Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

KESSEL BARNEY (1923-2004)

Jazzman blanc qui a puisé son inspiration dans les aventures harmoniques de Charlie Parker et les pratiques instrumentales de Charlie Christian, autodidacte complet fasciné par la richesse et la complexité de la musique savante européenne, l'Américain Barney Kessel s'est affirmé comme l'un des plus parfaits stylistes de la guitarebe-bop.

Barney Kessel naît le 17 octobre 1923 à Muskogee (Oklahoma). À douze ans, il vend des journaux pour s'offrir sa première guitare et c'est en autodidacte qu'il progresse dans la maîtrise de cet instrument. Dès quatorze ans, il fait des débuts remarqués dans des formations locales. Sa réputation est telle que Charlie Christian, le premier grand maître de la guitare be-bop, ne manque pas de venir l'écouter lors de l'un de ses passages à Oklahoma City, en 1939. Cette rencontre sera décisive. Barney Kessel se lance dans la carrière et se fixe à Hollywood, où il exerce d'abord divers petits métiers alimentaires. En 1943, il est engagé dans l'orchestre qui accompagne le show d'un des Marx Brothers, Chico Marx, que dirige alors Ben Pollack. Il s'établit alors à Los Angeles. En 1944, il a la chance de participer – avec Lester Young, Illinois Jacquet, Red Callender, Joe Jones, Sid Catlett... – au remarquable court-métrage Jammin' the Blues réalisé par Gjon Mili et dont le directeur technique est le producteur Norman Granz, fondateur de la célèbre firme Verve. Dès lors, c'est au sein de grands orchestres – notamment ceux de Charlie Barnet (1944-1945) et d'Artie Shaw (1945) – qu'il poursuit sa route. Il commence à cette époque à fréquenter les studios d'enregistrement.

En 1947, Barney Kessel rejoint le J.A.T.P. (Jazz At The Philharmonic) de Norman Granz, où il rencontre Charlie Parker, dont il sera un des partenaires pour un enregistrement du célèbre Relaxin' at Camarillo (1947). En 1952 et 1953, il effectue une longue tournée avec le trio d'Oscar Peterson, où il remplace Irving Ashby et où il est au côté du contrebassiste Ray Brown. Avec Ray Brown (contrebasse) et Shelly Manne (batterie), il enregistre, sous le nom générique de The Poll Winners, une série de quatre albums appelés à une durable célébrité : The Poll Winners (1957), The Poll Winners Ride Again ! (1958), Poll Winners Three (1959) et Exploring The Scene (1960). Capable de s'adapter à tous les styles, Barney Kessel a joué avec les plus grands : Louis Armstrong, Nat King Cole, Red Norvo, Roy Eldridge, Woody Herman, Ben Webster, Buddy DeFranco, Red Mitchell, Ornette Coleman, Lionel Hampton, Benny Carter, Lester Young, Illinois Jacquet, Coleman Hawkins, Jo Jones, Sid Catlett, George Benson... La créativité de l'accompagnateur est recherchée par des chanteuses comme Julie London (avec laquelle il donne en 1955 une célèbre interprétation de Cry Me A River), Billie Holiday, Ella Fitzgerald, Sarah Vaughan ou Anita O'Day. La curiosité toujours en éveil, il s'intéresse de près à la musique classique – Carmen de Bizet, notamment, donnera naissance à l'album Modern Jazz Performances from Bizet's Carmen (1958) –, au jazz afro-cubain et même à la pop music (Hair is Beautiful, 1968, d'après Hair). Pendant quelque temps, il s'adonne à des occupations plus commerciales et réalise des orchestrations de musique de film pour Hollywood. Il revient néanmoins à sa passion première pour le jazz en 1973. Il fonde alors avec deux autres guitaristes, Charlie Byrd et Herb Hellis, et le soutien d'une contrebasse et d'une batterie, le quintette Great Guitars, dont le succès sera mondial et avec lequel il se produira jusqu'en 1992, année où il est victime d'une grave attaque cérébrale.

Barney Kessel s'est beaucoup consacré à l'enseignement et a organisé des séminaires très suivis. Il a publié plusieurs ouvrages didactiques[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Pierre BRETON. KESSEL BARNEY (1923-2004) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Voir aussi