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FITZGERALD ELLA (1918-1996)

Il y a du conte de fées dans la vie d'Ella Fitzgerald : l'éclosion spontanée de l'extraordinaire talent d'une jeune fille aux origines plus que modestes, la renommée planétaire de la plus pure interprète de la chanson américaine, l'unanime respect des plus grands du jazz, une fraîcheur et une vitalité que seules les heures les plus sombres de sa vieillesse, après soixante ans de carrière, ont réussi à entamer... Véritable incarnation du bonheur en musique, Ella Fitzgerald a su rassembler dans un même et immense public et les puristes sourcilleux et les foules enthousiastes. Cela tient du miracle !

« A-Tisket, a-Tasket »

Ella Jane Fitzgerald naît le 25 avril 1918 à Newport News, en Virginie. De son enfance, très peu de chose nous est parvenu. Son père aurait déserté le foyer familial vers 1921. C'est alors que sa mère s'établit à Yonkers (État de New York), où la jeune Ella va s'adonner à ses deux passions : la danse et le chant, qu'elle pratique notamment à la Bethany African Methodist Episcopal Church de cette ville. En 1932, sa mère meurt et l'adolescente part vivre chez une de ses tantes à Harlem. Elle quitte rapidement l'école et, à l'automne de 1934, vit d'expédients dans les rues de Harlem.

La célébrité lui sera offerte, sans préliminaires, le soir du 21 novembre 1934, quand elle remporte le premier prix d'un concours de chant amateur au célèbre Apollo Theatre de Harlem. À la fin de janvier 1935, elle remporte de nouveau un concours à l'Opera House de Harlem. Chick Webb l'engage en avril dans son orchestre, qui se produit au Savoy Ballroom, et l'impose. De 1935 à 1939, elle sera, au concert comme au studio, la chanteuse vedette de l'orchestre. Un jour, perdue dans le texte de Mr. Paganini (également connu sous le titre You'll Have to Swing It), Ella Fitzgerald se lance dans une improvisation échevelée faite de syllabes et d'onomatopées, rivalisant en abattage avec les plus brillants instrumentistes. Elle vient d'inventer le scat. Son premier enregistrement avec l'orchestre de Chick Webb date de 1935. Elle obtient, en 1938, un succès tel avec A-Tisket, a-Tasket, a Brown and Yellow Basket qu'il faut lui donner une suite, I Found my Yellow Basket. L'année suivante, c'est encore un triomphe avec My Heart Belongs to Daddy. Elle chante chez Teddy Wilson – où elle remplace Billie Holiday – et se produit avec des ensembles vocaux (Savoy Eights, Mills Brothers). Si Ella Fitzgerald n'a pas encore l'absolue maîtrise qu'elle montrera dans les années 1940, sa spontanéité et sa sûreté rythmique en font déjà une très remarquable musicienne, que la toute jeune revue Down Beat ne tarde pas à saluer (1937). Après la mort de Chick Webb, en 1939 elle prend la direction de son orchestre, rebaptisé Ella Fitzgerald and her Famous Orchestra (1939-1942). L'expérience est peu concluante. On l'entendra pendant plusieurs années accompagnée par des groupes de chanteurs : Delta Rhythm Boys et Ink Spots (1942-1943), Four Keys et Louis Jordan (1945). Elle commence à travailler avec Louis Armstrong... et à se livrer à d'irrésistibles imitations du grand trompettiste. Son style évolue sous l'influence du bop, qui donne à son scat une liberté pyrotechnique inouïe. En 1946, Norman Granz devient son imprésario et l'associe aux tournées mondiales du Jazz At The Philharmonic (J.A.T.P.). Consécration suprême, elle chante, le 29 septembre 1947, sur la scène du Carnegie Hall de New York. En 1957, c'est la scène du Metropolitan Opera qui lui sera offerte.

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Pour citer cet article

Pierre BRETON. FITZGERALD ELLA (1918-1996) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Barney Kessel - crédits : Ronald Startup/ Picture Post/ Getty Images

Barney Kessel

Illinois Jacquet - crédits : Metronome/ Archive Photos/ Getty Images

Illinois Jacquet

Ella Fitzgerald - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Ella Fitzgerald

Autres références

  • BROWN RAY (1926-2002)

    • Écrit par Pierre BRETON
    • 876 mots
    • 1 média

    Disciple de Jimmy Blanton, qui avait transformé la contrebasse, jusqu'alors cantonnée dans un rôle de simple soutien rythmique, en un instrument soliste capable d'improvisation mélodique, l'Américain Ray Brown s'est affirmé comme un des contrebassistes les plus accomplis de l'histoire du ...

  • FLANAGAN TOMMY (1930-2001)

    • Écrit par Pierre BRETON
    • 680 mots

    Le style du pianiste américain Tommy Flanagan s'inscrit indiscutablement dans l'esthétique bop et dans la lignée des conquêtes rythmiques et harmoniques de Bud Powell. Sa manière reste cependant inimitable : un jeu sûr et précis qui sait éviter le piège des effets appuyés et du brillant facile, un...

  • JAZZ

    • Écrit par Philippe CARLES, Jean-Louis CHAUTEMPS, Universalis, Michel-Claude JALARD, Eugène LLEDO
    • 10 992 mots
    • 25 médias
    ...imagination et sa virtuosité sans exemple – Art Tatum (Get Happy). Une chanteuse, riche de verve et de tempérament, entame une spectaculaire carrière :Ella Fitzgerald (How High the Moon) ; une autre énonce une amertume tragique qui la conduira à la mort : Billie Holiday (Strange Fruit).