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BROWN RAY (1926-2002)

Disciple de Jimmy Blanton, qui avait transformé la contrebasse, jusqu'alors cantonnée dans un rôle de simple soutien rythmique, en un instrument soliste capable d'improvisation mélodique, l'Américain Ray Brown s'est affirmé comme un des contrebassistes les plus accomplis de l'histoire du jazz. On peut certes trouver virtuoses plus agiles ou improvisateurs plus inventifs. Mais ce maître rythmicien à l'enthousiasme communicatif a su développer un jeu précis – caractérisé par une parfaite synchronisation des deux mains et par une main gauche exceptionnelle – avec une sonorité puissante sur toute l'étendue du registre de son instrument. Champion de la walking bass (basse « ambulante », réalisée en pizzicato avec une maestria produisant une impression de marche), il savait tenir le tempo avec un swing aussi solide qu'efficace.

Raymond Matthews Brown naît le 13 octobre 1926 à Pittsburgh (Pennsylvanie). Sa famille n'ayant pas les moyens de lui offrir le trombone dont il rêve de jouer, il se tourne vers la contrebasse, empruntée à l'orchestre de son école. En 1943, il est déjà capable de se produire sur cet instrument dans des clubs. En 1945, il s'établit à New York, où il fréquente les établissements de la 52e Rue et de Time Square. Il y côtoie les pianistes Erroll Garner, Art Tatum et Hank Jones, la chanteuse Billie Holiday, le saxophoniste Coleman Hawkins... Il rejoint les petites formations qu'anime Dizzy Gillespie puis intègre le grand orchestre de ce dernier (1946-1947). C'est pour Ray Brown l'occasion de donner la réplique à Bud Powell, Max Roach et Charlie Parker. En 1947, à l'invite de Norman Granz, il remplace au pied levé le bassiste défaillant pour un concert du J.A.T.P. (Jazz At The Philharmonic) : l'expérience est tellement concluante qu'il y sera réengagé dix-huit ans de suite.

Barney Kessel - crédits : Ronald Startup/ Picture Post/ Getty Images

Barney Kessel

En 1948, Ray Brown épouse la chanteuse Ella Fitzgerald, dont il demeurera le fidèle accompagnateur malgré leur divorce en 1952. En 1951 et 1952, Ray Brown joue au sein du Milt Jackson Quartet – ébauche du Modern Jazz Quartet –, aux côtés du vibraphoniste Milt Jackson, du pianiste John Lewis et du batteur Kenny Clarke. Percy Heath remplacera Brown en 1952, lorsque celui-ci devient membre permanent du célèbre trio dirigé par le pianiste Oscar Peterson, qui va asseoir sa renommée ; il sera remplacé par Sam Jones en janvier 1966. Il enregistre avec le guitariste Barney Kessel et le batteur Shelly Manne au sein d'un trio dénommé The Poll Winners (1957-1960). À l'instar d'Oscar Pettiford, Ray Brown joue occasionnellement du violoncelle ; il conçoit d'ailleurs en 1960, en collaboration avec la firme Kay de Chicago, un instrument hybride qui allie les qualités du violoncelle et de la contrebasse, et qui est le précurseur de la contrebasse piccolo.

En 1966, Ray Brown s'installe à Los Angeles. Il travaille pour la télévision et le cinéma et publie une méthode de contrebasse. Il enregistre beaucoup en free lance avec la fine fleur des instrumentistes de l'époque : Stan Getz, Gerry Mulligan, Lionel Hampton, Lester Young, Benny Carter, Jimmy Smith, Cannonball Adderley... En 1972, il enregistre en studio avec Duke Ellington au piano l'album This One's for Blanton, en hommage aux sessions du Duke avec Jimmy Blanton de 1939 et 1940. Au début de 1974, il crée à Los Angeles – avec le saxophoniste alto et flûtiste Bud Shank, le guitariste Laurindo Almeida et le batteur Chuck Flores (qui sera rapidement remplacé par Shelly Manne puis, en 1978, par Jeff Hamilton) – le quartet L. A. Four, qui sera dissous en 1982. Parmi les enregistrements de ce quartet, on mentionnera The L. A. Four Scores ! (1974), Concierto de Aranjuez (1975), Watch What Happens (1978), Live at Montreux (1979), Montage (1981) et Executive Suite (1982).

Ray Brown produit des concerts[...]

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Pour citer cet article

Pierre BRETON. BROWN RAY (1926-2002) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Barney Kessel - crédits : Ronald Startup/ Picture Post/ Getty Images

Barney Kessel

Autres références

  • PETERSON OSCAR (1925-2007)

    • Écrit par Pierre BRETON
    • 1 158 mots

    Dans le piano du Canadien Oscar Peterson résonne un demi-siècle de l'histoire du jazz. S'unissent sous ses doigts le stride triomphant de James P. Johnson, la fantaisie de Fats Waller, les suites d'accords de Milt Buckner, la pudique élégance de Nat King Cole, l'imagination poétique...

  • THIGPEN ED (1930-2010)

    • Écrit par Universalis
    • 308 mots

    Le swing, la sensibilité et la discrétion du batteur américain de jazz Ed Thigpen, qui excellait particulièrement aux balais, en ont fait, dans les univers les plus différents, un interprète prisé au sein de petites formations, ainsi qu'un accompagnateur recherché par de nombreux chanteurs de variétés....

Voir aussi