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ASIE CENTRALE

La préhistoire et la protohistoire de l'Asie centrale ne retiennent l'attention des chercheurs que depuis le début du xxe siècle. Les archéologues se sont lancés sur les traces d'Alexandre et, chemin faisant, ils ont réalisé qu'entre le monde de Babylone et celui de la civilisation de l'Indus l'Asie n'était pas un désert. Des recherches spécifiquement orientées vers les hautes époques se sont dès lors révélées très fructueuses.

Les plus anciens hommes connus habitaient le Tadjikistan il y a plus de 300 000 ans, et leurs successeurs ont connu toutes les phases classiques du Paléolithique. On devine des tentatives de domestication d'ovicapridés dès 10 000 avant notre ère, au début du Néolithique. L'agro-pastoralisme néolithique est attesté, mais inégalement connu, faute de fouilles. À partir de 4800, puis à l'âge du bronze, se met en place un complexe de systèmes socio-économiques de type proto-urbain, interdépendants et reliés à ceux de la Mésopotamie et du bassin de l'Indus, quoique moins élaborés que ces derniers. La transition du Bronze au Fer demeure encore mal connue. À l'âge du fer, l'élargissement de l'assiette économique par l'apprentissage de nouvelles techniques aboutit à une urbanisation et à des systèmes socio-économiques placés dans un état plus ou moins étroit de dépendance à l'égard de l'empire perse achéménide et de son organisation en satrapies.

Préhistoire et protohistoire

Sites archéologiques, Asie centrale - crédits : Encyclopædia Universalis France

Sites archéologiques, Asie centrale

L'Asie centrale telle que nous la définirons ici comprend les territoires des républiques du Turkménistan, de l'Uzbekistan et du Tadjikistan, la province chinoise du Xinjiang et le nord de l'Afghanistan. En outre, nous ferons parfois référence à des sites placés au sud de l'Hindu Kuch et dans le nord-ouest de l'Inde et du Pakistan. La plus grande partie de ces régions est située dans une zone de climat semi-aride depuis la dernière glaciation ; ce climat détermine les conditions générales de la vie rurale. Dès le Quaternaire ancien, pendant les périodes interglaciaires, les vents avaient déposé d'épaisses couches de lœss, fertiles à condition d'être suffisamment arrosées. C'est ainsi qu'une végétation de steppe couvre les plus grands espaces de l'Asie centrale. Toutefois, dans certaines parties des vallées des différents fleuves et de leurs deltas, qui parfois se perdent dans les sables des déserts, l'irrigation, pratiquée depuis les débuts de l'agriculture, a amené une flore plus dense, différente de la végétation naturelle. Sur les chaînes montagneuses, dans l'Hindu Kuch et plus encore dans le Pamir, règnent la forêt et les alpages. Les variations de ces conditions naturelles ont donc rythmé le cours de l'évolution humaine pendant un million d'années. Les modes de subsistance ont changé et nous verrons donc successivement, en ordre chronologique : les chasseurs-cueilleurs, du Paléolithique au Mésolithique ; les agro-pasteurs à l'époque néolithique ; les premières villes du Chalcolithique et de l'âge du bronze ; les nomades et les sédentaires de l'âge du fer et de l'époque dite achéménide.

Les chasseurs-cueilleurs du Paléolithique au Mésolithique

Les vestiges humains les plus anciens de l'Asie centrale (Paléolithique inférieur) ont été découverts au Tadjikistan dans des couches de lœss. Ils sont datés par les archéologues de plus de 300 000 ans avant notre ère. L' industrie lithique sur galets est bien représentée sur des sites comme Lakhuti I et Karatau. Sur ce dernier, des os de cerfs et de gazelles ont pu être recueillis. Quelques paléosols de cette époque ont été datés, par le paléomagnétisme et la thermoluminescence, d'une période située entre 300 000 et 100 000 ans avant notre ère. D'autre part, il n'est pas exclu que des vestiges plus anciens[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche au C.N.R.S., directeur de l'équipe archéologie de l'Asie centrale : peuplement, milieux et techniques
  • : attaché de recherche au C.N.R.S.

Classification

Pour citer cet article

Henri-Paul FRANCFORT et Frantz GRENET. ASIE CENTRALE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Sites archéologiques, Asie centrale - crédits : Encyclopædia Universalis France

Sites archéologiques, Asie centrale

Plan de Dashly 3 - crédits : Encyclopædia Universalis France

Plan de Dashly 3

Restitution de la "salle carrée" du palais de Nisa - crédits : Encyclopædia Universalis France

Restitution de la "salle carrée" du palais de Nisa

Autres références

  • ACHGABAT, anc. ACHKHABAD

    • Écrit par Julien THOREZ
    • 489 mots
    • 1 média

    Achgabat (ex-Achkhabad, de l'arabe achk, « amour », et du persan abad, « ville, lieu prospère ») est la capitale du Turkménistan, république d'Asie centrale ayant accédé à l'indépendance en 1991. Localisée sur le piémont septentrional du Kopet Dag et bordée au nord par le désert...

  • AFGHANISTAN

    • Écrit par Daniel BALLAND, Gilles DORRONSORO, Universalis, Mir Mohammad Sediq FARHANG, Pierre GENTELLE, Sayed Qassem RESHTIA, Olivier ROY, Francine TISSOT
    • 37 316 mots
    • 19 médias

    Dépourvu d'accès à la mer, l'Afghanistan est entouré au nord par le Turkménistan, l'Ouzbékistan et le Tadjikistan ; à l'ouest par l'Iran ; au sud et à l'est par le Pakistan ; au nord-est, le corridor de Wakhan est limitrophe du Xinjiang chinois.

    L'Afghanistan...

  • ALEXANDRE LE GRAND (356-323 av. J.-C.)

    • Écrit par Paul GOUKOWSKY
    • 6 470 mots
    • 5 médias
    ...néanmoins nécessaire de s'engager dans ces provinces lointaines, ce fut d'abord parce que leurs satrapes, après avoir éliminé Darius, ne désarmaient pas. Il fallut réduire successivement l'Arie (province de Hérat) puis l'Arachosie (province de Kandahar) avant de remonter, au moment des premières neiges,...
  • AMOU-DARIA

    • Écrit par Pierre CARRIÈRE
    • 1 051 mots

    L'Amou-Daria draine la plus étendue des cuvettes hydrologiques de l'Asie moyenne ex-soviétique ; son bassin d'alimentation proprement dit s'étend en territoire fortement montagneux sur 227 800 kilomètres carrés, ce qui vaut au fleuve de rouler annuellement à son entrée dans la plaine 79 kilomètres...

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Voir aussi