Pacifique. Bien que montagneux, il dispose d'un littoral côtier de 400 kilomètres où se situent des plaines. Son climat est tropical, mais tempéré en altitude. La plupart des grandes villes sont établies dans le sud, telles la capitale Guatemala Ciudad et Antigua, Quetzaltenango, Escuintla.

      Guatemala : drapeau - crédits : Encyclopædia Universalis France

      Guatemala : drapeau

      La ville d'Antigua - crédits : David Hiser/ The Image Bank/ Getty Images

      La ville d'Antigua

      D'une superficie de 108 890 kilomètres carrés, le pays compte 13 millions d'habitants (2006), parmi lesquels de 40 à 55 % (selon les critères d'identification retenus) sont d'ascendance maya.

      La principale religion est le catholicisme, mais environ 40 % des Guatémaltèques sont protestants ou pentecôtistes. L'espagnol est la seule langue officielle, même si tous les Indiens ne la comprennent pas. La Constitution de 1996 est disponible dans les quatre langues les plus parlées après l'espagnol (quiché, mam, cakchiquel, kekchi), et des documents officiels sont traduits dans les vingt-trois langues indiennes reconnues.

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      La majorité des Guatémaltèques vivent dans des zones rurales, même si l'urbanisation s'intensifie depuis le début du xxie siècle. Les peuples indigènes occupent les hautes terres occidentales et les régions septentrionales. Ils maintiennent des liens sociaux et historiques forts au sein de leurs communautés en partageant des pratiques traditionnelles d'agriculture et d'usage des terres, ainsi que des traditions artistiques et artisanales.

      Le Guatemala a connu, pendant trente-six ans (1960-1996), une guerre civile qui opposa les gouvernements militaires et les milices d'extrême droite aux guérillas marxistes. La population, notamment indienne, a été la première victime de cette lutte armée et de la répression étatique, qualifiée de véritable génocide. Les accords de paix de décembre 1996 ont permis un retour à la démocratie et le pays tente, depuis lors, de faire valoir une nation pluriethnique, reconnaissant à la fois les Mayas, les Ladinos (non-Indiens) et les Créoles (Blancs nés en Amérique).

      Géographie

      Avec 13 millions d'habitants en 2006, le Guatemala (108 890 km2) est le pays le plus peuplé d'Amérique centrale. Principale puissance économique de l'isthme (grâce aux secteurs des services et à l'agriculture d'exportation), il se situe cependant au 117e rang mondial en ce qui concerne le développement humain (IDH), au même niveau que le Honduras, pays beaucoup plus pauvre en ressources. De très fortes inégalités socio-économiques et territoriales caractérisent ce pays, dont 40 % de la population est indienne (recensement de 2002).

      Des régions contrastées

      Le fleuve Usumacinta (Guatemala) - crédits : David Hiser/ Getty Images

      Le fleuve Usumacinta (Guatemala)

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      De la côte pacifique au Petén (nord), les grands ensembles du relief s'ordonnent en bandes orientées nord-ouest - sud-est, des régions basses encadrant les cordillères. À l'ouest de la capitale, Guatemala Ciudad, les volcans encore actifs de la Sierra Madre dominent de 3 000 à 4 000 mètres la plaine pacifique. En arrière, des bassins d'altitude, entaillés dans la roche volcanique, accueillent des noyaux de peuplement dense (bassins de Quetzaltenango et de Totonicapán à 2 300 et 2 500 m, bassin de Guatemala Ciudad à 1 500 m...). Dans la partie centre-orientale du pays, montagnes et bassins volcaniques forment un ensemble plus confus, moins élevé, plus sec et moins densément peuplé. Au centre des hautes terres, le vieux socle granitique et métamorphique affleure dans les sierras de Chuacus, de Las Minas ou de Santa Cruz, séparées par des fossés d'effondrement où coulent les principaux fleuves du pays (Motagua, Polochic-lac Izabal et Chixoy). L'altitude augmente à nouveau vers le nord avec les massifs calcaires des Cuchumatanes (3 800 m) et de l'Alta Verapaz. La fragmentation du relief en multiples bassins de peuplement va de pair avec la diversité des conditions bio-climatiques tropicales créée par les effets de barrière aux alizés ou aux masses d'air venues de l'océan Pacifique et par l'étagement en altitude des terres chaudes (jusqu'à 600 ou 1 000 m), tempérées (entre 1 000 et 2 000 m) et froides (au-dessus de 2 000 m).

      Dans le sud et le nord du pays, le passage est brutal vers les terres chaudes, basses et humides des régions côtières. La façade pacifique se caractérise par une longue saison sèche d'octobre à juin, alternant avec une courte saison de pluies de mousson abondantes. Les versants des volcans reçoivent des précipitations élevées, favorables aux cultures de la canne à sucre jusqu'à 600 mètres, puis à celle du café entre 1 000 et 1 800 mètres. Le piémont volcanique et la plaine littorale forment donc le foyer majeur de l'agriculture d'exportation. Sur le versant caraïbe, avec plus de 3 mètres de précipitations annuelles apportées par les alizés, la forêt sempervirente couvre les versants au vent des montagnes Cuchumatanes (département de l'Alta Verapaz) et enserre les cités mayas du Petén (Rio Azul, Piedras Negras, Aguas Calientes, Cancuén, Tikal), basse table calcaire d'altitude inférieure à 200 mètres, prolongeant le Yucatán mexicain.

      Exposé aux cyclones dévastateurs venus de l'océan Atlantique, le Guatemala est aussi très vulnérable aux secousses telluriques et aux éruptions volcaniques qui résultent de l'instabilité de l'écorce terrestre le long des grandes fosses sous-marines parallèles à la côte pacifique de l'isthme centraméricain. Des séismes de grande amplitude (1541, 1773, 1917, 1976) sont à l'origine de nombreuses victimes, de destructions massives et du déplacement de la capitale guatémaltèque, Antigua Guatemala, durant la période coloniale.

      Une nation divisée et inégalitaire

      La colonisation espagnole a créé une dualité fondamentale entre indigènes et non-indigènes. Les Espagnols et leurs descendants créoles ont constitué l'oligarchie dominante qui, au fil du temps, a absorbé d'autres immigrants européens, notamment belges, italiens, allemands, mais également des Asiatiques et Syro-Libanais. Des Noirs ont été déportés durant la période de la traite des esclaves. Le terme ladino désigne, à l'origine, l'Indien ou le métis acculturé puis, de manière plus extensive, tous les individus qui se définissent ou sont perçus par les autres comme appartenant à la culture occidentale du colonisateur. La dualité Indien-Ladino recouvre également des groupes sociaux liés par une relation asymétrique de pouvoir. L'Indien se définit à la fois par son attachement à la culture préhispanique et par un statut économique et social inférieur, bien que de nombreux Ladinos soient, eux aussi, des paysans pauvres ou des prolétaires urbains.

      Guatemala : régions orographiques et peuplement - crédits : Encyclopædia Universalis France

      Guatemala : régions orographiques et peuplement

      La proportion des indigènes dans la population guatémaltèque a fortement diminué depuis la fin du xixe siècle (845 000 Indiens recensés en 1880, soit 70 % de la population totale) en raison de l'acculturation ou ladinisation. Les cinq millions de personnes qui s'auto-identifient comme indiennes se répartissent entre vingt et un groupes ethno-linguistiques mayas, dont quatre d'entre eux, les Quiché, les Kekchi, les Cakchiquel et les Mam, regroupent 81 % de la population indienne. Deux autres groupes, non mayas, sont numériquement très faibles. Il s'agit des Garifuna, issus du métissage d'esclaves noirs et d'Indiens Arawak (quelque 6 000 locuteurs) et des Xinca (de 100 à 250 locuteurs). L'espagnol est la lingua franca pour ces peuples aux langues distinctes. Le bilinguisme a progressé et concerne 43 % de la population indienne (2005), tandis que 34 % restent monolingue, principalement les femmes. Du point de vue religieux, le catholicisme recule depuis les années 1960 devant le prosélytisme très actif des Églises évangéliques (un tiers de la population totale en 2005), tandis que les pratiques religieuses mayas rassemblent 2 % de la population indienne.

      Longtemps cantonnée dans les hautes terres de l'altiplano occidental, la population indienne a migré depuis les années 1940 vers les plantations et les petites villes de la plaine pacifique ainsi que vers la capitale. Toutefois, les départements de l'ouest montagneux ont toujours une population indienne dominante à plus de 75 % dans cinq d'entre eux (Totonicapán, Sololá, Alta Verapaz, Quiché, Chimaltenango). La population ladina est dominante dans l'est du pays, sur la côte et dans la capitale. Elle est urbaine à 70 %, alors que la population indienne est rurale à 70 %. Globalement, le Guatemala demeure un pays rural, le taux d'urbanisation étant de 36,5 % en 2005. Parmi les villes se détachent deux pôles d'environ 145 000 habitants, Quetzaltenango dans l'altiplano indien et Escuintla sur la côte pacifique, largement surpassés par la capitale, Guatemala Ciudad, dont l'aire métropolitaine rassemblait plus de 2 millions d'habitants en 2003.

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      Les indicateurs de développement humain révèlent la situation particulièrement difficile de la population indienne. Si l'IDH moyen est de 0,663 en 2005, il est proche de 0,8 dans le département de Guatemala, mais inférieur à 0,6 dans les départements indiens. Il existe donc une forte corrélation entre l'extrême pauvreté et ses composantes humaines (analphabétisme, malnutrition et mortalité infantile), le statut ethnique, la ruralité et le sexe, les femmes indigènes étant les plus démunies.

      Une économie libérale encore très dépendante du secteur agro-exportateur

      Marché à Nebaj, Guatemala - crédits : LatitudeStock/ Alamy/ Hemis

      Marché à Nebaj, Guatemala

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      L'économie guatémaltèque a connu, de 1950 à 1980, un cycle de croissance élevée fondé sur la prospérité du secteur agro-exportateur (café, bananes, sucre, coton, viande bovine) et le développement d'une industrie manufacturière dans le cadre du Marché commun centraméricain (créé en 1960) dont le Guatemala a été l'un des principaux bénéficiaires. Toutefois, l'exploitation abusive de la main-d'œuvre indienne dans les plantations de la côte pacifique et de l'Alta Verapaz et la protestation syndicale de celle-ci ont été un facteur majeur de l'exacerbation du conflit armé durant les années 1980. Après une période de forte récession de 1982 à 1986, la reprise économique a été irrégulière et inégale. L'agriculture contribuait pour 22 % au PIB en 2004 contre 33,3 % en 1951. Des produits « non traditionnels », tels que la cardamome, la palme africaine, les légumes et plantes ornementales, alimentent les exportations, alors que l'industrie n'a pas récupéré son niveau de 1980, en dépit du développement de la confection dans les maquilas (usines d'assemblage, de sous-traitance). Le niveau très élevé de la violence, commune dans le pays, freine le développement du tourisme, mais on observe la croissance des services (énergie, transport, communications, banque et assurances, qui représentent 58 % du PIB). Avec 40 % des emplois, l'agriculture vivrière occupe (mal) une masse nombreuse de paysans minifundistes et de semi-prolétaires ruraux (paysans possédant une parcelle de terre mais devant également travailler comme ouvriers agricoles) dans l'ouest et le nord indiens, ainsi que dans l'est du pays. La polarisation foncière entre grandes et petites exploitations perdure, tandis que s'accroît considérablement le nombre des micro-exploitations de moins de 0,7 hectare (45,2 % des exploitations en 2003, contre 21,3 % en 1950). Toute réforme agraire est proscrite depuis la tentative infructueuse du gouvernement de Jacobo Arbenz en 1954, et la création d'un fonds d'aide à l'achat de terre n'offre qu'une solution très partielle alors que les conflits agraires se multiplient, notamment dans le nord du pays (Quiché, Alta et Baja Verapaz, Petén). Dans les villes, le sous-emploi et le secteur informel atteignent des niveaux très élevés. Conséquence de la guerre civile (1960-1996) et de la pauvreté, l'émigration, principalement vers les États-Unis, concerne 1,1 million de personnes dont 58 % sont d'origine rurale (2005). Un tiers des foyers guatémaltèques reçoit une part de l'argent envoyé par les migrants, contribution essentielle à leur survie quotidienne ou à l'amélioration de leur niveau de vie. On estime que 15,4 % des Mayas ont des parents à l'étranger, contre 40 % pour les non-indigènes.

      La vigueur de l'économie guatémaltèque n'est donc que relative et le niveau de la pauvreté ne permet pas d'envisager à court terme une croissance significative du marché intérieur. Les effets attendus du Traité de libre-échange, conclu avec les États-Unis en 2004 et ratifié par le Congrès guatémaltèque en mars 2005 (Central American Free Trade Agreement, CAFTA) sont ambivalents, avec une possible relance des exportations agricoles non traditionnelles, de nouveaux investissements américains dans les services, mais aussi des menaces sur la production agricole vivrière et les petites entreprises industrielles.

      Après trente-six ans de guerre civile, et en dépit des accords de paix signés en 1996 entre le gouvernement guatémaltèque d'Álvaro Arzú et les mouvements armés de la guérilla (notamment l'Unité révolutionnaire nationale guatémaltèque), le Guatemala n'en finit pas de liquider l'héritage colonial d'une société duale fondée sur la domination et l'exploitation de la population maya par les élites créoles et ladinas issues de la Conquête. Cette trame structurelle de la société guatémaltèque, renforcée après l'indépendance, entretenue encore aujourd'hui par le racisme, la discrimination et la répression, continue de s'inscrire vigoureusement dans le territoire et dans les activités économiques du pays.

      — Noëlle DEMYK

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      • : chercheuse et consultante, titulaire d'un doctorat de troisième cycle en études des sociétés latino-américaines de l'Institut des hautes études d'Amérique latine, Paris
      • : docteur en histoire
      • : professeur de géographie à l'université de Paris-VII-Denis-Diderot
      • : attaché de recherche au C.N.R.S.
      • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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      Médias

      Guatemala : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

      Guatemala : carte administrative

      Guatemala : drapeau - crédits : Encyclopædia Universalis France

      Guatemala : drapeau

      La ville d'Antigua - crédits : David Hiser/ The Image Bank/ Getty Images

      La ville d'Antigua

      Autres références

      • GUATEMALA, chronologie contemporaine

        • Écrit par Universalis
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        Pour pouvoir situer Asturias dans l'ensemble du roman hispano-américain, il faut rappeler ce qu'était avant lui la littérature de ce vaste monde qui s'exprime dans un espagnol variant d'ailleurs avec chaque région. Toute une forme du roman prit naissance avec un événement historique d'une grande importance...

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      Voir aussi