Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

IVOGÜN MARIA (1891-1987)

C'est en mariant les trois premières syllabes du nom de sa mère, la célèbre cantatrice Ida von Günther, qu'Ilse von Günther s'est taillé un nom de théâtre qu'elle a couvert de gloire sur les scènes du monde entier.

Cette soprano hongroise, qui adoptera plus tard la nationalité allemande, naît à Budapest le 18 novembre 1891. D'évidentes dispositions naturelles, jointes à l'exemple maternel, l'amènent très tôt au chant. De 1907 à 1913, elle étudie à l'académie de Vienne et suit les leçons d'Irene Schlemmer-Ambros. Elle passe une audition pour entrer à la Wiener Hofoper mais n'est pas retenue. Bruno Walter la remarque pourtant et, après un concert où elle triomphe dans des airs de La Bohème de Puccini, la fait engager en 1913 à 1'opéra de Munich. Dès cet instant, le grand chef d'orchestre ne cessera de veiller sur la carrière de l'une des plus grandes sopranos coloratures de son temps.

Exceptionnelle mozartienne comme en témoignent ses incarnations idéales de la Reine de la nuit et de Constance, elle s'intéresse de très près à la musique de ses contemporains.

Richard Strauss la demande expressément pour créer le périlleux rôle de Zerbinette dans la version définitive d'Ariane à Naxos (1916).

Elle participe en outre à la création de Der Ring des Polykrates de Erich Wolfgang Korngold (1916), de Palestrina de Hans Pfitzner (1917) – où sa remarquable performance dans le rôle d'Ighino lui vaut le titre envié de Kammersängerin –, de Die Vögel de Walter Braunfels (1920). Très vite, sa renommée déborde les frontières de l'Empire austro-hongrois. Mary Garden l'invite à l'opéra de Chicago (1921-1922). Le Covent Garden de Londres voit ses débuts en 1924. La Scala de Milan et le Metropolitan Opera de New York sont conquis dans la même foulée. Elle apparaît en 1925 au festival de Salzbourg dans le rôle de Norina de Don Pasquale. C'est l'année où elle répond à l'appel de Bruno Walter, qui vient de prendre la direction de la Städtische Oper de Berlin. Elle y chantera jusqu'en 1932, date anniversaire de ses quarante ans. Elle quitte alors celui qui était son époux depuis 1921, le grand ténor allemand Karl Erb (1877-1958), avec qui elle avait donné en duo de nombreuses soirées. Pour respecter un vœu prononcé alors qu'elle était en grand danger de perdre la vue, elle fait ses adieux à la scène lyrique cette même année 1932. Elle épouse alors le remarquable pianiste Michael Raucheisen (1889-1984), avec qui elle régnera pendant de longues années sur le royaume du lied. C'est elle qui donne la première audition de Schlechtes Wetter de Richard Strauss. On la retrouve au concert quelques années encore, s'illustrant avec la même musicalité et la même aisance dans la Quatrième Symphonie de Gustav Mahler et dans ces valses viennoises qui concluaient souvent ses récitals sur un sourire. Mais c'est vers l'enseignement qu'elle se tourne de plus en plus, à la Musikakademie de Vienne (1948-1950), puis à la Berliner Hochschule für Musik (1950-1958). En 1956, elle est nommée membre de l'Akademie der Künste de Berlin. Aussi grand professeur qu'elle avait été grande cantatrice, Maria Ivogün ne pouvait avoir d'élèves qu'exceptionnels. Qu'il suffise d'en citer deux – Elisabeth Schwarzkopf et Rita Streich – pour situer au plus haut niveau la qualité de ses conseils. Retirée en Suisse, elle meurt à Beatenberg, le 2 octobre 1987.

Dotée d'une phénoménale agilité vocale, d'un timbre très pur dans tous les registres, d'un aigu limpide et rayonnant, Maria Ivogün a triomphé dans tous les rôles de sopranos lyriques et coloratures. Rosine, Gilda, Mimi et Tatiana ont révélé au monde entier une stupéfiante virtuosité belcantiste et la finesse d'une sensibilité qui sont la signature de l'une des plus[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Pierre BRETON. IVOGÜN MARIA (1891-1987) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Voir aussi