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CASPIENNE, géopolitique

Avec une superficie de près de 400 000 kilomètres carrés, la mer Caspienne est la plus grande étendue d'eau continentale du monde. Elle est entourée d'un premier cercle de pays, constitué par la Russie, l'Azerbaïdjan, le Turkménistan, le Kazakhstan et l'Iran. Cinq autres États, positionnés en une sorte de croissant méridional, sont directement liés à la région caspienne : la Turquie, la Géorgie, l'Arménie, l'Afghanistan et l'Ouzbékistan. Enfin, un troisième cercle est formé par les puissances interventionnistes, notamment les États-Unis, l'Union européenne (UE), la Chine et l'Inde.

Situé entre l'Europe et l'Asie, l'espace autour de la Caspienne, traversé par de nombreux flux migratoires, a depuis longtemps été convoité par plusieurs empires mais aucun, cependant, ne l'a entièrement dominé. C'est avec la prise de la ville d'Astrakhan (1556), dans l'embouchure de la Volga, que les Russes se sont imposés dans cette vaste région pour y devenir presque les seuls maîtres pendant les siècles suivants. La Moscovie s'est grandement investie dans la valorisation de la voie des « Varègues aux Arabes », l'axe majeur du commerce de transit reliant l'Europe à l'Asie via la Volga-Caspienne. Une véritable percée en direction de la Caspienne a été ensuite effectuée par Pierre le Grand lors de la campagne de 1722-1723. À la suite de la conquête russe de la Transcaucasie et de l' Asie centrale, la Caspienne s'est transformée au xixe siècle en une mer russo-persane. C'est également au xixe siècle que le pétrole a placé Bakou au cœur du premier boom pétrolier mondial. Implanté en Inde, le Royaume-Uni a tenté à la fois de s'imposer et de stopper la progression russe vers les mers chaudes ; le « Grand Jeu » désignait les luttes d'influence entre les empires russe et britannique pour contrôler l'Asie centrale et les Indes.

Après la révolution russe de 1917, pour la première fois dans l'histoire de la région, les Azéris, les Kazakhs et les Turkmènes se sont fédérés et ont formé leurs propres États nationaux, qui ont été rapidement incorporés dans l'URSS naissante. Avec l'expropriation des propriétés privées et l'interdiction des activités entrepreneuriales pour les étrangers sous le régime bolchevique (1926), le « Grand Jeu » a pris fin. La mer Caspienne est restée sous la co-souveraineté de ses deux États riverains, l'URSS et l'Iran, sans laisser la moindre chance à quiconque d'y pénétrer.

Lors de la dislocation de l'URSS (1991), la région caspienne a connu d'importants bouleversements politiques, le nombre d'États riverains passant notamment de deux à cinq. Par ailleurs, en raison de ses richesses énergétiques, elle est devenue la plus convoitée des régions postsoviétiques.

Les États caspiens au centre des enjeux énergétiques

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La dissolution de l'URSS, la formation de nouveaux États caspiens et la découverte de riches gisements d'hydrocarbures ont largement contribué à réactiver le « Grand Jeu ». Sur fond de besoin croissant en gaz naturel et en pétrole dans le monde, un nouveau partage des ressources énergétiques de la région caspienne ainsi qu'une nouvelle répartition des voies de communications existantes et futures se sont opérés. Une fois leur indépendance retrouvée, l'Azerbaïdjan, le Kazakhstan et le Turkménistan ont vite été exposés aux convoitises russe, turque, iranienne, américaine, européenne et chinoise. Afin de renforcer leur fragile souveraineté, ces États ont d'emblée misé sur l'exploitation[...]

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Écrit par

  • : maître de conférences en civilisation russe et soviétique, université de Lille-III (U.F.R. des langues étrangères appliquées)

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Pour citer cet article

Garik GALSTYAN. CASPIENNE, géopolitique [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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