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O'DAY ANITA (1919-2006)

Elle fut longtemps boudée par le public européen, comme si la blancheur de sa peau lui interdisait l'accès au monde du jazz. Pourtant, aux côtés de Mildred Bailey, d'Ella Fitzgerald et de Billie Holiday – à qui elle a souvent été comparée –, Anita O'Day mérite sans conteste sa place au panthéon des grandes voix américaines.

Anita Belle Colton naît le 18 octobre 1919 à Chicago (Illinois). On ne lui connaît aucune formation musicale. Elle n'a que douze ans quand elle chante pour la première fois en public. Elle quitte alors sa famille et choisit le nom de scène d'Anita O'Day pour participer à ces cruels marathons de danse – illustrés par le film de Sydney Pollack On achève bien les chevaux – qui se multiplient pendant la grande dépression qui frappe les États-Unis. Dès 1939, elle commence à se faire une réputation dans les night-clubs de sa ville natale. Sa véritable carrière débute cette même année grâce à Carl Lynn Cons, l'un des responsables du magazine Down Beat, qui réussit à la faire recruter dans le quartette du pianiste Max Miller. De 1941 à 1943, elle appartient au big band du batteur Gene Krupa, avec qui elle enregistre son premier succès, en duo avec Roy Eldridge, Let Me Off Uptown (1941). C'est à cette époque qu'elle fait un séjour en prison pour usage de stupéfiants. Stan Kenton l'engage pour deux ans (1944 et 1945) et lui offre un regain de renommée avec And Her Tears Flowed Like Wine. Elle retrouve ensuite la formation de Gene Krupa (1945-1946) puis décide de mener une vie professionnelle indépendante mais assez inorganisée, qui sera minée par l'héroïne et un certain manque d'ambition personnelle. Elle enregistre néanmoins beaucoup, avec des musiciens de la stature d'Oscar Peterson, Cal Tjader, les Three Sounds ou Bill Holman. Il faut notamment citer la quinzaine d'albums qu'elle grave, de 1952 à 1963, pour le nouveau label Verve créé par Norman Granz, dont se détachent Anita (1956, avec Barney Kessel à la guitare), Pick Yourself Up (1956), Anita O'Day Sings the Winners (1958), Anita O'Day Swings Cole Porter with Billy May (1959), Cool Heat. Anita O'Day Sings Jimmy Giuffre Arrangements (1959), Trav'lin' Light (1961, hommage à Billie Holiday), All the Sad Young Men (1961, avec l'orchestre de Gary McFarland).

En 1958, Anita O'Day triomphe au festival de jazz de Newport, dont le film Jazz on a Summer's Day (1960) a heureusement gardé la trace (avec une stupéfiante interprétation du standard Tea for Two). L'année suivante, elle accompagne l'orchestre de Benny Goodman pour une tournée en Europe, et elle interprète son propre rôle dans le film de Don Weis Drum Crazy : the Gene Krupa Story (1959). Elle se fait applaudir dans de nombreuses tournées à travers le monde, mais, le 28 octobre 1970 au festival Newport à Paris, « se fait huer par un public qui confond jazz et couleur de peau » (François Billard). En 1972, elle fonde sa propre firme discographique, Anita O'Day Records. Son étoile pâlit pour un temps mais retrouve un nouvel éclat avec son apparition en 1976 au club Hopper's de New York. Elle enregistre alors pour un second label, Emily, créé avec Elaine Poole et John Poole, son fidèle batteur depuis la fin des années 1950 jusqu'aux années 1980 (Live at Mingos, 1976 ; Live at the City, 1979 ; A Song for You, 1984). En 1981, elle publie son autobiographie (écrite avec l'aide de George Eells), High Times, Hard Times. Un concert à Carnegie Hall en 1985 – pour célébrer ses cinquante ans de jazz – prélude à une série de nouveaux enregistrements et à une tournée européenne avec un passage au New Morning à Paris au début de 1988. Elle continue à se produire jusqu'en décembre 1996, avant d'être hospitalisée pendant deux longues années à la suite de la mauvaise réduction d'une fracture au bras.[...]

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Pierre BRETON. O'DAY ANITA (1919-2006) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )