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WALTER BRUNO (1876-1962)

L'épanouissement

À la mort de Mahler, en 1911, Bruno Walter crée ses deux œuvres posthumes, Le Chant de la terre (Munich, 1911) et la Symphonie no 9 (Vienne, 1912). Il est ensuite nommé directeur général de la musique à Munich (1913-1922) à la suite du grand chef wagnérien Felix Mottl. Après vingt ans de carrière, Bruno Walter accède enfin à un poste de directeur. C'est à Munich que commence à s'affirmer sa véritable personnalité, dégagée de la tutelle artistique de Mahler. Il élargit sensiblement le répertoire de l'Opéra de Munich, qu'il ouvre à la musique non germanique et contemporaine ; il crée Violanta et Der Ring des Polykrates (1916) d'Erich Wolfgang Korngold ainsi que Palestrina (1917) de Hans Pfitzner et Das Spielwerk (1920) de Franz Schreker. Il fait revivre les ouvrages lyriques de Weber, alors tombés dans l'oubli, redonne une nouvelle jeunesse à ceux de Mozart... Il forme une troupe d'élite qui le suivra dans la plupart de ses grandes productions lyriques : Maria Ivogün, Lotte Lehmann, Paul Bender, Alexander Kipnis, Karl Erb, Lotte Schöne, Delia Reinhardt... Dans le domaine symphonique, il dirige régulièrement l'Orchestre philharmonique de Berlin entre 1919 et 1933 ; c'est à la tête de cet orchestre qu'il accompagne le premier concert en Allemagne de Yehudi Menuhin (12 avril 1929), ainsi que les débuts avec orchestre de Vladimir Horowitz.

La renommée de Bruno Walter commence à s'étendre hors d'Allemagne et d'Autriche : en 1923, il fait sa première tournée aux États-Unis, où il dirige à New York, Detroit et Minneapolis ; entre 1924 et 1931, il conduit régulièrement le répertoire allemand à Covent Garden ; il fait ses débuts à la Scala de Milan en 1926 ; la même année, à Leningrad, il rencontre Chostakovitch, dont il dirigera souvent la Symphonie no 1 ; Paris l'accueille pour de mémorables représentations des opéras de Mozart au Théâtre des Champs-Élysées (1928). En 1925, il est nommé directeur musical de la Städtische Oper de Berlin (Charlottenburg), où il réalise quelques mises en scène. Il fait partie du comité directeur du festival de Salzbourg, où il dirige chaque année, de 1925 à l'Anschluss. Il y joue également des concertos de Mozart, en dirigeant lui-même l'orchestre depuis son clavier, et accompagne au piano Lotte Lehmann ou Elisabeth Schumann dans des soirées de lieder qui font revivre tout un répertoire oublié. En 1929, il quitte Berlin pour Leipzig, où il prend la succession de Wilhelm Furtwängler à la tête de l'Orchestre du Gewandhaus (1929-1933) ; son violon solo est alors Charles Münch, au début de sa carrière. En raison de ses origines juives, l'arrivée au pouvoir des nazis l'oblige à se réfugier en Autriche en 1933. Toscanini l'invite comme chef associé de l'Orchestre philharmonique symphonique de New York (1933-1935) ; il occupe la même fonction auprès de l'Orchestre du Concertgebouw d'Amsterdam (1934-1939). Il est également chef invité (1935) puis conseiller artistique (1936-1938) de l'Opéra de Vienne et l'un des invités réguliers de la Philharmonie de Vienne (1933-1938).

Kathleen Ferrier et Bruno Walter - crédits :  Time Life Pictures/ Pix Inc./ The LIFE Picture Collection/ Getty Images

Kathleen Ferrier et Bruno Walter

En 1938, il doit à nouveau fuir devant l'annexion de l'Autriche par les nazis : il se réfugie en Suisse, où le festival de Lucerne l'accueille, puis en France, dont il obtient la nationalité. Un an plus tard, il se fixe aux États-Unis. Il dirigera régulièrement au Metropolitan Opera de New York jusqu'en 1957 et mènera une carrière de chef invité à la tête des principaux orchestres américains (Orchestre de Philadelphie, Orchestre philharmonique de Los Angeles, Orchestre philharmonique de New York, Orchestre symphonique de la N.B.C., etc.). En 1946, il devient citoyen américain. Il est ensuite conseiller artistique de l'Orchestre philharmonique de New York (1947-1949), dont[...]

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

Classification

Pour citer cet article

Alain PÂRIS. WALTER BRUNO (1876-1962) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Bruno Walter - crédits : Erich Auerbach/ Hulton Archive/ Getty Images

Bruno Walter

Bruno Walter et Elisabeth Schumann - crédits : Gerti Deutsch/ Picture Post/ Hulton Archive / Getty Images

Bruno Walter et Elisabeth Schumann

Cinq grands chefs d'orchestre - crédits : Hulton-Deutsch Collection/ Corbis Historical/ Getty Images

Cinq grands chefs d'orchestre

Autres références

  • DAS LIED VON DER ERDE (G. Mahler)

    • Écrit par Alain PÂRIS
    • 320 mots
    • 1 média

    Composé au cours de l'été de 1908, Das Lied von der Erde (Le Chant de la Terre) est créé à Munich le 20 novembre 1911 – six mois après la mort de Gustav Mahler –, par l'Orchestre du Konzertverein de Munich sous la direction du fidèle disciple du compositeur, Bruno Walter...

  • DEUTSCHE OPER, Berlin

    • Écrit par Jacques FOURNIER
    • 544 mots

    La capitale allemande possède trois théâtres lyriques dont deux, le Staatsoper et le Komische Oper, se trouvaient à Berlin-Est du temps de la R.D.A. La chute du Mur et la réunification de l’Allemagne rendit à ces deux lieux leur identité nationale intrinsèque, dont le Deutsche Oper, du fait de sa...

  • FERRIER KATHLEEN (1912-1953)

    • Écrit par Pierre BRETON
    • 1 774 mots
    • 1 média
    ...Désormais, elle se consacrera essentiellement à l'oratorio, au lied et aux partitions pour voix et orchestre. En 1947, au premier festival d'Édimbourg, Bruno Walter la dirige dans Das Lied von der Erde, où l'émotion la submerge dans les dernières mesures de l'Abschied, l'adieu qui se dissout...
  • FESTIVALS

    • Écrit par Jean-Michel BRÈQUE, Matthieu CHÉREAU, Jean CHOLLET, Philippe DULAC, Universalis, Christian MERLIN, Nicole QUENTIN-MAURER
    • 17 192 mots
    • 20 médias
    Dès lors, deux chefs d'orchestre se partagent la vedette au cours de ce premier âge d'or : Bruno Walter, qui voue un culte à Mozart mais fait aussi entrer au répertoire local les opéras de Gluck et les symphonies de son maître Gustav Mahler, et Clemens Krauss, l'ami de Richard Strauss,...
  • Afficher les 7 références

Voir aussi