ZIMBABWE
Nom officiel | République du Zimbabwe |
Chef de l'État et du gouvernement | Emmerson Mnangagwa - depuis le 24 novembre 2017 |
Capitale | Harare |
Langue officielle | Anglais , Chewa , Chibarwe , Kalanga , Khoisan , Nambya , Ndau , Ndebele , Shangani , Shona , Sotho , Tonga , Tswana , Venda , Xhosa , Langue des signes |
Population |
16 340 822 habitants
(2023) |
Superficie |
390 760 km²
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Histoire
L'histoire du Zimbabwe est une histoire particulièrement tourmentée, dont les grandes phases sont globalement les suivantes :
– avant la colonisation britannique ;
– de la colonisation britannique à la Déclaration unilatérale d'indépendance de la Rhodésie ;
– de la Déclaration unilatérale d'indépendance au Zimbabwe indépendant.
Avant la colonisation britannique
Les premiers occupants du territoire furent des Bochiman (ou Bushmen), mais des tribus shona d'origine bantou firent leur apparition sur le plateau central vers le milieu du xe siècle. Ils développèrent une activité d'élevage qui fut bientôt complétée par un véritable réseau commercial tant avec l'arrière-pays qu'avec la zone côtière. Ils furent notamment à l'origine du célèbre royaume du Zimbabwe, fondé par l'ethnie karanga et qui sut tirer parti du site carrefour qu'il occupait, à la jonction des principales voies de communication qui assuraient l'acheminement de l'or, de l'ivoire ou des tissus à travers l'Afrique australe.
L'exploitation des gisements d'or attira d'ailleurs rapidement les convoitises extérieures : Arabes et Portugais, notamment, vont s'intéresser de près au pays. Les Shona continuent toutefois leur expansion. Après le déclin du royaume du Zimbabwe, au xvie siècle, d'autres royaumes se constituent : ceux de Monomotapa et de Rozwi auront plus d'éclat que les autres. Le premier, surtout, bénéficiera d'une véritable légende, alimentée par les récits des voyageurs arabes ou portugais. Au début du xviie siècle, le roi du Monomotapa dut accepter un traité humiliant avec le Portugal, qui venait d'organiser une expédition militaire ; il cédait les mines d'or, d'étain, de cuivre, de fer et de plomb au souverain du Portugal, dont il devenait ainsi le vassal, mais conservait le droit de gouverner le pays.
La colonisation portugaise, fortifiée par l'attrait des mines d'or et les divisions internes du royaume, se poursuivra pendant les premières décennies du xviie siècle. Les troubles ne cessèrent pas pour autant dans le royaume, et les colons portugais en firent les frais à l'occasion. Cette instabilité chronique du Monomotapa entraîna progressivement le royaume vers son déclin.
Mais déjà, du côté de l'Afrique du Sud, les regards se tournent vers la zone occupée par les Shona, le Mashonaland. Les Portugais, qui avaient pris pied au Mozambique et en Angola, vont se heurter à la fois aux Britanniques et aux Boers.
Vers les années 1830, un groupe appartenant à l'ethnie des Zoulous, les Ndebele, remonte vers le nord à la suite de sanglantes luttes tribales et pénètre dans le Mashonaland, au sud-ouest du Zimbabwe actuel. Il aura rapidement raison des défenses, au demeurant peu efficaces, qui lui sont opposées. Peuplade guerrière, bien organisée derrière un souverain tout-puissant, les Ndebele (ou Matabelele) étendront leur domination sur les Shona de l'Est, qu'ils réduisent pratiquement en esclavage.
De leur côté, les Européens ne restent pas inactifs. Voyageurs, commerçants, aventuriers et missionnaires se succèdent au royaume des Ndebele. Avec les autorités britanniques de la province du Cap et avec les Boers du Transvaal, les relations des monarques de Bulawayo furent souvent tendues, malgré les traités signés de temps à autre. Un homme jouera ici un rôle déterminant : Cecil J. Rhodes. Installé au Cap, où il a su prendre le contrôle d'une importante société diamantifère (la De Beers), avant d'entamer une carrière politique et de devenir Premier ministre de la province, il rêve d'un axe britannique allant du Caire au Cap. Mais il redoute que son entreprise ne soit compromise par les ambitions des dirigeants boers de la république du Transvaal, qui entendent pour leur part donner aux « Afrikanders » le contrôle de toute l'Afrique du Sud entre le Zambèze et le Cap – ou par celles des Portugais, qui espèrent pouvoir assurer la jonction entre leurs possessions du Mozambique et de l'Angola de part et d'autre de la zone convoitée.
Après la conférence de Berlin qui organisa le dépeçage de l'Afrique entre les grandes puissances coloniales de l'époque, la Grande-Bretagne revendiqua l'ensemble du territoire. Cecil J. Rhodes fut le fer de lance de la colonisation britannique : après avoir obtenu du souverain ndebele la signature d'un traité accordant aux Britanniques à la fois une sorte de protectorat politique sur le royaume et la concession d'importants gisements miniers situés dans la zone shona, il demanda à la reine Victoria une charte par laquelle une compagnie commerciale de droit privé créée par ses soins, la British South Africa Company (BSAC), bénéficierait de privilèges véritablement exorbitants. Cette charte, octroyée le 29 octobre 1889, permettait en effet à la compagnie de légiférer sur toute l'étendue du territoire (lequel n'est d'ailleurs clairement délimité qu'à l'est et à l'ouest), d'assurer l'ordre public, de signer les traités et de gérer les ressources du pays. Conclue pour vingt-cinq ans, elle laisse à la Grande-Bretagne le droit d'établir son protectorat sur toute zone préalablement mise en valeur par la British South Africa Company.
L'affrontement avec les Ndebele, potentiellement dépossédés de leur royaume, devenait inévitable : tout était prêt pour une colonisation militaire et durable.
De la colonisation britannique à la Déclaration unilatérale d'indépendance de la Rhodésie
Commencée sous ces auspices, la colonisation du territoire allait se poursuivre avec d'autres moyens. Une expédition fut d'abord montée par les soins de Cecil J. Rhodes en 1890 pour installer les pioneersen zone shona ; elle fut suivie en 1893 d'une seconde expédition qui envahit le pays ndebele lui-même. C'est à ce moment que, du vivant même de Rhodes, l'ensemble des territoires shona et ndebele reçut l'appellation de Rhodésie que le gouvernement britannique devait ratifier en 1897.
La forme de colonisation choisie par la British South Africa Company ne pouvait engendrer, dans les populations africaines, que rancœur et colère. Les exactions et les représailles des « pionniers », la perception de l'« impôt sur les cases », le travail forcé, l'installation de colons étrangers sur les terres ancestrales attisent la volonté de vengeance au sein des deux ethnies qui font front commun contre l'occupant européen. Il n'existe à vrai dire aucune administration « coloniale » digne de ce nom, et Rhodes laisse à ses mandataires les pleins pouvoirs pour régler les problèmes de la colonisation.
La révolte générale des populations indigènes éclate en mars 1896 ; elle sera sévèrement réprimée, et ses derniers chefs seront pendus en 1898. Mais elle laissera des souvenirs profonds dans la mémoire collective africaine.
De leur côté, Cecil J. Rhodes et la Grande-Bretagne s'efforcent d'analyser les causes de ces troubles et d'en prévenir la reprise. La BSAC est surveillée de plus près par Londres, mais conserve le droit d'administrer le pays. Les forces de police sont placées sous la direction d'un haut commissaire, en résidence à Salisbury ; il est vrai que les relations se tendent entre les colons et les actionnaires de la compagnie, laquelle (surtout après la mort de Rhodes en 1902) éprouve les plus grandes difficultés à assumer la mission qui lui avait été confiée. La politique du partage des terres, qui conduisit à la création des native reserves, avait été conçue pour éviter une spoliation totale des Africains, mais elle ne pouvait satisfaire ni les uns ni les autres. D'abord minoritaires au sein du Conseil législatif, mis en place par la BSAC pour l'assister dans ses tâches administratives et politiques, les colons vont bientôt y obtenir la majorité et souhaiteront transformer cet organisme en Parlement. Il leur faut bien entendu l'accord de Londres qui sera acquis en 1922. Un référendum est alors organisé : il offre le choix entre l'autonomie et le rattachement à l'Union sud-africaine. C'est la première solution qui est choisie par 8 774 voix contre 5 989...
Le 1er octobre 1923, la Rhodésie devient « colonie de la Couronne » sous l'appellation de Rhodésie du Sud (qui permet de la distinguer de la Rhodésie du Nord, ex-Barotseland, également placée sous contrôle de la Grande-Bretagne). Le pouvoir des Européens, conforté par un système électoral censitaire, ne connaît plus d'obstacles majeurs. Une Assemblée législative (30 membres) et un gouvernement local, dirigé par un Premier ministre, gèrent les affaires intérieures du pays. Londres se réserve toutefois les Affaires étrangères et la monnaie et peut opposer son veto à toute loi relative aux Noirs, aux « réserves » de terres et aux modifications constitutionnelles. Le jeu politique met en présence des formations qui sont d'accord sur l'essentiel : le maintien des privilèges dont bénéficient les colons européens. Les Noirs sont complètement écartés du débat (en 1951, moins de 400 Noirs ont le droit de vote...), et les élections législatives (de 1923, 1928, 1934, 1939, 1946, 1948) se terminent généralement par la victoire du Rhodesia Party ou du United Party sur l'opposition représentée par le Reform Party ou le Independent Party.
La grande affaire est d'assurer l'essor économique de la colonie et d'attirer de nouveaux colons : en 1931, leur nombre atteignait 50 000 ; en 1940, il était de 65 000, en 1950 de 125 000. Ce qui pose de nouveau le lancinant problème des terres. Une des mesures les plus lourdes de conséquences est la loi sur les terres à partager de 1930 (Land Apportionment Act), modifiée en 1941, et à laquelle succédera en 1969 la Land Tenure Act : les Africains (au nombre de 1 000 000 environ en 1931) ne pouvaient s'installer que sur les terres qui leur seraient allouées par le Parlement rhodésien ; le total des terres attribuées aux Noirs ne devait pas excéder celui des terres offertes aux Européens ; les villes seraient toutes situées en zone blanche, etc. C'était le début d'une politique de ségrégation qui s'amplifia au fur et à mesure que les pressions démographiques s'accentuaient du côté africain. On évalue à 50 000 environ le nombre de Noirs déplacés dans les « réserves » (situées dans les zones les plus déshéritées) au cours des années 1930-1940.
En même temps, des mesures restreignaient l'accès à l'éducation des jeunes Africains (la première école secondaire pour les Noirs ne fut créée qu'en 1942), et si l'existence des syndicats fut reconnue par l'Industrial Conciliation Act (1934) les Noirs ne purent y adhérer...
Une autre étape s'ouvre avec la création de la Fédération d'Afrique centrale qui réunit, de 1953 à 1963, la Rhodésie du Sud, la Rhodésie du Nord (aujourd'hui la Zambie) et le Nyassaland (aujourd'hui le Malawi). Souhaitée par les colons de Rhodésie du Sud (qui espèrent en tirer profit) et par ceux de Rhodésie du Nord ou du Nyassaland (qui en attendent une protection contre la montée du pouvoir africain), encouragée par la Grande-Bretagne, mais fortement combattue par les premiers leaders nationalistes africains, la Fédération fut proclamée par une loi britannique du 1er avril 1953 et approuvée par un référendum en Rhodésie auquel furent invités à participer 429 Noirs... Une Assemblée fédérale de 35 membres y détenait le pouvoir législatif, un gouvernement dirigé par un Premier ministre le pouvoir exécutif, et le gouverneur général (le premier fut sir Roy Welensky) assurait la représentation de la Couronne. Les pouvoirs de la fédération concernaient la défense, la politique économique, la monnaie, les transports, etc., mais chacun des territoires conservait, parmi ses prérogatives propres, le statut des indigènes, le droit du travail et le maintien de l'ordre public – ce qui permettait à la minorité européenne de Rhodésie du Sud de contrôler étroitement la situation intérieure du pays.
La Fédération de l'Afrique centrale dura dix ans, jusqu'au 31 décembre 1963. Il est vrai que les partenaires de la Rhodésie du Sud n'avaient pas le statut de « colonies de la Couronne », mais celui de « protectorats », et qu'ils étaient de ce fait surveillés de plus près par Londres. Ni en Rhodésie du Nord ni au Nyassaland, les tensions raciales n'avaient atteint le degré qu'elles connurent en Rhodésie du Sud à la suite du partage inégal des terres ; la Grande-Bretagne était en mesure, sous la pression de l'opinion internationale, d'y imposer le respect de la majorityrule, dont Salisbury ne voulait pas entendre parler. Lorsqu'il fut certain que l'indépendance correspondrait à la remise du pouvoir aux Africains, les jours de la Fédération étaient comptés : elle disparut le 31 décembre 1963.
La Rhodésie du Sud n'était pourtant pas à l'abri de la poussée nationaliste. C'est à cette époque que l'on assiste à un réveil des mouvements politiques africains qui, jusque-là, n'avaient guère pu s'exprimer (des associations africaines, peu structurées, s'étaient quand même constituées entre les deux guerres, mais leurs revendications restaient modérées : le Southern Rhodesia African National Congress [SRANC] fut la plus célèbre).
En 1955, G. Nyandora et J. Chikerema fondent l'African National Youth League (ANYL) – qui n'est pas sans rappeler le TANU Youth League du Tanganyika –, et, en 1957, la fusion de l'ANYL et du SRANC donne naissance au premier parti africain digne de ce nom, l'African National Congress of Southern Rhodesia (ANCSR), présidé par un leader syndicaliste, Joshua Nkomo, un Ndebele.
Une tentative de dialogue fut alors amorcée par un Premier ministre rhodésien libéral, Garfield Todd, qui tenta d'abaisser le cens électoral et de relever le salaire minimum mensuel versé aux Noirs. Mais il fut désavoué par son propre groupe parlementaire, et le nouveau Premier ministre, sir E. Whitehead, leader du United Federal Party, maintint la ligne dure traditionnelle de la minorité européenne. À la suite de grèves et de manifestations organisées par l'ANCSR, qui réclamait l'intégration de tous les Rhodésiens, le parti fut dissous en 1959 pour activités subversives. Il réapparut aussitôt, en janvier 1960, sous le nom de National Democratic Party (NDP), dont Nkomo devait devenir président peu après. L'impatience des nationalistes rhodésiens s'accroît (seize pays africains accèdent à l'indépendance en 1960) et des troubles resurgissent çà et là. De nouveaux leaders se manifestent, notamment Robert Mugabe (né à Kutama, ancien animateur de l'African Teachers Association, puis enseignant en Rhodésie du Nord et au Ghana).
Londres organise une première conférence constitutionnelle sur la Rhodésie du Sud. Le gouvernement britannique (conservateur) essaie de trouver une voie moyenne entre les aspirations contradictoires de la minorité européenne et des nationalistes africains. Le projet de constitution prévoit une certaine représentation des Noirs à l'Assemblée nationale (15 sièges sur 65), mais cette concession est jugée dérisoire, de même que l'assouplissement très relatif des conditions du droit de vote ou la pseudo-Déclaration des droits qui ne concerne pas les lois discriminatoires en vigueur. Pour les Européens, si Londres abandonne ses « pouvoirs réservés » et accepte l'idée d'une autonomie plus poussée de la colonie de la Couronne, il n'en demeure pas moins qu'ils ne peuvent pas modifier la Constitution à leur gré.
Aussi bien les Africains boycottent-ils le référendum constitutionnel et refusent-ils le jeu des élections. En décembre 1961, le gouvernement de sir E. Whitehead interdit le NDP. Dix jours plus tard (le 17 déc. 1961) est créée la ZAPU (Zimbabwe African People's Union), qui mènera bientôt un combat plus dur grâce à un groupe de sabotage, le Zimbabwe Liberation Army.
Les Européens se trouvent soumis alors à une forte pression de Londres inquiet de la tournure des événements, de l'ONU, de l'OUA et des mouvements nationalistes qui réclament l'indépendance du futur Zimbabwe au profit de la majorité africaine. Le raidissement de la minorité se marque par la création en mars 1962 du Rhodesian Front (RF) – qui triomphera aux élections organisées en décembre. Entre-temps, en septembre 1962, la ZAPU est dissoute ; elle établira son siège en Tanzanie, à Dar es-Salaam.
Après les élections, les nationalistes durcissent à leur tour leur position. Des dissidents de la ZAPU, parmi lesquels R. Mugabe et le révérend N. Sithole, reprochent à J. Nkomo ses tergiversations et ses erreurs stratégiques (il avait accepté dans un premier temps les résultats de la conférence de Londres en 1961 et comptait sur la pression internationale pour venir à bout du régime blanc). Ils créent la ZANU (Zimbabwe African National Union) le 8 août 1963. Peu après, les premiers éléments de la Zimbabwe African National Liberation Army (ZANLA) sont mis sur pied par E. M'nangagwa. Le nouveau parti veut accentuer la lutte à l'intérieur du territoire rhodésien lui-même.
Après la dissolution de la Fédération, le 31 décembre 1963, les choses évoluèrent rapidement. Les Européens envisagent une indépendance de fait de la Rhodésie du Sud, toujours dotée d'un pouvoir blanc. Le Premier ministre désigné après les élections de décembre 1962, Winston Field, jugé trop mou, est remplacé par Ian Smith le 13 avril 1964. Peu après, en août 1964, la ZANU et le People's Caretaker Council formé par J. Nkomo sont dissous et les dirigeants des principaux partis africains, R. Mugabe, J. Nkomo, N. Sithole, jetés en prison, où ils resteront une dizaine d'années.
Le Rhodésian Front, aux destinées duquel préside Ian Smith, entend s'appuyer sur l'ensemble de la communauté européenne pour arracher l'indépendance à la Grande-Bretagne sans se plier à la règle de la majorité. Un référendum organisé par le gouvernement rhodésien se prononce en faveur de cette solution, qui constitue un véritable défi à l'opinion internationale. Après des pourparlers infructueux avec le gouvernement travailliste revenu au pouvoir à Londres, Ian Smith, soutenu par l'Afrique du Sud, décide le 11 novembre 1965 de déclarer unilatéralement l'indépendance de la Rhodésie. La nouvelle Constitution, annexée à la Déclaration unilatérale d'indépendance (Unilateral Declaration of Independance), supprime le contrôle de la Grande-Bretagne sur la législation rhodésienne qui avait été maintenu par la Constitution de 1961.
Ce coup de force, dénoncé de toutes parts, s'accompagne de la proclamation de l'état d'urgence. À l'intérieur, la situation se dégrade : des commandos commencent à attaquer les fermes isolées. Pendant quinze ans, le régime de Ian Smith défiera la communauté internationale.
De la Déclaration unilatérale d'indépendance au Zimbabwe indépendant
La situation de la Rhodésie est certes des plus claires sur le plan intérieur mais des plus confuses sur le plan international. La colonie est devenue rebelle à la suite de la Déclaration unilatérale d'indépendance que Londres refuse d'avaliser (mais l'utilisation de la force armée pour amener les colons à résipiscence est écartée dès 1965). Le gouvernement de Harold Wilson décide de recourir à des sanctions sélectives contre le régime du Rhodesian Front : expulsion de la zone sterling, rupture des relations diplomatiques, gel des avoirs rhodésiens au Royaume-Uni, interdiction des acquisitions de tabac et de café, puis de minerai et de viande. Les discussions ne sont pas pour autant interrompues.
L'Assemblée générale des Nations unies condamne le coup d'État de Salisbury dès le 12 novembre 1965, et le Conseil de sécurité recommande alors à tous les États de ne pas reconnaître le régime « minoritaire, raciste et illégal » de Ian Smith. Des sanctions économiques seront décidées à la demande de Londres (embargo sur les produits pétroliers) et bientôt rendues obligatoires. L'ONU espère contraindre le gouvernement rhodésien à lâcher du lest. Très rares sont les pays qui, effectivement, reconnaîtront l'indépendance de la Rhodésie acquise dans ces conditions (si l'on excepte l'Afrique du Sud et le Portugal).
Au cours d'une entrevue entre Ian Smith et Harold Wilson, organisée en rade de Gibraltar à bord du navire Tiger en décembre 1966, le Premier ministre britannique expose les cinq principes qui conditionneront le retour de la Rhodésie à la légalité : progression sans entrave vers le pouvoir de la majorité africaine, garantie constitutionnelle contre tout retour en arrière, amélioration immédiate du statut politique des Africains, évolution vers l'élimination de toute discrimination raciale, acceptation par la population rhodésienne de l'indépendance de la Rhodésie. Ces conditions sont jugées inacceptables par Ian Smith.
Une nouvelle réunion eut lieu à peu près dans les mêmes circonstances en octobre 1968 à bord du navire Fearless. Elle fut sans résultat, bien que Londres ait fait quelques concessions. Entre-temps, les sanctions économiques (plus ou moins rigoureusement appliquées) n'ont sans doute pas eu tous les effets escomptés – la Rhodésie, au contraire, a pu développer son potentiel industriel –, mais suscitent des inquiétudes sérieuses pour l'avenir.
La tactique du fait accompli est utilisée de nouveau en 1969-1970, avec l'adoption d'une nouvelle Constitution (juin 1969), qui accentue encore les mesures discriminatoires à l'égard de la majorité africaine. Il est prévu que la représentation africaine augmentera proportionnellement au produit de l'impôt sur le revenu acquitté par les Noirs... Chaque électeur est inscrit sur une liste en fonction de sa race et doit voter en conséquence. Sur le plan institutionnel, la Constitution dispose que le président de la République sera choisi pour cinq ans par le gouvernement, et qu'il disposera des pouvoirs du chef d'État en régime parlementaire ; le gouvernement sera choisi dans la majorité parlementaire ; le Parlement sera composé de deux Chambres, l'Assemblée nationale (66 députés dont 50 députés blancs, 8 députés noirs élus sur des listes électorales distinctes et 8 députés noirs nommés parmi les chefs coutumiers par le Conseil des chefs coutumiers qui dépend du Premier ministre) et le Sénat de 23 membres (dont 10 Blancs élus par l'Assemblée nationale, 10 Noirs nommés par le Conseil des chefs coutumiers et 3 sénateurs nommés par le président de la République). Le pouvoir législatif appartient en dernier ressort à la Chambre basse, le Sénat étant plutôt chargé de donner son avis sur la compatibilité des lois avec la Déclaration des droits qui précède la Constitution. Une nouvelle loi sur le partage des terres (Land Tenure Act) prévoit une division par moitié entre les communautés européenne et africaine, malgré le déséquilibre démographique qui s'est accentué (de 1 à 20).
La proclamation de la république de Rhodésie le 2 mars 1970 relève plutôt du symbole : il s'agit de supprimer les derniers signes d'allégeance à l'égard de Londres (par exemple l'institution du gouverneur général, maintenue en 1965).
Le retour au pouvoir des conservateurs en Grande-Bretagne atténuera quelque peu les frictions. Mais la conclusion d'un « accord de règlement anglo-rhodésien » (21 nov. 1971) et la création d'une Commission Pearce, chargée de vérifier les réactions de la majorité africaine, ne permettront pas à elles seules de régler l'« affaire rhodésienne ». Si Ian Smith accepte le principe de la majorityrule, l'accord prévoit des étapes et ne fixe pas de calendrier précis ; le même texte envisageait une amélioration du statut politique des Noirs, l'abolition des lois discriminatoires et des garanties constitutionnelles pour préserver les droits de chaque communauté. En échange, la Grande-Bretagne proposait de son côté de lever les sanctions économiques et d'accorder une aide financière à Salisbury. Mais la Commission Pearce, dans un rapport rendu public en mai 1972, ne put que constater la forte opposition que l'accord suscitait dans la population africaine.
Les mouvements nationalistes, pendant ce temps, ne restèrent pas inactifs. Après la Déclaration unilatérale d'indépendance, des raids commencèrent à s'organiser, préparés généralement à l'extérieur. L'un d'eux, qui donna lieu le 28 avril 1966 à la bataille de Sinoia, est toujours commémoré sous le nom de Chimurenga Day ; en 1967, un affrontement violent opposa les forces de sécurité rhodésiennes à un groupe armé de la ZIPRA.
La division entre les principaux leaders africains risquait toutefois d'affaiblir la cohésion du mouvement et l'efficacité de la lutte, d'autant que les armées respectives de la ZAPU (Zimbabwe African People's Revolutionary Army, ou ZIPRA) et de la ZANU (Zimbabwe African National Liberation Army, ou ZANLA) avaient tendance à se battre séparément dans les zones qui leur étaient ethniquement les plus favorables (la région ndebele et la région shona).
En 1971, une tentative est faite en vue de regrouper la ZANU et la ZAPU au sein du Frolizi (Front for the Liberation of Zimbabwe), dirigé par Shelton Shivela et J. Chikerema. Ce fut un échec. La même année, l'évêque méthodiste Abel Muzorewa fonde un nouveau parti, l'African National Congress ( ANC) ; ce dernier organise l'opposition (parfois violente) à l'« accord anglo-rhodésien », à l'occasion du séjour de la Commission Pearce, et entend, lui aussi, réunifier sur le plan politique les mouvements d'opposition et leur offrir une bannière commune : il obtiendra un certain succès en 1974 lorsque le « Manifeste de l'unité » fut signé en décembre à Lusaka par la ZAPU, la ZANU et le Frolizi (ce dernier étant devenu, en fait, une force politique autonome) ; il est vrai que la pression exercée par les États de la Ligne de front (Front-Line) ne fut pas étrangère à ce résultat (provisoire). Les leaders emprisonnés – R. Mugabe, J. Nkomo – furent relâchés à cette occasion pour participer, en décembre 1974, à la conférence de Lusaka.
Après 1972, les positions se cristallisent. Salisbury s'efforce de rester maître du jeu en multipliant les contacts pour imposer une solution « interne » de l'« affaire rhodésienne ». La République sud-africaine commence à s'inquiéter de la situation au nord de ses frontières, et les États-Unis comme la Grande-Bretagne craignent que l'extension du conflit entre Européens et Africains en Rhodésie ne fasse le jeu de Moscou et de ses alliés. Avec la Zambie, qui sert de base arrière aux combattants (notamment de la ZIPRA), les relations se détériorent gravement ; bientôt, le gouvernement portugais, favorable à I. Smith, sera renversé à Lisbonne (1974), et, en 1975, le Mozambique indépendant soutiendra activement les nationalistes rhodésiens.
La conférence qui réunit à Victoria Falls le président de la République sud-africaine, J. Vorster, le président de la Zambie, K. Kaunda, et des dirigeants de l'ANC tels que A. Muzorewa, J. Nkomo et N. Sithole (25-26 avril 1975), ne parvint pas à surmonter la difficulté majeure : l'application du principe majoritaire dans le futur État indépendant. Pas davantage la conférence de Genève (2 oct. 1976-11 janv. 1977), née d'un plan attribué à Henry Kissinger et qui, sous l'égide de la Grande-Bretagne, mettra face à face I. Smith et les principaux dirigeants de la guérilla, ne réussira à sceller un accord (bien que I. Smith ait cédé du terrain) sur la « transition ».
Les mouvements nationalistes estiment, non sans raison, que l'évolution des événements leur est, à terme, favorable. Si l'African National Congress n'avait pas résisté longtemps après la conférence de Victoria Falls, la constitution d'un Front patriotique en octobre 1976 permit de présenter un front commun ZAPU-ZANU à la conférence de Genève. Le « Patriotic Front » (PF) sera bientôt reconnu par l'Organisation de l'unité africaine comme le seul représentant légitime de la population du Zimbabwe. Mais, derrière cette alliance, chacun des deux leaders (J. Nkomo, qui se considère comme le seul représentant légal de l'ANC depuis la scission de celle-ci, et R. Mugabe, qui a pris le contrôle de la ZANU, dont il était secrétaire général, en 1976) conserve son autonomie d'action sur le terrain et bénéficie d'appuis extérieurs parfois exclusifs (ainsi l'URSS a toujours soutenu J. Nkomo). D'autres mouvements nationalistes « modérés » se créent après l'éclatement de l'ANC : la ZANU de N. Sithole (il a gardé l'étiquette du parti dont il était le président, et il faut désormais distinguer la ZANU-PF de R. Mugabe et la ZANU-S de N. Sithole), le United African National Congress (UANC) de A. Muzorewa, le United National Federal Party (UNFP) du chef Ndiweni, la Zimbabwe United People's Organization (ZUPO), du chef J. Chirau, le Zimbabwe Democratic Party (ZDP) de J. Chikerema (né d'un antagonisme entre son fondateur et A. Muzorewa). Certains de ces partis vont accepter de jouer le jeu proposé par I. Smith, d'autres n'eurent qu'une existence éphémère.
Dans ce contexte très perturbé, marqué par l'aggravation de la lutte armée et les tentatives du gouvernement I. Smith (qui doit accroître son effort militaire et dont l'audience internationale est quasi nulle) pour retarder les échéances, une phase de médiation anglo-américaine sera amorcée en 1977 (le plan anglo-américain, publié en septembre 1977, se veut réaliste et prévoit une période de transition sous administration britannique, des élections au suffrage universel, l'envoi en Rhodésie d'une force des Nations unies, etc.). En même temps, I. Smith reprend contact avec les dirigeants du Front patriotique (conférence de Malte en janvier 1978), lesquels ne font pas de concessions, puis prend appui sur certaines des formations nationalistes « modérées » pour mettre au point un « règlement interne » (ou « solution intérieure ») du conflit rhodésien.
L'« accord de Salisbury » (Salisbury Agreement), du 3 mars 1976, a été signé par le Front rhodésien de I. Smith et divers partis de l'opposition modérée (le UANC, la ZANU-S de N. Sithole, la ZUPO du chef Chirau), mais immédiatement rejeté par le Front patriotique. Il s'agit d'un accord-cadre qui se propose de mettre au point une nouvelle constitution et d'en finir avec le conflit armé. Le principe majoritaire applicable sans délai et le suffrage universel sont officiellement consacrés (l'âge électoral est fixé à dix-huit ans) ; une Déclaration des droits affirme l'indépendance du pouvoir judiciaire et la protection du droit de propriété privée ; à l'Assemblée nationale, la minorité européenne dispose d'un nombre de sièges garanti (28) qui lui confère un droit de blocage en matière de révision constitutionnelle (mais un Sénat fut également prévu dans le projet de constitution) ; quant à l'exécutif, outre le président de la République, il est décomposé en deux organes (le Conseil exécutif, doté du pouvoir de décision et constitué par les quatre signataires de l'accord, doit statuer à l'unanimité ; le Conseil des ministres se prononce à la majorité, mais ses décisions sont soumises au Conseil exécutif, et il comprend un nombre égal de ministres blancs et de ministres noirs dont chacun est assisté d'un « coministre » de l'autre race). La Rhodésie, enfin, changeait son nom pour celui de Zimbabwe-Rhodésie, pour marquer la rupture avec la situation antérieure.
À peine le gouvernement multiracial fut-il mis en place, le 21 mars 1978, que la Grande-Bretagne en contesta la légitimité. Il est vrai que les Blancs s'étaient réservé les postes clés (armée, économie, etc.) et que la reconnaissance internationale fit défaut au nouveau régime. Le Conseil de sécurité, pour sa part, avait, dès le 14 mars 1978, déclaré inacceptable et illégal l'accord de Salisbury.
La Constitution fut cependant approuvée quelques mois plus tard, le 30 janvier 1979, par un référendum où seuls les Blancs furent admis à voter. Aux élections à l'Assemblée législative organisées en avril 1979, le parti de l'évêque Muzorewa, le United African National Congress, emporta 51 sièges sur 100 (dont 72 accordés aux Noirs). Les autres formations politiques obtinrent un succès moindre (la ZANU-S aura 12 députés et le United National Federal Party, du chef Ndeweni, 9, mais la Zimbabwe United People's Organization du chef Chirau subit un échec total). Du côté des Européens, le Front rhodésien emporta les 28 sièges réservés sans aucune difficulté.
Le 29 mai 1979, malgré les contestations de N. Sithole, l'évêque Muzorewa fut appelé aux fonctions de Premier ministre et constitua un gouvernement de coalition – cependant que J. Gumede était élu président de la République par le Parlement bicaméral.
Devant l'aggravation de la guerre civile (le Patriotic Front multipliant les actions de guérilla pour marquer son refus total de la solution interne), il fallait débloquer la situation. Les élections en Grande-Bretagne amenèrent le Parti conservateur (et Mme Thatcher) au pouvoir, qui entendait en finir avec le lancinant problème rhodésien. Le 4 novembre 1979, un Order in Council désignait un nouveau gouverneur de Rhodésie, lord Soames, qui fut doté des pleins pouvoirs pour amorcer le processus d'autodétermination que la Déclaration unilatérale d'indépendance avait interrompu. À titre transitoire, le Zimbabwe-Rhodésie redevenait Rhodésie et cessait d'être un État indépendant pour adopter le statut de dominion (ainsi que l'admit une loi du Parlement rhodésien). Lord Soames prit ses fonctions le 12 décembre suivant, et les sanctions furent immédiatement levées par la Grande-Bretagne et par le Conseil de sécurité.
La conférence constitutionnelle de Lancaster House, qui s'ouvrit à Londres le 10 septembre 1979 à la suite d'une décision de la conférence des chefs de gouvernement du Commonwealth à Lusaka (1er-7 août 1979), fut à ce propos une étape décisive. Le Front patriotique avait donné son accord à un règlement qui, sous l'égide de Londres, reposerait sur cinq principes : le respect de la majorityrule, la recherche d'une solution durable, l'octroi à la minorité blanche de garanties constitutionnelles, l'organisation d'élections libres et équitables sous la surveillance de Londres et d'observateurs du Commonwealth, le refus de la Constitution résultant de l'« accord interne ». Participaient à la conférence, outre le gouvernement britannique, la délégation de l'« Administration de Salisbury » (autrement dit, le gouvernement du Zimbabwe-Rhodésie), dirigée par l'évêque Muzorewa, et la délégation du Front patriotique, dirigée par J. Nkomo et R. Mugabe.
L'adoption d'une nouvelle Constitution ne fut pas chose aisée devant la divergence des points de vue. Mais Londres refusait de transiger sur deux points majeurs (la mise en œuvre immédiate du principe majoritaire et la garantie constitutionnelle des droits de la minorité européenne). Un compromis fut finalement trouvé (accord du 21 déc. 1979).
L'organisation de la période transitoire fut une autre pierre d'achoppement. Pendant la période préélectorale, le gouverneur serait chargé d'assurer la liberté d'expression des candidats et de maintenir l'ordre public. Là encore, entre la délégation de Salisbury et celle du Patriotic Front, l'opposition était telle qu'il fallut des pressions (notamment des États de la Ligne de front) pour la surmonter.
Les conditions du cessez-le-feu constituaient un troisième problème épineux. Au terme des négociations, le gouverneur devait créer une Commission militaire et un Corps de contrôle (Cease-Fire Monitoring Group) pour faire respecter le cessez-le-feu sur le terrain. Le désengagement des forces combattantes de la ZANLA et de la ZIPRA supposait la fixation de « lieux de ralliement » et des procédures d'acheminement adéquates. Le cessez-le-feu fut fixé au 28 décembre 1979 à minuit, le regroupement des guérilleros devant être achevé le 4 janvier 1980.
La mise en œuvre de ces dispositions n'alla pas, on s'en doute, sans difficultés. L'accord de Lancaster House, malgré ses insuffisances et ses ambiguïtés, était une entreprise originale et audacieuse pour régler un conflit dont les enjeux s'avéraient décisifs pour l'avenir du Zimbabwe et, au-delà, de l'Afrique australe.
Le processus du cessez-le-feu et du regroupement des combattants nationalistes fut globalement respecté, mais, à plusieurs reprises, le gouverneur britannique fera usage de ses pouvoirs pour prendre des mesures d'urgence. La campagne électorale fut en revanche marquée de multiples actes de violence (exécutions sommaires, exactions, manœuvres d'intimidation, tentatives d'assassinat contre des leaders nationalistes et notamment contre R. Mugabe), mais l'ordre fut quand même maintenu dans l'ensemble.
Les élections avaient été fixées aux 27, 28 et 29 février 1980 pour les Africains ; elles devaient avoir lieu à la représentation proportionnelle, au scrutin de liste. Elles mettaient en présence divers partis, dont les deux grands partis nationalistes (qui avaient repris leur autonomie) : la Zimbabwe African National Union-Patriotic Front (ZANU-PF) de R. Mugabe ; le Patriotic Front-Zimbabwe African People's Union (PF-ZAPU) de J. Nkomo ; la Zimbabwe African National Union (ZANU) du révérend Ndabaningi Sithole ; le United African National Council (UANC) de l'évêque Muzorewa ; le United National Federal Party (UNFP) du chef Ndiweni ; le Zimbabwe Democratic Party (ZDP) de J. Chikerema ; le National Front of Zimbabwe (NFZ) de P. Mandaza, la National Democratic Union (NDU) de H. Chihota et la United People's Association of Matabeleland (UPAM) de F. Bertrand. Quant aux Européens (qui disposaient de 20 sièges réservés), ils étaient appelés à voter le 14 février 1980 dans le cadre des circonscriptions électorales existantes ; mais le Front rhodésien y était pratiquement sans rival (il gagna en effet tous les sièges et deviendra « Front républicain »).
Aux élections de février 1980, la participation populaire fut considérable (94 %) : la ZANU-PF l'emporta largement avec 63 % des suffrages (57 sièges), suivie par le PF-ZAPU (24 % des voix, 20 sièges) et le UANC (8 % des voix, 3 sièges).
R. Mugabe était aussitôt appelé au poste de Premier ministre (11 mars 1980), et, bien qu'il n'y fût pas obligé, il décida de former un gouvernement de coalition et de réconciliation nationale. Après de dures négociations avec le PF-ZAPU, la nouvelle équipe ministérielle comprenait J. Nkomo (qui avait refusé la présidence de la République et préféré le poste de ministre de l'Intérieur), trois autres ministres du Patriotic Front, deux personnalités européennes (David Smith, député du Front rhodésien, nommé ministre du Commerce et de l'Industrie, et Dennis Norman, président de la Rhodesian National Farmers Union, chargé de l'Agriculture), les autres ministres étant tous membres de la ZANU-PF.
Le 18 avril 1980, l'indépendance du Zimbabwe fut proclamée au stade Rufaro de Harare, dans l'enthousiasme populaire et en présence de nombreux chefs d'État ou de gouvernement étrangers.
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Écrit par
- Daniel COMPAGNON : professeur des Universités, professeur de science politique à l'Institut d'études politiques de Bordeaux
- Philippe GERVAIS-LAMBONY : professeur à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense
- Franck MODERNE : professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
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