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CHRISTIAN CHARLIE (1916 ou 1919-1942)

La trajectoire météorique de Charlie Christian a bouleversé le monde de la guitarejazz. Fauché par la maladie en pleine jeunesse, ce jazzman américain exerça en effet, par sa maîtrise de l'amplification électrique et la liberté de son langage, une influence majeure sur le jeu de tous ceux qui lui succédèrent. « Son court passage sur la scène du jazz suffit à en faire, avec Django Reinhardt, le plus remarquable guitariste qui s'y soit illustré. Il a non seulement porté à leur point de perfection les conceptions traditionnelles en matière de guitare, mais il a imposé définitivement l'usage de l'instrument amplifié et a été, par ses innovations harmoniques (introduction d'accords altérés, par exemple), de ceux qui opérèrent la transition entre le jazz classique et le be-bop, que ses improvisations lors des sessions du cabaret Minton's avaient annoncées. » (Alain Gerber).

Charles Henry Christian naît à Bonham (Texas) le 29 juillet d'une année qui est, selon ses biographes, 1916 ou 1919. Son père, aveugle, chante et joue de la guitare ; ses frères, Edward et Clarence, sont également musiciens. Il passe une grande partie de son enfance à Oklahoma City (Oklahoma), où sa famille s'est établie. Très tôt, il s'initie à la trompette, au saxophone, au piano et à la contrebasse. C'est avec cette dernière qu'il fait véritablement ses débuts professionnels, en 1934, à Bismarck (Dakota du Nord), dans l'orchestre d'Alphonso Trent. Sur les conseils de son père, il se tourne rapidement vers la guitare acoustique et se produit dans le Middle West, notamment avec le Jeter-Pillars Orchestra, à Saint Louis (Missouri), en 1937. Malgré tout le talent de précurseurs comme Freddie Green, Lonnie Johnson ou Eddie Lang (alias Salvatore Massaro), la faible voix de l'instrument peine à se faire entendre – quelques breaks d'accords et de brefs solos – dans la masse des grands ensembles où domine la puissance sonore des vents, et reste confinée dans les tâches obscures du soutien harmonique et rythmique. Seule exception à l'époque, le Quintette du Hot Club de France – fondé en 1934 avec la réunion de trois guitares, d'une contrebasse et d'un violon – permet, aux frontières du jazz et de la sensibilité tzigane, les envolées éloquentes et virtuoses d'un Django Reinhardt.

En 1937 Charlie Christian rencontre Eddie Durham, un des pionniers, avec Floyd Smith – ce dernier sur un instrument de type hawaïen –, de la guitare amplifiée électriquement. C'est une révélation. Le jeune musicien adopte immédiatement l'instrument et découvre très vite tout l'éventail de ses possibilités expressives. Il fait son retour dans la formation d'Alphonso Trent (1938) avant de retrouver à Oklahoma City sa mère, qui anime depuis son piano un quartette familial dans des salles de cinéma muet. Devenu une vedette locale, Charlie Christian attire l'attention de la pianiste Mary Lou Williams, qui parvient à convaincre le producteur John Hammond de venir l'écouter au Ritz Café d'Oklahoma City. Ce dernier, malgré la médiocrité de l'ensemble qui l'entoure, reconnaît son exceptionnel talent et le recommande chaleureusement à Benny Goodman. Le « Roi du swing », conquis à son tour, l'engage séance tenante. Charlie Christian lui restera fidèle, de la fin de 1939 à sa mort, participant – plus souvent en sextette qu'au sein de formations plus étoffées – aux nombreux enregistrements que réalise l'illustre clarinettiste. Il y côtoie Lionel Hampton, Fletcher Henderson, Count Basie, Freddie Green, Cootie Williams, Jo Jones, Sidney Catlett, Buck Clayton et Gene Krupa. Il enregistre le 11 septembre 1939, avec Lionel Hampton, son premier disque officiel, One Sweet Letter From You. Il participe, le 24 décembre 1939, au second des légendaires[...]

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Pour citer cet article

Pierre BRETON. CHRISTIAN CHARLIE (1916 ou 1919-1942) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BE-BOP

    • Écrit par Eugène LLEDO
    • 769 mots

    Au début des années 1940, quelques jazzmen, parmi lesquels Charlie Parker, Dizzy Gillespie et Thelonious Monk, se retrouvent lors de jam-sessions à New York. Ils y expérimentent une nouvelle forme de musique improvisée qui modifie profondément la couleur sonore du jazz : le be-bop.

    Au début...

  • JAZZ À MASSEY HALL

    • Écrit par Pierre BRETON
    • 270 mots

    Afin de s'évader d'un art classique porté à sa perfection par les grands orchestres swing et accaparé par les Blancs, afin de protéger l'esprit du jazz de l'invasion rampante des romances commerciales, quelques jeunes musiciens noirs inspirés par les audaces du guitariste...

Voir aussi